Agir pour concilier emploi et handicap

À l’occasion de la 28ᵉ Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées, l’Agefiph Hauts-de-France et ses partenaires ont organisé une matinée de réflexion à l’ESAT de Rivery autour du thème : « Emploi et handicap : comment assurer une vraie égalité des chances ? »

Antoine Perrel et Hervé Lherbier introduisant la conférence de lancement de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées. (© Aletheia Press / D. La Phung)
Antoine Perrel et Hervé Lherbier introduisant la conférence de lancement de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées. (© Aletheia Press / D. La Phung)

« Il y a 20 ans, jamais nous n’aurions imaginé qu’un tel événement puisse avoir lieu dans un établissement comme le nôtre. » Hervé Lherbier, directeur régional d’APF France Handicap Hauts-de-France a le sourire, en évoquant la transformation des ESAT, le DuoDay ou encore les dispositifs d’emplois accompagnés. « Force est de constater que le médico-social a fortement évolué », souligne-t-il.

Fin septembre 2024, les Hauts-de-France comptaient 57 000 demandeurs d’emploi en situation de handicap inscrits à France Travail, soit 11,3 % des effectifs. Dans la Somme, ce chiffre descend à 9,6 %, alors qu’il atteint 13,3 % dans le Pas-de-Calais (chiffres Agefiph). Si certains parcours sont exemplaires, comme celui d’Antoine Perrel, para-triathlète médaillé de bronze aux JO de Paris et conseiller à France Travail à l’agence d’Hazebrouck, le chemin vers l’inclusion reste long. 90 % des personnes en situation de handicap déclarent avoir été traitées de manière injuste, et 3 sur 4 estiment que leur handicap a freiné leur évolution professionnelle (étude Ifop pour l’Agefiph, l’Adapt et le Fiphfp).

Un parcours sécurisé et accompagné

Plusieurs dispositifs ont été mis en place pour faciliter l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap, comme les « mises à disposition ». Ces contrats, gérés par les ESAT, permettent aux travailleurs qui le souhaitent de réaliser des missions en entreprises tout en continuant à bénéficier d’un accompagnement médico-social. « Cela leur offre aussi la possibilité de développer leur savoir-faire, leurs compétences et d’acquérir de l’expérience », observe Laurent Bouchend’homme, chargé d’insertion professionnelle à l’ESAT de Rivery. Depuis mai 2022, il accompagne Romain. Après des expériences chez Easy Logistic, Igol et Métarome, ce dernier a décroché un CDD chez Lidl à Longueau, suivi d’un stage de quatre semaines au magasin de Corbie.

Romain, Sabine Ripamonti et Laurent Bouchend’homme (© Aletheia Press / D. La Phung)

« Romain est arrivé plein de motivation, très authentique, et ça s’est très bien passé avec l’équipe », se souvient Sabine Ripamonti, directrice du supermarché Lidl de Corbie. À tel point qu’elle lui a proposé un CDI. « Il était essentiel qu’il prenne une décision éclairée, notamment en comprenant l’impact de sa rémunération future sur sa prime d’activité et son allocation adulte handicapé. Après avoir insisté auprès de la CAF, j’ai obtenu des chiffres précis », explique Laurent Bouchend’homme. Depuis mars 2024, Romain est officiellement salarié de Lidl. Grâce à une convention d’appui, il continue de bénéficier du suivi de l’ESAT et pourra, s’il le souhaite, réintégrer l’établissement.

Des acteurs mobilisés

« Nous sommes tous convaincus ici que la personne doit être au centre de nos préoccupations. À nous de continuer à simplifier nos organisations », insiste Frédéric Danel, directeur de France Travail Hauts-de-France, en rappelant notamment le rapprochement entre le réseau Cap Emploi et France Travail pour créer un guichet unique d’accompagnement. « Nous pouvons aussi nous appuyer sur des dispositifs très efficaces, comme le DuoDay, le recrutement par simulation ou l’immersion. Chaque année, 25 000 immersions sont réalisées en Hauts-de-France. Douze mois après, 7 fois sur 10, les personnes sont en emploi », souligne-t-il.

Il évoque également une expérimentation menée dans la Somme jusqu’en 2027 avec l’ensemble des partenaires liés à l’emploi et à l’insertion, visant à rendre l’accompagnement « plus fluide, plus rapide, plus simple ». Début 2025, un autre test sera lancé au niveau national. Celui-ci doit favoriser la rencontre entre entreprises engagées dans des actions concrètes pour l’inclusion et des demandeurs d’emploi en situation de handicap.