Affaire Business France: Muriel Pénicaud dit n'avoir "rien" à se reprocher
L'ancienne ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a assuré samedi n'avoir "rien" à se "reprocher" après la divulgation de sa mise en examen dans l'enquête sur des soupçons de favoritisme envers l'agence Havas, organisatrice d'une soirée en 2016 à Las Vegas...
L'ancienne ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a assuré samedi n'avoir "rien" à se "reprocher" après la divulgation de sa mise en examen dans l'enquête sur des soupçons de favoritisme envers l'agence Havas, organisatrice d'une soirée en 2016 à Las Vegas, où Emmanuel Macron avait rencontré des entrepreneurs français.
"Mon intégrité est totale, je suis sereine, j’ai la conscience tranquille (...) Parce que je n’ai rien à me reprocher, tout simplement", a souligné l'ex-ministre (2017-2020), dans un message transmis à l'AFP, après que le journal Le Monde avait dévoilé sa mise en examen intervenue en octobre.
Dans cette affaire dite "Business France", Mme Pénicaud est mise en examen en tant qu'ancienne directrice générale de l'organisme public de promotion de l'économie française à l'étranger, dépendant de Bercy.
Au coeur du dossier: un séjour controversé en janvier 2016 du futur président Emmanuel Macron, alors ministre de l'Economie (août 2014 - août 2016), dans la ville américaine de Las Vegas, pour y rencontrer des centaines d'entrepreneurs français, au moment du Consumer Electronics Show (CES), grand-messe de l'innovation technologique.
Pour monter l'opération d'un coût d'environ 300.000 euros, en urgence et sous la pression du cabinet du ministre, Business France l'avait intégralement confiée à l'agence Havas Paris, sans recourir à la mise en concurrence prévue par le code des marchés publics pour de telles sommes.
Business France et Havas Paris étaient alors liées par un contrat-cadre qui, selon cette dernière, avait pour objet d'"accompagner Business France dans sa démarche de promotion de l'attractivité économique de la France vis-à-vis des décideurs et des prescripteurs d'opinion à l'étranger et en France".
Cette mise en examen sonne le réveil d'un vieux dossier judiciaire qui avait pollué le début du premier quinquennat d'Emmanuel Macron. L'affaire avait alimenté des accusations contre le président de la République de s'être servi de sa position de ministre de l'Economie pour faire sa promotion avant sa candidature à l'Elysée.
C'est un rapport critique de l'Inspection générale des finances (IGF) transmis par Bercy qui avait conduit le parquet de Paris à ouvrir l'enquête en mars 2017, confiée ensuite à trois magistrats instructeurs.
Changement de juge d'instruction
Les juges avaient notifié la fin des investigations en 2019, mais divers recours procéduraux ont eu lieu depuis et un nouveau juge d'instruction financier, Serge Tournaire, a repris le dossier, selon une source proche du dossier.
"Depuis le début de cette affaire, j’ai été mise hors de cause par un rapport d’audit, l’Inspection générale des finances, trois juges d’instruction, le procureur, la Cour d’appel de Paris, la Cour des Comptes", affirme Mme Pénicaud, qui avait été initialement placée sous le statut plus favorable de témoin assisté.
"Huit ans plus tard, de nouveaux juges d’instruction semblent d’un avis différent. Je le regrette. Nous allons retrousser nos manches et travailler à les convaincre qu’ils se trompent", a-t-elle ajouté.
Havas Paris avait été mise en examen en 2019 pour "recel de favoritisme" dans ce dossier, tandis que l'ancienne directrice de la communication de Business France, Fabienne Bothy-Chesneau, l'avait été pour "favoritisme".
Dans cette affaire, Muriel Pénicaud, 68 ans, ancienne directrice générale des Ressources humaines de Danone, avait assuré avoir été mise au courant d'éventuels dysfonctionnements un mois après l'organisation de l'événement et avoir immédiatement diligenté un audit indépendant auprès du cabinet EY.
Fabienne Bothy-Chesneau, qui était sa collaboratrice au moment des faits, avait livré une autre version aux enquêteurs de l'office anticorruption de la police judiciaire (Oclciff).
Selon des éléments recueillis par Le Monde, elle a déclaré à la justice que Mme Pénicaud "avait exactement le même niveau de connaissance qu’(elle) des montants engagés et des modalités d’organisation".
En 2018, Le Canard enchaîné avait affirmé que les enquêteurs disposaient aussi de nombreux courriels témoignant des contacts étroits entre Muriel Pénicaud et Stéphane Fouks, le vice-président d'Havas.
Selon l'hebdomadaire, Mme Pénicaud écrivait à son assistante le 4 juin 2015, peu avant l'obtention par Havas d'un important marché lancé par Business France : "J'ai un rendez-vous secret avec (Stéphane) Fouks, cela ne doit pas figurer à mon agenda et cela ne doit pas se savoir".
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