Patrimoine

Aisne, Wimy Scierie Mobile : quand la passion du bois mène à la cathédrale Notre-Dame de Paris

Wimy Scierie Mobile a été sélectionnée pour confectionner les poutres qui vont servir à reconstituer la flèche de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Un travail colossal, mais une grande fierté pour Philippe Seynave, scieur et menuisier, dirigeant de l’entreprise.

Philippe Seynave, scieur/ menuisier, s’est attaqué à un chantier de taille : la confection des futures poutres de la flèche de la cathédrale Notre-Dame de Paris. ©Aletheia Press/ L.Peron
Philippe Seynave, scieur/ menuisier, s’est attaqué à un chantier de taille : la confection des futures poutres de la flèche de la cathédrale Notre-Dame de Paris. ©Aletheia Press/ L.Peron

Un jour d’avril 2021, c’est un coup de téléphone bien particulier qu’a reçu Philippe Seynave, dirigeant de la scierie mobile de Wimy. « C’était le directeur commercial de Laurent Denormandie, alors président de l'interprofession France Bois Forêt, qui m’appelait. Il m’a demandé si je voulais participer à la création des poutres qui serviront à la reconstruction de la flèche de la cathédrale Notre-Dame à Paris. J’ai d’abord cru à une blague, puis j’ai réalisé que c’était une vraie proposition. Au bout de 27 ans dans le métier et de passion pour le bois, c’est un honneur ! », se remémore le dirigeant.

Quatorze mètres et 3,5 tonnes

Si la scierie de Wimy a été choisie, c’est parce qu’elle fait partie de ces quatre scieries en France qui sont capables de travailler sur des longueurs de bois qui vont au-delà de neuf mètres. « Sur les 48 poutres que nous avons réalisées pour la cathédrale Notre-Dame, la plus longue faisait 14 mètres et pesait 3,5 tonnes », précise Philippe Seynave.

Ce projet d’envergure a nécessité certaines adaptations. D’abord, le banc de scie qui mesurait cinq mètres de long a été rallongé pour en mesurer 15. Puis, un employé, avec un bagage de 52 ans d’expérience dans le métier du bois, a également été recruté pour donner un sacré coup de main sur le projet.

Le banc de scie de cinq mètres de long a été rallongé pour en mesurer 15. ©Aletheia Press/ L.Peron

Un travail passionnant, mais colossal

Au total, il aura fallu six mois à Wimy Scierie Mobile pour réaliser les 48 poutres qui serviront à la reconstruction à l’identique de la flèche détruite lors de l’incendie du 15 avril 2019. « Les poutres ont été taillées dans des arbres offerts pour la reconstruction (des dons), certains arbres ont plus de 300 ans », complète le dirigeant Philippe Seynave. Des poutres qui ont donné du fil à retordre tant les bois utilisés et les dimensions étaient différents.

Aujourd’hui, les poutres sont stockées dans un endroit tenu secret. « Les personnes qui s’occupent de la reconstruction nous ont appelés aux alentours du 10 décembre dernier pour nous prévenir que finalement toutes les poutres devaient être prêtes pour le 31 décembre. Après négociation, nous avons pu les rendre avec une semaine de décalage, le 7 janvier 2022 », témoigne Philippe Seynave.

D’ici un an, l’ensemble de la charpente devrait être montée. « Nos poutres ont toutes un numéro de série. Lorsque nous irons visiter la cathédrale nous pourrons donc les reconnaître », s’amuse le dirigeant. Avec ce projet, Wimy Scierie Mobile a gagné en notoriété. La fabrication des poutres a d’ailleurs attiré curieux, touristes et religieux, qui voulaient pouvoir observer les prémices de la construction de la flèche.