Agilice développe le réemploi

Agilice se lance dans le lavage et le réemploi des gants de travail, notamment des ouvriers de l'industrie. Ce faisant, elle investit une activité qui n'existait plus en France. « Il y a eu un acteur qui a existé il y a 30 ans et qui lavait les gants avec des solvants de type perchloréthylène qui sont éminemment cancérigènes et qui ne sont plus autorisés dans le pays, confirme Michel Richard, PDG du groupe Agilice. Depuis, il n'y avait plus tellement de solutions et des industriels, dont des constructeurs automobiles, continuaient de faire laver leurs gants avec cette méthode, mais en Espagne où ça restait possible. Je me suis dit que ça n'était pas satisfaisant et qu'il fallait trouver une méthode pour refaire du lavage d'EPI (Équipements de protection individuelle) ici. »

Des gants jetés désormais réutilisés

Michel Richard, dont la spécialité est la chimie de formulation, a mis au point, avec ses équipes, une autre méthode et est allé jusqu'en Italie pour trouver des machines à distillation continue. Après plusieurs expériences, il a pu trouver des solvants autorisés en France donc non cancérigènes et des adjuvants pour les booster. « Nous avons trouvé la bonne recette, les bons programmes et le bon format d'atelier, ce qui a aboutit à l'ouverture d'un premier atelier près d'Arras (Pas-de-Calais) en janvier 2022, souligne le PDG. Il faut maintenant faire connaître ce procédé et ce service à nos clients industriels et/ou constructeurs automobiles pour lesquels nous travaillons déjà dans le nettoyage industriel par exemple. »

Renault à Douai, Stellantis et Toyota figurent parmi les premiers clients et adhèrent à cette idée intéressante d'un point de vue financier et de la décarbonation de l'industrie. Dans l'Aisne, le groupe discute avec Le Creuset et Amazon. « Les gants vendus en France sont pour la plupart lavables jusqu'à cinq fois même si les fabricants n'insistent pas forcément sur ce point. Jusqu'ici, les gants souillés, enduits de graisse étaient jetés, là on va pouvoir les laver, les réutiliser et tout cela en circuit court à proximité des usines, précise Michel Richard. Laver une paire de gants anti-coupures, des gants techniques qui sont en kevlar et peuvent coûter entre 5 et 30 €, c'est intéressant. Les laver coûte environ un quart de la valeur d'achat d'une paire neuve. Et les gants ne sont pas altérés par les lavages. »

Agilice a ouvert un deuxième atelier à Mexy en Meurthe-et-Moselle et un troisième depuis la fin d'année 2023 à Viry-Noureuil. « 80% des gants vendus en Europe et en France sont produits pour moitié en Chine et pour l'autre moitié en Inde et au Pakistan donc le coût carbone d'un gant fabriqué en Chine et vendu en France est nettement plus important que celui d'un gant lavé en France et réutilisé en France, c'est une évidence », rappelle le PDG. S'il doit encore faire tourner à plein l'atelier de Viry-Noureuil qui emploie actuellement trois personnes, Michel Richard a déjà une autre idée en tête : « Nous allons avoir un certain gisement de gants provenant de nos clients et l'étape d'après, c'est d'imaginer un procédé pour traiter et recycler des gants enduits plutôt que de finir par les jeter une fois qu'on les a lavés cinq fois au maximum », explique le dirigeant. Peut-être une nouvelle activité à venir pour Agilice.