Initiatives

Abbeville va mettre en place un congé menstruel en janvier 2024

Comme d’autres avant elle, la collectivité démontre son empathie envers les salariées qui souffrent lors de cette période particulière. Le congé menstruel qui prendra effet au 1er janvier prochain pourra être de deux jours.

La directrice des Ressources humaines Sandra Leboeuf et Michelle Delage, troisième adjointe au maire en charge de la Santé, des seniors, de l’autonomie et de l’égalité femmes-hommes.
La directrice des Ressources humaines Sandra Leboeuf et Michelle Delage, troisième adjointe au maire en charge de la Santé, des seniors, de l’autonomie et de l’égalité femmes-hommes.

« Les douleurs menstruelles sont un vrai sujet pour lequel j’ai nourri une sensibilité particulière depuis que je suis adolescente en observant ce qui se passait dans mon entourage, confie Michelle Delage, troisième adjointe au maire en charge de la Santé, des seniors, de l’autonomie et de l’égalité femmes-hommes. Depuis des décennies, le syndrome des règles douloureuses et l’endométriose sont tabous. Or ce sont des pathologies qui engendrent des douleurs intolérables mais personne n’en parlait jusque récemment. Il faut progresser. À notre niveau, il fallait agir. »

D’autres collectivités ont déjà pris ce type de mesures. En général, l’absence accordée est d'une journée, à Abbeville, dès le 1er janvier 2024, il sera de deux jours. Sur un effectif de 500 salariés - dont 200 femmes employés à la mairie -, la mesure devrait bénéficier à une vingtaine de salariées : « La mesure a été votée à l’unanimité par le Conseil municipal, se réjouit celle qui est aussi la doyenne des élus. Dès le début du projet, le maire, le Directeur général des services, la directrice des Ressources humaines y ont été favorables. Maintenant, il va nous falloir étudier comment mettre en place la mesure. »

Le congé menstruel, qui sera accordé après présentation d’un certificat médical attestant de la pathologie, ne sera en effet pas appliqué de la même manière si une salariée occupe un poste de travail en extérieur ou en bureau : « Dans ce dernier cas, il pourra s’agir d’aménagements horaires comme par exemple une arrivée plus tardive, un départ plus tôt, du télétravail, si la personne se sent capable de travailler, explique Sandra Leboeuf, directrice des Ressources humaines, à la mairie depuis 2020. Nous fonctionnerons au cas par cas, d’autant que les douleurs sont ressenties différemment d’une personne à l’autre. Il n’y aura que mon service qui sera informé. »

Les salariées se sentent écoutées

Une vingtaine de salariées ont d’ores et déjà été identifiées : « J’ai déjà des personnes qui sont venues me voir, poursuit la DRH. C’est une mesure qui est très attendue, les salariées se sentent écoutées sans avoir honte de leur situation. Par moment, nous enregistrions de petits arrêts, nous nous doutions que c’était à causes des douleurs menstruelles. »

Quant à Michelle Delage, elle se fait régulièrement arrêter dans la rue par des dames qui lui adressent des félicitations : « Elles me disent que c’est dommage qu’elles ne puissent pas en bénéficier dans leur travail. Moi, tout ce que je voulais, c’était améliorer la qualité de vie au travail de nos salariées », confie-t-elle.

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Cette expérimentation a été annulée après la parution de notre article : la sous-préfète de l’arrondissement a en effet informé le maire que cette délibération ne reposait sur aucune loi et était donc illégale. Le conseil municipal a voté un vœu destiné notamment à la Première ministre Élisabeth Borne pour demander « une autorisation spéciale d’absence pouvant aller jusqu’à deux jours par mois durant la période menstruelle en cas de souffrance ou pour se rendre à des rendez-vous médicaux dans le cadre
de la pathologie associée 
».