Aménagement
Abbeville se lance dans son deuxième programme Action cœur de ville
Lancé en 2018, le premier programme avait permis par exemple la rénovation de la rue du Maréchal-Foch. Le second, récemment signé, se veut encore plus ambitieux. Dominique Consille, directrice des programmes Action cœur de ville et Petites ville de demain au sein de l'Agence nationale de la cohésion des territoires était venue s’en rendre compte quelques jours auparavant.
Cinq ans après s’être engagée dans le dispositif Action cœur de ville, Abbeville a donc signé le second volet, pour la période 2023-2026. Rappelons que le premier avait permis de mettre en place une Opération programmée pour l'amélioration de l'habitat (OPAH) toujours en cours, de réaménager la rue du Maréchal-Foch, bâtir le Conservatoire de musique, créer un espace de coworking, mettre en place un programme annuel d’animations, de créer la plate-forme Baie de Somme shopping.
Le bilan financier est près de 14 millions d’euros avec une participation de l’État d'environ 4,8 millions, du Département et de la Région (environ 500 000 euros sur l’ensemble de ACV), de la Banque des territoires à hauteur de 192 145 euros, de la Communauté d’agglomération de la baie de Somme (1,5 million d’euros) et de la ville (environ 700 000 euros).
Le deuxième opus d‘Action cœur de ville se veut encore plus ambitieux que le premier. Y figurent notamment des travaux de réhabilitation du pont de Béthune et la rénovation de la traverse du Ponthieu, l’aménagement de l’aire accueil multimodal à proximité de l’hôpital et l’achat du foncier (1,42 million d’euros, financé par l’État et les collectivités partenaires), la restauration de l’église Saint-Gilles, l’aménagement de l’avenue de la gare (400 000 euros), la création d’un pôle Éducation jeunesse en centre-ville, la rénovation et l’extension du beffroi-musée Boucher de Perthes Manessier (près de 23 millions d’euros et plusieurs modalités de financement escomptées), la rénovation du stade Paul-Delique vers 2028 (plus de 21 millions d’euros avec des fonds espérés de la Région, du Conseil départemental, de l’État et de l’Agence nationale du sport), des études et aménagement de pistes cyclables, la requalification des espaces paysagers de l’entrée est, la mise en place d’une signalisation communale (travaux en 2026), la restauration des jardins du Carmel, la réhabilitation des jardins, de la serre et de l’hôtel d’Emonville, la réhabilitation de l’ancien site de la chambre de commerce et d’industrie par Nexity - qui va proposer 50 logements de standing -, la réhabiliation d’une ancienne friche commerciale (chaussée du bois) en logements et commerces.
« On a beaucoup travaillé pour que le commerce de centre-ville retrouve ses marques et ses couleurs, souligne Pascale Demarthe, maire et président de la Communauté d’agglomération de la baie de Somme. Nous misons aussi sur le logement, la réhabilitation dans l’ancien et la construction. »
« C’est un outil fantastique qui est à votre portée, assure Rollon Mouchel-Blaisot, préfet de la Somme venu signer avec Abbeville, Saint-Valéry-sur-Somme, Cayeux-sur-Mer et Longpré-les-Corps-Saints (toutes trois engagées dans Petites ville de demain), un avenant à la convention opération de revitalisation du territoire. Cela vous apporte des facilités procédurales, un dispositif fiscal… Des financements privés viennent compléter la dynamique engagée. Vous avez votre mot à dire pour le développement commercial et même vous pouvez saisir le préfet pour de nouveaux projets à venir. »
Le préfet de la Somme a poursuivi en soulignant que ces outils permettaient de lutter contre l’étalement urbain tout en remettant de l’ordre en périphérie, en particulier au niveau commercial [ndlr, : le PLU est en cours de modification pour permettre à la ville de maîtriser son foncier. Par ailleurs, elle est en cours d’instauration d’un droit de préemption commercial], et en rendant la ville désirable que ce soient au niveau des logements, des commerces, du cadre de vie, du stationnement, des services : « Ce sont des outils pour vous les élus destinés à mener les opérations que vous aurez décidé », a t-il a nouveau répété.
