Assurance : adaptation continue, les entreprises vont-elles en faire les frais ?
Face à la flambée du coût des catastrophes naturelles pour les assureurs, les porteurs de risques se montrent plus vigilants quant aux sinistres liés aux épisodes météorologiques de plus en plus fréquents et coûteux. Selon l’Association de management des risques et des assurances de l’entreprise (Amrae), les négociations des assureurs avec les réassureurs devraient être difficiles, notamment, pour le renouvellement chez les compagnies généralistes.
Le coût des assureurs en 2023 culmine à 10 milliards d’euros
Sur la base de ce constat, «Future Risks Report» de l'année 2023, une étude d'Axa, publiée le 30 octobre dernier, indique que la majorité des acteurs de l’assurance citent les événements climatiques dévastateurs comme principale source d'inquiétude dans le futur. Dans ce rapport, il faut tenir compte d’un contexte mondial général où le changement climatique est en tête des risques jugés les plus probables dans les cinq à dix ans à venir. Concrètement la récurrence des événements climatiques extrêmes a généré une montée en flèche des indemnisations. Ainsi, la facture climatique de 2022 a dépassé 10 milliards d’euros (contre 3,6 milliards en moyenne les dix années précédentes).
De même pour la grêle dont le coût a culminé à 5 milliards d’euros sans oublier, bien évidemment, 2,9 milliards de dépenses dû au retrait-gonflement des sols argileux, lié à la sécheresse. A la suite de ces données, les assureurs ont été contraints d’adapter leurs stratégies en fonction des aléas climatiques et selon les zones géographiques.
Perspectives 2024 : les assureurs sont contraints à s’adapter
Au global, les compagnies d’assurance misent sur deux leviers pour pérenniser le système, entre autres, la prévention dont les résultats sont attendus à long terme et l’augmentation des primes d’assurances. Face à cette situation, les experts de la Caisse centrale de réassurance (CCR), détenue par l’État, plaident pour une augmentation significative de la surprime Cat Nat, soit une hausse de 12 % à 22 % pour les contrats MRH (multirisques habitation) et de 6 à 16% sur les voitures. Une majoration jugée indispensable pour maintenir l’équilibre financier du régime ainsi que son efficience. Pour plaider pour cette majoration, le CCR s’appuie sur la hausse prévisible de la sinistralité d’ici 2050 à cause des changements climatiques.
De la sorte, le régime dédié aux catastrophes naturelles (Cat Nat) sera confronté à un déficit de financement inquiétant, estimé à 420 millions d’euros par an. De son côté, la Fédération France Assureurs (FFA) a proposé une hausse moins drastique de 12 % à 18 % de la part de la prime d’assurance annuelle. À noter que ces mesures suscitent des inquiétudes du côté des assurés qui pourraient se retrouver avec une majoration de la surprime à la réception de l’avis d’échéance. Dans un contexte inflationniste accentué par un environnement géopolitique particulièrement instable, les perspectives 2024 restent incertaines quant à la hausse des primes, ainsi que les dispositions particulières des contrats pouvant faire l’objet de réduction de garanties et de hausses de franchises.
Qu'en est-il des assurances des entreprises ?
Alors que les entreprises sont actuellement en plein renouvellement de leurs contrats d'assurance pour 2024, la CCR poursuit sa pression pour stabiliser le marché ce qui, à priori, aura une incidence sur les renouvellements 2024. À présent, les captives(*), sont en tête des solutions pour les secteurs en difficultés (Flotte automobile, le transport public de passagers, la filière bois, le traitement des déchets, les industries cosmétique et pharmaceutique et le secteur des énergies renouvelable). «Trouver des solutions d’assurance est devenu tellement compliqué pour ces secteurs d’activités que la solution des captives de réassurance est devenue un instrument très intéressant pour organiser leur gestion et leur transfert des risques », explique François Beaume, vice-président de l'AMRAE. De fait, les captives figurent parmi les options les plus intéressantes, grâce à leurs avantages fiscaux et financiers.
Outre le cadre fiscal avantageux offert par ce modèle, d’autres avantages encouragent les entreprises à opter pour une auto-assurance tel que la possibilité de couvrir des risques difficilement ou non-assurables sur le marché et l’optimisation du coût. En somme, subir une majoration de prime d’assurance poussera certainement les entreprises à faire jouer la concurrence et changer d'assureur. Un courtier d’assurance spécialisé en assurance multirisque professionnelle reste, en l’occurrence, le meilleur allié des chefs d’entreprise. De plus, son expertise et les liens qu’il a développé avec les porteurs de risques lui permet de dénicher des offres plus avantageuses pour ses clients.
(*) Les captives d’assurance, ou de réassurance, sont des filiales de groupes non assurantiels (industriel, commercial ou de services, destinée à couvrir exclusivement les risques du groupe auquel elle appartient). Selon la définition de l’article L. 350-2 du code des assurances, elles assurent - ou réassurent, tout ou partie des risques auxquels sont exposés le groupe et ses filiales.