Aéroport Paris-Beauvais : des rapaces pour sécuriser le trafic

Une convention vient d’être signée entre la direction de l'aéroport et Oise Fauconnerie. L’objectif est de repousser pigeons, vanneaux huppés et étourneaux pour sécuriser la centaine de mouvements quotidiens et protéger les oiseaux et les mulots.

Hulk et son fauconnier, Jérémy.
Hulk et son fauconnier, Jérémy.

Le vol d’oiseaux au dessus du tarmac d’un aéroport peut avoir des conséquences désastreuses en particulier s’ils arrivent à pénétrer dans un moteur qui peut prendre feu, ou s’ils abîment encore le fuselage ou se tapent dans le pare brise.

Pour minimiser ces risques et les effrayer, la direction de l’aéroport Paris-Beauvais, qui enregistre chaque jour une centaine de mouvements, recourt à la pyrotechnie et à la diffusion de bruits.

300 hectares à protéger

La méthode de dissuasion s’est diversifiée vers la fauconnerie en 2021. Christophe Rousseau, président de Oise fauconnerie, basée à Pontpoint, qui assure notamment des interventions pour des communes (églises, parcs, écoles…) a fait voler ses rapaces lors des périodes sensibles. «En automne et en hiver, pigeons, vanneaux huppés et étourneaux viennent se nourrir dans les cultures autour de l’aéroport et traversent la plateforme qui s’étend sur 300 hectares. Là peuvent survenir les collisions», informe Cédric Evrard, responsable du service prévention des risques animalier à l’aéroport de Paris-Beauvais.

Ce service de quatre personnes est hébergé dans les locaux du service de sauvetage et de lutte contre l’incendie des aéronefs à Tillé. En 2024, la convention n’avait pas été renouvelée et finalement, une dizaine de collisions a été recensée. Ces dernières se matérialisent notamment par du sang retrouvé sur la carlingue qui doit être nettoyée et/ou réparée. La nouvelle convention signée pour trois ans renouvelable prévoit des interventions de cinq fauconniers d’Oise Fauconnerie, chaque semaine et toute l’année. Différentes espèces de rapaces, en grande majorité retraités de l’armée, interviendront : hibou grand duc, aigle royal, faucon américain, buse de Harris, buse à queue rousse.

«On n’en fait jamais assez»

Dans la pratique, tous les rapaces, équipés d’une balise GPS, ont leur méthode de chasse et leurs proies préférés. Ainsi, la buse de Harris va se charger des vanneaux et des pigeons tandis que le faucon américain éloignera les étourneaux. «Les rapaces sont là pour faire comprendre aux oiseaux qu’ils doivent faire attention, que des prédateurs peuvent les chasser. À l’aéroport Nantes Atlantique, les rapaces ont fait leurs preuves. Les collisions ont été divisées par deux», ajoute Cédric Evrard. La sûreté est la priorité numéro un de l’aéroport Paris-Beauvais, voué à s’agrandir dans les prochaines années «On n’en fait jamais assez. La fauconnerie est une activité essentielle pour assurer la sécurité de l’aéroport de Paris-Beauvais», martèle Anthony Martin, le président exécutif de la structure.

Christophe Rousseau, Birdy, Anthony Martin et Cédric Evrard.


Le jour de la présentation de la convention, Christophe Rousseau est venu en compagnie de Birdy, six ans, buse de Harris, au caractère bien affirmé. «Cela lui a valu d’être mise à la retraite de l’armée à trois ans, explique t-il. Concrètement, nous roulons à bord d’une voiture vitres baissées. Dès qu’elle aperçoit une proie, elle va la chasser et revient dans la voiture. Le vol dure à peine une trentaine de secondes».

D’un calme impressionnant, Hulk, trois ans, hibou grand duc d’Europe, est né chez Jérémy, qui habite dans la région de Beauvais. «Pour lui, ce sera de la balade, assure t-il. Il en impose par sa présence. Il va se poster sur des toits, des poteaux, des voitures. Il chasse à l’affût. Quand il revient se poser sur mon bras, il a une récompense».

Parallèlement, une importante population de faucons crécerelle, qui se nourrissent par exemple de mulots, ont fait des abords de l’aéroport Paris-Beauvais, un garde manger privilégié. Des membres de Picardie Faune sauvage, située à Boissy-Fresnoy, viendront capturer les jeunes âgés de quelques semaines. Ils les élèveront avant de les relâcher à plus de 30 km de l’aéroport.