Quelques jours avant la signature d’Action cœur de ville 2, Dominique Consille, directrice des programmes Action cœur de ville et Petites villes de demain au sein de l'Agence nationale de la cohésion des territoires, s’est rendue sur place. Elle a évoqué une « ville dynamique, un commerce accessible. Un centre-ville animé et actif ».
À cette occasion, Pascal Demarthe avait évoqué un logement au coeur des priorités : « Les Parisiens investissent à Abbeville, a-t-il pointé. Ils découvrent une ville dynamique qui abrite tous les services et qui se situe à 20 minutes de la côte picarde tout en étant proche de l’A28 qui mène à Boulogne-sur-Mer. Les propriétaires des réserves au dessus des commerces peuvent bénéficier d’aides à la rénovation en s’adressant au Guichet unique de l’habitat. »
Concernant l’offre commerciale, il avait informé que la vacance commerciale était descendue à 5% et indiqué que l’objectif était de terminer la zone des 3 châteaux et de ne pas accueillir des enseignes étant en concurrence avec le centre-ville : « Il est reparti, s’est-il réjoui. Depuis que nous avons repris en régie le marché couvert, toutes les cellules sont occupées. Le client y trouve une ambiance chaleureuse. Cela s’accorde bien avec les brasseries situées autour. »
Une visite aussi à Saint-Valery-sur-Somme
Avant sa venue à Abbeville, Dominique Consille a passé une matinée à Saint-Valery-sur-Somme. La commune de la côte picarde s’est engagée dans le dispositif Petites villes de demain.
« Médiathèque, suppression des places de stationnement devant la mairie, rénovation de l’espace urbain, logements pour la population… la municipalité a beaucoup de projets », a t-elle constaté. Ainsi, dans le cadre de l’étude urbaine, la médiathèque serait implantée en extension de l’ancienne école de garçons. Le projet intègre et valorise la chapelle Saint-Pierre qui conforte sa vocation d’espace d’exposition et de réception. Un autre grand projet vise à transformé le parc attenant au bâtiment dit du château (en cours d’achat) en espace partagé. Le château en lui-même serait occupé à l’année dans un esprit de tiers-lieu, co-living, résidences d’artistes…
Dans le cadre du réaménagement de la place de la Croix l’Abbé et des places de circulation, le site de la caserne des pompiers serait reconverti en opération immobilière afin notamment d’accroitre l’offre de logements à destination de résidents permanents. Un projet à près de 2,4 millions d’euros TTC.
De même, la place Saint-Martin devrait être requalifiée. Un véritable parvis devait être créé devant l’église et l’espace devant la mairie sera dégagé. La présence des véhicules sera supprimée le long du belvédère des remparts, dominant la baie. Sur le front de mer, en zone submersible, une terrasse sur pilotis de 550 m² sera créée et un espace multifonctionnel en plein air verra le jour. Sensible au logement des travailleurs saisonniers, la commune entend proposer une offre attractive pour un loyer maximum de 300 à 400 euros par mois, par exemple en contrôlant le développement du parc de locations touristiques meublées ou en remettant sur le marché des logements vacants : « C’est important d’être dans le dispositif, confiait Daniel Chareyron, le maire, suite à la signature à Abbeville de sa convention cadre PVD. Il sera présenté en début d’année à la population lors des voeux. Ce sont de beaux projets. Il faut garder une dynamique, ne pas s’endormir. » Cayeux-sur-Mer et Longpré-les-Corps-Saints sont aussi engagées dans Petites villes de demain. Leurs maires ont aussi signé à cette occasion des avenants pour la mise en place de l’Opération programmée pour l'amélioration de l'habitat (OPAH) multisite.