Agression à Bordeaux: l'assaillant abattu reprochait aux victimes de boire pendant l'Aïd

L'agression au couteau, qui a fait un mort et un blessé mercredi soir à Bordeaux, est consécutive à un différend sur la consommation d'alcool entre les victimes et l'assaillant abattu par des policiers qui leur reprochait de...

Des policiers bouclent une rue après une agression au couteau qui a fait un mort et un blessé à Bordeaux, le 9 avril 2024 © Philippe Lopez
Des policiers bouclent une rue après une agression au couteau qui a fait un mort et un blessé à Bordeaux, le 9 avril 2024 © Philippe Lopez

L'agression au couteau, qui a fait un mort et un blessé mercredi soir à Bordeaux, est consécutive à un différend sur la consommation d'alcool entre les victimes et l'assaillant abattu par des policiers qui leur reprochait de boire pendant l'Aïd, a confirmé jeudi le parquet.

"Aucun élément ne milite en faveur d'une attaque terroriste", a précisé la procureure de la République de Bordeaux, Frédérique Porterie, lors d'une conférence de presse.

L'auteur des faits serait d'origine afghane et âgé de 25 ans selon des premiers éléments de la base de donnée européenne des demandeurs d'asile restant à vérifier. 

Selon une autre source du dossier, l'homme, dont l'identification est toujours en cours, a obtenu le droit d'asile en 2021.

Il aurait eu auparavant une première altercation similaire avec d'autres individus en évoquant aussi l'Aïd, fête qui marque la fin du ramadan pour les musulmans pratiquants, selon la magistrate.

Deux enquêtes ont été ouvertes, l'une pour "meurtre" et "tentative de meurtre", l'autre pour examiner les circonstances dans lesquelles le tir policier a été réalisé.

Selon la magistrate, qui a confié cette deuxième enquête à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), l'état de légitime défense est "envisagé" au vu des premiers éléments recueillis.

Victimes originaires d'Algérie

Mercredi soir, à 19h30 sur les bords de Garonne prisés des promeneurs, l'agresseur a d'abord invectivé les deux victimes, originaires de Kaous, un village dans le nord-est de l'Algérie, "pour des raisons liées à la consommation d'alcool". Puis il les a "frappées à coups de poing", selon des témoignages recueillis par les enquêteurs.

Les deux hommes - l'un sans domicile fixe, l'autre hébergé par une association d'aide aux migrants - "ont lancé des canettes vers leur agresseur. Le suspect est revenu avec un couteau à cran d'arrêt et les a poignardés tour à tour", a ajouté Mme Porterie.

L'une des deux victimes, âgée de 37 ans, est décédée de neuf plaies d'arme blanche, dont quatre dans la paroi thoracique. La deuxième, âgée de 26 ans, présente trois plaies d'arme blanche, mais ses jours ne sont plus en danger, selon la magistrate.

Entendu dans la matinée, cet homme a déclaré que l'agresseur, qu'il ne connaissait pas, "s'est approché de son ami puis s'en est pris à eux, leur reprochant de boire, alors que c'était l'Aïd".

- "Attitude menaçante" - 

Un témoin a alerté la police et une équipe arrivée sur place, près du pont de pierre, à quelques centaines de mètres du lieu de l'agression, a "demandé au mis en cause de lancer son arme à plusieurs reprises", a indiqué la procureure.

"Quand ce dernier a changé de direction et s'est dirigé vers eux, couteau en main avec une attitude menaçante, le policier a fait usage de son arme", un fusil d'assaut HK G36, "pour neutraliser l'agresseur", avant de constater le décès peu après, vers 20h10.

"Les témoignages concordants" de plusieurs personnes entendues par les enquêteurs, "permettent d'établir" que le policier a tiré après avoir fait "les sommations d'usages", a précisé la magistrate.

Plus tôt dans la soirée dans la même zone, le suspect avait également "pris à partie" deux autres individus "parce qu'ils buvaient du rosé un jour d'Aïd", les frappant, puis "exhibant un couteau" avant de continuer son chemin, a ajouté Mme Porterie, sur la base de nouveaux témoignages recueillis jeudi après-midi.

Selon la procureure de Bordeaux, "le PNAT (parquet national antiterroriste) reste en position d’évaluation tant que toute la lumière ne sera pas faite sur les mobiles exacts" du suspect.

34P89GH