Alain Griset à Bercy : les PME ont gagné un ministre à l'occasion du remaniement
Alain Griset, jusqu'alors président de l'U2P, est nommé ministre délégué aux PME. Il contribuera à l'élaboration du plan de relance, projet sous l'égide duquel se place le ministère entier.
«Pas de reprise sans soutien de l’État», déclarait Alain Griset, dans une interview au Figaro, le 7 mai dernier. Il était alors président de l’Union des entreprises de proximité (U2P) qui représente 3 millions d’artisans, de commerçants et de professionnels libéraux. Un mois plus tard, l’homme de 67 ans est nommé ministre délégué, chargé des Petites et moyennes entreprises, dans le cadre du dernier remaniement ministériel. «La mission qui m’est confiée, c’est d’abord écouter toutes ces entreprises – il y a trois millions d’indépendants en France – et de proposer au Premier ministre, au Président, un certain nombre de pistes pour leur permettre, dans un premier temps, de passer cette crise qui s’annonce, et, au-delà, regarder comment on peut accompagner leur développement», a-t-il déclaré à l’AFP. Concrètement, il devrait donc contribuer à la mise au point du plan de relance de l’économie, prévu pour la rentrée. Durant la pandémie, déjà, il a milité pour la mise en place d’un fonds de solidarité et obtenu des critères d’attribution plus larges. Politiquement, la nomination d’un ministre pour les petites entreprises constitue un signal fort. Il faut remonter à la présidence de Jacques Chirac pour en trouver un : Renaud Dutreil, ministre des PME, du Commerce, de l’Artisanat, et des Professions libérales, de 2005 à 2007.
Enthousiasme et petits réserves patronales
Alain Griset est originaire du Nord, né à Faches-Thumesnil. Professionnellement, il a été artisan taxi durant une trentaine d’années, puis, co-gérant de l’entreprise d’esthétique de son épouse. A partir de 2017, il a été élu à la tête de l’U2P, après avoir accompli trois mandats à la tête de l’APCMA, Assemblée permanente des Chambres de métiers et d’artisanat. Sa nomination suscite un mélange d’enthousiasme et de quelques réserves dans l’univers patronal. En effet, la CMA et l’U2P ont exprimé leur pleine satisfaction. «L’économie de proximité, pleinement reconnue, fait son entrée au gouvernement», a notamment réagi l’U2P, dans un communiqué. En revanche, la CPME (Confédération des PME) met un bémol, promettant de rester «particulièrement attentive au respect de la neutralité syndicale qui doit caractériser l’action d’un gouvernement, quel qu’il soit». Quant à la Fédération nationale des auto-entrepreneurs, Grégoire Leclerc, son président, prévient, dans le quotidien Le Figaro du 8 juillet : «nous serons à ses côtés s’il faut défendre les PME, mais il nous trouvera comme opposants s’il remet le régime en cause». Lorsqu’il était à la tête de l’APCMA, Alain Griset s’était opposé à l’auto-entrepreneuriat.
Au delà de la nomination de ce nouveau ministre, le remaniement n’a touché Bercy qu’à la marge. Bruno Le Maire conserve son poste, redéfini de «l’Économie, des Finances et de la Relance». Agnès Pannier-Runacher, auparavant secrétaire d’État auprès du ministre, et, de facto, en charge des PME, gagne le titre de ministre déléguée l’Industrie.