Initiatives
Aisne : le guichet unique facilite l'installation des professionnels de santé
Depuis 2014, les professionnels de santé libéraux souhaitant s'installer dans l'Aisne bénéficient d'un guichet unique. Il permet de s'informer et de réaliser toutes les démarches d'installation au même moment et dans un même lieu. Le dispositif expérimenté dans l'Aisne a été déployé dans l'ensemble des Hauts-de-France en 2019. Il est aussi un lieu de rencontres et d'échanges de ces professionnels.
L'Aisne
connaît comme d'autres départements ruraux une situation
tendue au niveau de sa médecine libérale. De nombreux médecins
partent à la retraite et ne sont pas remplacés, créant des zones
de déserts médicaux. Pour aider à remédier à ce problème, l'Agence régionale de santé (ARS) en lien avec le réseau Initiative
Aisne, a créé le guichet unique des professionnels de santé en
2014. Une première en France à l'époque, qui a vu le jour à Laon et a permis de mettre sur pied un écosystème de santé, un réseau destiné à favoriser l'installation dans le département des professionnels de santé libéraux (kiné, médecin, dentiste, pharmacien ,etc.).
240 professionnels de santé accompagnés en dix ans
L'ARS, le Département de l'Aisne, l'Ordre des médecins et celui des infirmiers, l'URPS médecins et infirmiers libéraux, l'Urssaf, la Sécurité sociale, l'Assurance maladie sont tous partenaires de ce guichet unique déployé dans l'ensemble de la région Hauts-de-France en 2019. L'idée étant d'avoir un dispositif réactif quand un jeune médecin arrive des grandes métropoles dans l'Aisne et qu'il puisse trouver un accompagnement pour réaliser ses démarches administratives d'installation. En dix ans, 240 professionnels de santé ont été reçus et 50 prêts santé réalisés - il y a également un volet de prêt d'amorçage pour que le praticien puisse acheter l'équipement de son cabinet.
Pour Anne-Claire Mondon, directrice départementale de l'ARS dans l'Aisne, ce guichet unique est « précieux à la fois en terme de structuration du projet financier et d'accompagnement administratif dans les démarches ». Elle souligne l'importance d'avoir des partenaires comme l'Urssaf puisqu'un médecin qui s'installe met également en place son entreprise en quelque sorte, avec ce que cela comporte en terme de suivi financier ou encore de comptabilité. Anne-Claire Mondon estime nécessaire d'avoir mis en place le prêt d'amorçage de l'activité pour des professionnels de santé qui n'ont pas encore de matériel ni parfois de patientèle lorsqu'ils s'installent.
Des rencontres régulières ont lieu entre les professionnels de santé accompagnés au sein du guichet unique. Le Dr Jean-Marie Tilly, président de l'Ordre des médecins de l'Aisne, soutient l'existence de ce guichet alors que l'Aisne souffre comme d'autres endroits de France de désertification médicale. « C'est le cas partout et y compris dans des régions qui peuvent paraître plus attirantes sur un plan géographique ou touristique que la nôtre, en Bretagne, en Vendée, dans les Pyrénées-Orientales, enfin partout, rappelle-t-il. Il n'y a que dans les grandes villes où il y a des facultés de médecine où il y a un vivier de médecins, à Lille, Amiens, Reims, Nancy mais dès que vous faites 20 kilomètres hors de ces villes et des belles banlieues, c'est la même situation qu'ici. S'il y a une solution, elle est nationale et c'est de rendre le métier plus attractif. »
Le Dr Jean-Marie Tilly souligne que de nombreux étudiants arrêtent leurs études, « 50% d'entre eux qui sont à la 6e ou 7e année, arrêtent complètement la médecine parce qu'ils sont commencé à faire des stages et ça ne leur convient pas ou bien ils se rendent compte de la faible tarification à l'acte, et il y a aussi la lourdeur administrative qui peut rebuter ».
Selon lui, la coopération des
acteurs du territoire dans l'Aisne participe néanmoins à
l'attractivité du territoire et permet d'attirer des professionnels
de santé. « Le Département a mis en place des
partenariats avec les facultés de médecine pour que les étudiants
fassent leur stage dans l'Aisne, qu'on les aide à se loger sur
place, et cela a de l'incidence ensuite dans le choix
d'installation », souligne le président de l'Ordre des
médecins. Ces actions doivent permettre à l'Aisne de maintenir un
tissu médical suffisant dans les prochaines années.