Afflux de travailleurs en août aux Etats-Unis, le taux de chômage grimpe
Un afflux de nouveaux travailleurs en août a fait grimper le taux de chômage des Etats-Unis à son plus haut niveau depuis février 2022, signal que la situation se rééquilibre après deux années de pénurie...
Un afflux de nouveaux travailleurs en août a fait grimper le taux de chômage des Etats-Unis à son plus haut niveau depuis février 2022, signal que la situation se rééquilibre après deux années de pénurie de main d'oeuvre, de nature à calmer l'inflation.
Le taux de chômage s'est établi en août à 3,8%, contre 3,5% en juillet, malgré 187.000 créations d'emplois, plus qu'attendu, a annoncé vendredi le département du Travail.
Ce paradoxe s'explique par l'arrivée sur le marché du travail, le mois dernier, de plus d'un demi-million de personnes.
"Les gens (...) retournent au travail", a salué le président Joe Biden depuis les jardins de la Maison Blanche.
Le démocrate, qui brigue un second mandat, a souligné que "la satisfaction au travail est plus élevée qu'elle ne l'a été depuis 36 ans", et que "le chômage est au plus bas pour les Afro-Américains, les travailleurs hispaniques, les anciens combattants et les travailleurs non diplômés", attribuant ces résultats à sa politique économique.
Cette arrivée massive de nouveaux actifs a poussé le taux de participation à 62,8% des personnes en âge de travailler, son plus haut niveau depuis février 2020, lorsqu'il était de 63,3%, juste avant que le Covid ne mette l'activité économique sous cloche, détruisant soudainement 22 millions d'emplois.
Equilibre
"C'est vraiment encourageant", a affirmé sur la chaîne CNBC la directrice de l'équipe d'économistes de la Maison Blanche, Lael Brainard.
Elle aussi a mis en avant "la bonne économie (créée par le) président Biden, de bons emplois et de bons salaires. Les gens reviennent et vont travailler (...). Nous constatons cet équilibre sur le marché du travail, et c'est pourquoi l'inflation a diminué".
Une pénurie de main d'oeuvre depuis le Covid a poussé les employeurs à relever les salaires. C'était une bonne nouvelle pour les travailleurs, mais cela a contribué à faire flamber l'inflation.
Les chiffres d'août sont un "grand pas vers un marché du travail normal", a souligné Robert Frick, économiste chez Navy Federal Credit Union.
Depuis plus de deux ans, les employeurs américains peinent à embaucher en nombre suffisant, en raison de départs anticipés en retraite et d'une immigration insuffisante notamment.
Des travailleurs ont quitté massivement leurs emplois pour en trouver d'autres, offrant un meilleur salaire ou de meilleures conditions, un mouvement nommé "grande démission".
"Il y a toujours beaucoup plus d'offres d'emplois que de chômeurs", nuance cependant Mike Fratantoni, vice-président de l'Association des banquiers immobiliers (MBA).
Ainsi, en pleine période de rentrée scolaire, la ville de Philadelphie (Pennsylvanie) n'a pas assez de chauffeurs de bus scolaires, les fameux "school bus" jaunes, et offre 300 dollars par mois aux parents qui déposent eux-mêmes leur enfant à l'école.
Assouplissement
La banque centrale américaine (Fed) est en première ligne pour faire ralentir l'inflation.
Son principal outil pour y parvenir est de relever son taux directeur, ce qui pousse les banques à proposer à leur tour des crédits à des taux d'intérêt plus élevés aux ménages et aux entreprises.
Ceux-ci sont alors moins enclins à consommer ou investir, ce qui desserre la pression sur les prix.
La question est désormais de savoir si la Fed poursuivra ou non les hausses lors de sa prochaine réunion, les 19 et 20 septembre.
Elle l'a fait à 11 reprises depuis mars 2022, portant ses taux d'intérêt au plus haut depuis 22 ans, dans une fourchette de 5,25 à 5,50%.
"Un ralentissement des pressions salariales et une hausse du taux d'activité sont encourageants, confirmant un certain assouplissement des conditions du marché du travail", souligne Rubeela Farooqi, économiste pour High Frequency Economics, estimant que ces données plaident en faveur d'un maintien des taux à leur niveau actuel.
Mais l'inflation, qui ralentissait depuis des mois, est repartie à la hausse en juillet, tirée par les prix des logements. Elle s'est établie à 3,2% sur un an, contre 3,0% le mois précédent, selon l'indice CPI du département du Travail, qui fait référence.
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