Numérique
Aisne Shopping : une Marketplace locale pour accroître la visibilité des commerçants
Avec la crise sanitaire, les petits commerçants se sont rendus compte de la nécessité de prendre le virage du numérique. Une démarche pas toujours naturelle ni évidente pour certains, la CCI Aisne Hauts-de-France a donc décidé de les accompagner dès le premier confinement, en créant la Marketplace Aisne Shopping.
« Au premier confinement, nos artisans et commerçants ont été frappés de plein fouet par cette crise inédite, avec une activité stoppée net », rappelle Manil Bentaleb, conseiller Commerce et chef projet de la Marketplace à la CCI Aisne Hauts-de-France. La Chambre de commerce n’a pas attendu le Covid pour sensibiliser ses ressortissants à la digitalisation et à la nécessité d’être présents sur la toile : « En 2012 déjà nous avions proposé ce type d’outil aux commerçants du territoire, mais sans succès à l’époque. »
La donne ayant changé en 2020, le concept de la Marketplace, qui s’inspire de celle du Grand Hainaut créée en 2017, rencontre plus de succès. « Notre cœur de métier, c’est l’accompagnement des commerçants, explique le chef projet. Nous avons donc noué un partenariat avec le leader national des Marketplaces locales, AchetezA®, pour paramétrer l’outil. »
Place de marché clé en main réservée aux commerçants, artisans et producteurs locaux du département, Aisne Shopping vise à valoriser l’offre marchande de proximité sur Internet. La Marketplace est portée par la CCI de l’Aisne, la ville de Chauny et les communautés de communes de la Champagne Picardie, Retz-en-Valois et du Vermandois, qui ont pris en charge la première année l’adhésion des professionnels présents sur Aisne Shopping*.
Un accompagnement individuel pour une visibilité accrue
Très rapidement, plus de 170 commerçants de très nombreux secteurs (restauration, bijouterie, loisirs, multimédia, sport, animalerie, alimentation, déco, jeux, etc.) adhèrent à la plate-forme, lancée en janvier 2021 et ouverte au grand public le 15 avril dernier.
« Il fallait un certain nombre de produits en ligne [ndlr, 5 000] pour que l’offre soit pertinente, mais aussi former les commerçants et leur expliquer le fonctionnement de la Marketplace. Nous les accompagnons aussi de façon individuelle, par le biais de formations plus longues, qui se déroulent tout au long de l’année, sur le référencement, leur présence sur les réseaux sociaux, la visibilité Google… », reprend Manil Bentaleb, épaulé par une équipe de quatre personnes. Un accompagnement apprécié des commerçants : 98% se disent satisfaits des formations dispensées (selon la dernière enquête de satisfaction menée par la CCI axonaise).
« Notre cœur de cible, ce sont les dirigeants qui ne sauraient pas seuls se lancer sur Internet, 80% de nos adhérents n’y étaient pas présents il y a encore six mois, aujourd’hui, ils maîtrisent leur image sur la toile et certains vendent même dans toute la France », précise le conseiller.
Générer du trafic en boutique
Si les retombées et bénéfices ne sont pas immédiats (environ deux/ trois ans) la visibilité apportée par cette vitrine supplémentaire est primordiale pour les commerçants, artisans et producteurs locaux et permet de générer du trafic en boutique.
« Il ne faut pas uniquement se référer aux ventes effectuées sur la Marketplace, on sait qu’elles sont très faibles au niveau national. 67% des internautes se rendent sur Aisne Shopping pour repérer des produits et, souvent, se rendent ensuite en magasin pour l’acheter, observe Manil Bentaleb. On sait qu’ils ne vendront pas pour des millions d’euros sur Internet, mais on sait aussi qu’ils doivent se digitaliser, être présents sur le Web de façon adaptée, réfléchie et en ayant travaillé sur cette démarche. Ils en ont aujourd’hui conscience, et ont la volonté de se lancer. »
L’autre gros travail à mener sur la Marketplace : la communication vers le grand public, qui incombe aux collectivités partenaires. Un Community Manager a également rejoint les équipes de la CCI Aisne Hauts-de-France pour promouvoir Aisne Shopping sur les réseaux sociaux. « Nous devons mettre l’accent sur ce point cette année », reconnaît Manil Bentaleb.
Pour booster la communication, le Chèque Cado’local a vu le jour fin 2021. Si les commandes des chèques cadeaux (pour les particuliers et les entreprises) se font en ligne, les dépenses elles s’effectuent exclusivement en boutique, chez les commerçants adhérant à la plate-forme.
*La ville de Chauny continue elle de prendre en charge l’adhésion.
La Maison Hache, une institution présente sur Aisne Shopping
À Bohain-en-Vermandois, La Maison Hache est une institution : l’entreprise familiale a été créée en 1950 par le grand-père de l’actuelle dirigeante, Nathalie Savin, épaulée de son époux Bruno, qui ont repris la boutique il y a 26 ans.
L’enseigne, qui a rejoint il y a 15 ans la centrale d’achats Espace Revêtements, est spécialisée dans la peinture et décoration de la maison (sols plastiques, moquettes, rideaux, papiers peints…). L’activité est scindée en deux : un commerce de détail de 600 m² - 500 m² de surface de vente et un showroom de 100 m² - où travaillent trois personnes, et une entreprise composée de cinq poseurs.
Nathalie Savin le reconnaît volontiers : elle ne fait pas partie de la génération Internet et n’était pas au départ convaincue du concept, mais elle reconnaît aussi être satisfaite d’avoir adhéré à Aisne Shopping.
« Vendre du papier peint sur Internet, cela me paraissait de prime abord compliqué, voire inconcevable d’acheter ce type de produits, sans le toucher et sans le voir réellement. Mais l’accompagnement, financier et humain, de la CCI, et le sérieux des équipes, ont vraiment pesé dans la balance. Que la Marketplace soit locale, avec la publicité faite autour, est un vrai plus également », explique la commerçante.
La Maison Hache a privilégié certains produits à mettre en avant sur Aisne Shopping, en prenant en compte notamment le mode de livraison et d’acheminement. « Nous avons mis en ligne des cadeaux, de la peinture, des rideaux, beaucoup de papiers peints tendance », énumère Nathalie Savin.
Les retours n’ont pas été immédiats, mais très ciblés : « Nous n’avons vendu que du papier peint, parfois à des clients d’autres départements et régions », sourit la commerçante, qui a vu aussi des clients franchir le seuil de sa boutique après avoir fait du repérage sur la Marketplace. « Je pense que c’est une démarche qui doit s’inscrire dans la durée et que nous devons aujourd’hui être présents sur Internet », observe Nathalie Savin, qui a décidé de continuer l’aventure.