Agroalimentaire : « Chez nous, la contractualisation, c’est zéro ! »
Alors que le monde agricole est en pleine crise, Yves Séguy, préfet de Saône-et-Loire, a réuni les acteurs locaux agro-industriels, ce 28 février, à Mâcon.
Alors que les agriculteurs manifestent leur colère depuis plusieurs semaines, Yves Séguy, Préfet de Saône-et-Loire, a tenu à échanger avec les acteurs locaux du secteur agroalimentaire, ce 28 février à Mâcon. Autour de la table, une douzaine d’entreprises de l’agroalimentaire du département, plusieurs représentants des services de l’Etat ainsi que la chambre de commerce et d’industrie Côte d’Or-Saône et Loire. « Après avoir eu des discussions avec la grande distribution, il nous paraissait intéressant d’avoir un échange avec un certain nombre des acteurs de la transformation, qui ont pignon sur rue dans le département », introduit Yves Séguy.
Favoriser le retour de la valeur ajoutée localement
Ces entreprises ont, aux yeux du préfet, un rôle à jouer pour « favoriser les productions agricoles et obtenir un meilleur retour de la valeur ajoutée sur le territoire. » Mais, au-delà de ces discussions, il s’agit d’agir concrètement. « Nous devons collectivement être en capacité d’aller vers des moments meilleurs et en tous les cas, espérer des actions positives de tous les acteurs de la chaîne alimentaire. »
Premier constat de la part des entrepreneurs présents, la nécessité d’assurer la transparence de l’origine des produits. Cependant, il reste toujours possible de contourner la loi, à l’image de ce qui a pu être observé, il y a quelques années, avec des poulets élevés en Ukraine. Après une étape de transformation en Belgique, la viande était estampillée « origine UE ». « Ce type de pratiques pose problème et crée une distorsion de concurrence entre les éleveurs » souligne un entrepreneur. Si l’origine du produit doit-être clairement précisée afin de garder la confiance du consommateur, cela s’avère complexe dans la pratique.
Egalim, une loi questionnée
Autre sujet de discussion, la loi Egalim. Autour de la table, le constat est unanime, la grande distribution reste seule décisionnaire des prix. « Chez nous, la contractualisation, c’est zéro ! » se désole un grossiste en viande qui dénonce un effet pervers de la loi. « Depuis deux ans, le prix de la viande bovine a augmenté et les producteurs étaient pressés de contractualiser. Mais si la matière première agricole est non-négociable… qu’est-ce qui l’est ? Ce sont les emballages, les transports, l’électricité qui sont autant de charges qui augmentent également ! Donc nos clients, salaisonniers et grande distribution, peuvent négocier avec nous sur tout ce qui est en hausse… »
Face aux difficultés soulevées, le préfet a tenu à rappeler que « nous tenons une permanence hebdomadaire pour ceux d’entre eux (les agriculteurs, ndlr) qui en ont besoin. » Si tous les acteurs souhaitent une meilleure répartition de la valeur ajoutée, le chemin semble encore long.
Pour Aletheia Press, Christel Dalsbaek