Affaire Jubillar: nouvelle audience qui risque de reporter le procès

Une audience jeudi à Toulouse sur l'affaire Delphine Jubillar, disparue dans le Tarn en 2020, pourrait reporter de plusieurs mois le procès du mari, seul suspect, avec l'examen d'une demande de supplément d'information, en même...

Cédric Jubillar, le 12 juin 2021 à Albi © Fred SCHEIBER
Cédric Jubillar, le 12 juin 2021 à Albi © Fred SCHEIBER

Une audience jeudi à Toulouse sur l'affaire Delphine Jubillar, disparue dans le Tarn en 2020, pourrait reporter de plusieurs mois le procès du mari, seul suspect, avec l'examen d'une demande de supplément d'information, en même temps que l'appel contre son renvoi aux assises.

Le procureur général, Franck Rastoul, a déclaré la semaine dernière avoir demandé un supplément d'information et, si la chambre de l'instruction de la cour d'appel fait droit à cette requête, la perspective d'un procès attendu fin 2024 ou début 2025, selon une source judiciaire, s'éloignera.

La chambre va devoir également se prononcer sur l'appel des avocats de Cédric Jubillar, mis en examen pour meurtre et incarcéré depuis juin 2021, contre l'ordonnance de mise en accusation (OMA) le renvoyant devant la cour d'assises à Albi. Selon eux, elle porte atteinte à sa présomption d'innocence.

La demande de supplément d'information est liée à un échange téléphonique sur l'affaire, enregistré entre un détenu de la prison centrale de Lannemezan (Hautes-Pyrénées) et sa mère, découvert récemment, qui a suscité des interrogations, selon le quotidien La Dépêche du Midi.

Sans confirmer cet élément, M. Rastoul a précisé à l'AFP qu'un "supplément d'information s'impose procéduralement dès l'instant où les juges d'instruction sont désaisis du dossier du fait de l'ordonnance de mise en accusation".

"Les vérifications qui doivent être faites ne peuvent aujourd'hui plus être faites que dans le cadre de ce supplément d'information", a-t-il ajouté.

"Ça n'est donc aucunement l'expression d'une carence dans l'instruction, c'est une obligation procédurale à ce stade", a-t-il souligné, ajoutant que "cela s'inscrit dans la logique qui depuis le début, prévaut dans ce dossier et qui consiste à vérifier toutes les pistes".

Selon la Dépêche du Midi, dans la conversation placée sous surveillance, le détenu incarcéré pour tentative de meurtre à Lannemezan aurait évoqué avec sa mère les prénoms de trois personnes, dont au moins deux apparaissent dans le dossier Jubillar.

Ni corps, ni scène du crime

"Nous sommes surpris, et en même temps pas tant que ça", a déclaré à l'AFP Jean-Baptiste Alary, l'un des trois avocats de Cédric Jubillar, qui dénoncent la "vacuité" du dossier. 

"Ça fait deux ans et demi, depuis qu'il a été mis en examen, qu'on ne cesse de dire que ce dossier n'est pas suffisamment étoffé, que tout n'a pas été vérifié pour obtenir la manifestation de la vérité", a ajouté Me Alary, en charge de la défense avec Mes Emmanuelle Franck et Alexandre Martin.

Lors d'une conférence de presse en novembre, les trois avocats avaient jugé "scandaleux" un passage de l'OMA dans lequel les deux juges d'instruction écrivent que "l'ensemble des éléments recueillis lors de l'information judiciaire démontre que Cédric Jubillar est l'auteur du meurtre de son épouse."

Dans cette affaire sans corps, ni aveux, ni témoin, ni scène de crime, le peintre-plaquiste, aujourd'hui âgé de 36 ans, nie toute responsabilité et clame son innocence. Il est incarcéré à la maison d'arrêt de Seysses, près de Toulouse.

Estimant que les enquêteurs ne disposent pas de preuves de sa culpabilité, sa défense a déposé plusieurs demandes de mise en liberté, toutes rejetées par la chambre de l'instruction de la cour d'appel.

Delphine Jubillar, infirmière de 33 ans dans une clinique d'Albi, a disparu de la maison familiale de Cagnac-les-Mines (Tarn) dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, en plein couvre-feu lié à la pandémie de Covid-19. 

A l'époque, le couple, qui a deux enfants âgés de 18 mois et six ans au moment des faits, était en instance de divorce. Avant la disparition, Cédric Jubillar avait tenu des propos qui avaient heurté des membres de sa famille: "Je vais la tuer, je vais l'enterrer et personne ne la retrouvera... Si Delphine me quitte un jour...", selon l'acte d'accusation.

En 2020, cette affaire avait suscité un important émoi en France, peu après la condamnation de Jonathann Daval pour le meurtre de son épouse en Haute-Saône, qu'il avait longtemps nié.

bur-fpp/elr/as/roc 

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