Affaire Altice: Drahi s'estime "trahi" par quelques individus

Patrick Drahi, patron du groupe Altice, éclaboussé par un scandale de corruption au Portugal, a déclaré devant des analystes lundi qu'il se sentait "trahi et trompé par un petit groupe d'individus"...

Le président d'Altice, Patrick Drahi, arrive pour une audition devant une commission parlementaire sur la concentration des médias au Sénat, à Paris le 2 février 2022 © STEPHANE DE SAKUTIN
Le président d'Altice, Patrick Drahi, arrive pour une audition devant une commission parlementaire sur la concentration des médias au Sénat, à Paris le 2 février 2022 © STEPHANE DE SAKUTIN

Patrick Drahi, patron du groupe Altice, éclaboussé par un scandale de corruption au Portugal, a déclaré devant des analystes lundi qu'il se sentait "trahi et trompé par un petit groupe d'individus" et annoncé de "vastes enquêtes internationales" internes.

Lors de sa première prise de parole depuis le déclenchement de l'affaire, M. Drahi a aussi assuré que ce scandale n'aurait "aucun impact" sur les finances et les prévisions de sa branche Altice International, dont les résultats étaient présentés lundi.

"Si ces allégations sont vraies, je me sens trahi et trompé par un petit groupe d'individus, dont l'un de nos plus anciens collègues", a-t-il dit, dans une allusion à Armando Pereira.

Armando Pereira, 71 ans, bras droit de Patrick Drahi, a été arrêté à Lisbonne le 13 juillet et mis en examen dans le cadre d'une enquête pour corruption et blanchiment.

"Quelques individus, surtout dans la branche achat, ont soigneusement dissimulé leurs actions, de moi, de leurs collègues et de l'ensemble du groupe", a poursuivi M. Drahi. "Ces personnes ont, si ces allégations sont avérées, profité de leur position aux dépens du groupe, et donc à mes dépens personnels également", a-t-il jugé.

Il a aussi reconnu que "des entités d'Altice hors du Portugal ont fait des affaires avec certains des fournisseurs identifiés par les autorités portugaises".

"Nous prenons cette affaire très au sérieux", a-t-il dit, assurant agir "rapidement pour comprendre la vérité et protéger le groupe de tout préjudice au cas où les allégations seraient fondées".

"Au Portugal, nous coopérons pleinement avec les autorités. Nous menons de vastes enquêtes internationales dans un certain nombre de pays, en collaboration avec des cabinets d'avocats spécialisés, afin de procéder à un examen indépendant", a-t-il ajouté.

Le groupe a déjà commencé à faire le ménage. Après l'arrestation de M. Pereira, Altice a suspendu Tatiana Agova-Bregou, la directrice exécutive des contenus, acquisitions et partenariats, mise en cause dans des écoutes de la justice portugaise.

De plus, Alexandre Fonseca, co-PDG d'Altice, ex-président exécutif d'Altice Portugal et nommé en mars à la tête de la filiale américaine, a communiqué lui-même sur LinkedIn sa mise en retrait.

Yossi Benchetrit, patron des achats aux Etats-Unis et gendre d'Armando Pereira, a été "licencié", a annoncé le nouveau dirigeant d'Altice USA, Dennis Mathew.

Cette affaire intervient alors que le groupe est fragilisé par son endettement global de près de 60 milliards d'euros.  

33QM3MD