Agir contre les violences faites aux femmes en entreprise

Après avoir reçu de nombreuses demandes de la part de ses adhérents, l’union départementale de la CFTC a consacré, à Amiens, une matinée de travail sur les violences faites aux femmes.

Si la lutte contre les violences faites aux femmes bénéficie aujourd’hui d’un réel écho dans la société, le sujet demeure encore peu abordé en entreprise. (@Pexels)
Si la lutte contre les violences faites aux femmes bénéficie aujourd’hui d’un réel écho dans la société, le sujet demeure encore peu abordé en entreprise. (@Pexels)

« Nous savons que, malheureusement, chaque jour en entreprise, des cas de harcèlement ou même de comportements violents envers les femmes surviennent. Nos adhérents, comme tous les salariés, peuvent être confrontés à ce type de situations », observe Éric Coulon, président de l'Union départementale de la Somme de la CFTC et délégué syndical chez France Travail. À l’occasion d’un rassemblement départemental organisé ce 28 novembre à Amiens, la CFTC a choisi d’aborder cette problématique.

« L’objectif est de rappeler le cadre juridique et de voir quels sont moyens d’agir dans les entreprises », poursuit Éric Coulon. La CFTC a également sollicité une psychologue pour expliquer à la soixantaine de participants comment réagir face à des situations anormales. « Il n’est pas toujours évident de savoir immédiatement quelle attitude adopter, ce que l’on peut ou non faire, ou encore vers qui orienter une femme victime de comportements déplacés ou de violences », souligne Éric Coulon.

Une dynamique départementale prometteuse

Éric Coulon a fait envoyer un violentomètre à l’ensemble des adhérents de la CFTC de la Somme. (@Aletheia Press/DLP)

Si la lutte contre les violences faites aux femmes bénéficie aujourd’hui d’un réel écho dans la société, le sujet demeure encore peu abordé en entreprise. Pourtant, il y trouve pleinement sa place, selon Jean-Claude Ester, délégué départemental aux droits des femmes et à l’égalité. « C’est une question cruciale qui nécessite l’implication de tous, y compris des entreprises qui jouent un rôle clé au sein des territoires, constate Jean-Claude Ester. Les syndicats ont aussi une responsabilité majeure dans cette prise de conscience. »

Le délégué départemental aux droits des femmes et à l’égalité rappelle ensuite que les employeurs ont un devoir de protection envers leurs agents et salariés. Il se veut cependant optimiste puisqu’il assure que beaucoup d’acteurs économiques se sont déjà emparés de cette thématique. « Dans la Somme, 93 d’entre elles ont déjà signé la charte d'engagement contre les violences conjugales, sexuelles et sexistes. Nous espérons atteindre 100 signataires d’ici la fin du mois », confie Jean-Claude Ester.

Accompagner les délégués syndicaux

Jean-Claude Ester estime que les syndicats ont un rôle clé dans la lutte contre les violences faites aux femmes en entreprise. (@Aletheia Press/DLP)

Si beaucoup sont effectivement convaincus qu’il est important de traiter les violences faites aux femmes, dans les faits, peu pensent à cette question en amont. « La plupart du temps, nous sommes appelés après une situation problématique qui a surpris tout le monde, y compris la direction et les managers », analyse Pauline Lalle formatrice au sein de l’association FETE. Pour éviter cela, l’association peut aider les entreprises, notamment les délégués syndicaux, à élaborer des accords contenant des procédures de signalement claires.

« Ces accords peuvent aussi inclure des actions de sensibilisation, de prévention et de formation », précise Stefan Nikolic, chargé de projet Égalité. « La loi impose aux employeurs des obligations en matière de prévention, de réaction et de sanction. Il est donc essentiel de travailler sur ce sujet. Nous espérons que, sur le long terme, l’utilité de ces démarches sera largement reconnue », conclut Pauline Lall, qui rappelle que les violences faites aux femmes, qu’elles surviennent dans la sphère professionnelle ou privée, ont un impact réel sur les entreprises.