A69: dans le dernier bastion d'opposants, grands arbres coupés avant évacuation programmée

Employés du concessionnaire de l'A69 et gendarmes sont entrés lundi dans une propriété proche de Toulouse devenue le dernier bastion des opposants à cette autoroute controversée, où des coupes d'arbres...

L'ancienne locataire Alexandra Dupont s'adresse à la presse sur le chantier de l'A69 à Verfeil en Haute-Garonne le 16 septembre 2024 © Matthieu RONDEL
L'ancienne locataire Alexandra Dupont s'adresse à la presse sur le chantier de l'A69 à Verfeil en Haute-Garonne le 16 septembre 2024 © Matthieu RONDEL

Employés du concessionnaire de l'A69 et gendarmes sont entrés lundi dans une propriété proche de Toulouse devenue le dernier bastion des opposants à cette autoroute controversée, où des coupes d'arbres ont été pratiquées avant son évacuation programmée.

Vue du ciel, la situation est claire: la large bande de terre créée par les travaux de terrassement de la future autoroute bute encore sur un espace arboré dans cette zone située à 25 km de la ville rose: c'est le lieu-dit du Verger.    

Lundi matin, les forces de l'ordre sont entrées dans le calme dans l'enceinte de cette propriété de quelque 8.000 m2 comprenant une maison, située sur la commune de Verfeil (Haute-Garonne).

Plusieurs opposants qui se désignent sous le nom d'"écureuils" y sont installés depuis plusieurs semaines et certains sont perchés dans des cabanes accrochées à de grands arbres, ont constaté des journalistes de l'AFP.

L'endroit était jusqu'ici habité par Alexandra Dupont, locataire de 44 ans, qui en a rendu les clés lundi à la mi-journée au concessionnaire Atosca, devenu propriétaire des lieux.

Toute l'après-midi, des employés d'Atosca ont commencé à abattre des arbres de la propriété, suivant la même méthode: coup de tronçonneuse à la base du tronc, suivi par l'action d'une pelleteuse dont le bras mécanique appuie sur l'arbre pour le faire chuter, le tout sous les huées des occupants de la ZAD (Zone à défendre) qui criaient "assassins" ou "soutien aux écureuils" et étaient maintenus hors des zones de travaux par les gendarmes.

La pelleteuse a également détruit un balcon de la maison sur le toit de laquelle se trouvaient des opposants.  

Seuls des arbres inoccupés étaient lundi après-midi mis au sol par le concessionnaire, au moins sept restant occupés par des "écureuils" perchés avec des provisions pour tenter de bloquer le chantier le plus longtemps possible. D'autres parties vertes du terrain, dont un potager ont par ailleurs été rasées.

Au tout début du mois de septembre, une autre ZAD avait été démantelée sur la commune de Saïx (Tarn), et tous ses arbres abattus. Les forces de l'ordre avaient sur ce dernier site fait appel à une unité spécialisée pour "faire cesser les entravements et les accrochages complexes de manifestants", la CNAMO (cellule nationale d’appui à la mobilité), qui n'était pas présente lundi à Verfeil.

Capitalisme

Dans un arrêté d'autorisation de vol d'un drone pour capter des images, publié dimanche, la préfecture de Haute-Garonne évoquait pour lundi le début d'"une opération de gendarmerie visant à procéder à l'évacuation des occupants sans droit ni titre de la ZAD du Verger".

"On est là pour assurer la sécurité de Mme Dupont et de tout le monde", a déclaré le colonel Stéphane Dallongeville, l'un des responsables de l'opération en cours.

Avant l'arrivée des forces de l'ordre sur le site, une jeune opposante à l'autoroute, sous couvert d'anonymat et masquée, avait indiqué à l'AFP être "concentrée, indignée, angoissée, triste et en colère en même temps" face à l'intervention programmée des gendarmes.

"C'est le capitalisme qui écrase la nature encore une fois", a-t-elle estimé.

La future A69, une portion d'autoroute de 53 km entre Toulouse et Castres, est un projet lancé il y a plusieurs dizaines d'années dont l'objectif est de désenclaver le sud du Tarn et qui est soutenu par nombre d'élus du département et la présidente PS de la région Occitanie, Carole Delga.

Cependant, depuis plusieurs mois, le chantier fait l'objet d'une vive contestation avec d'importants rassemblements où les opposants se heurtent aux forces de l'ordre. Des collectifs et mouvements écologistes dénoncent la destruction de zones humides, terres agricoles, arbres, écosystèmes et nappes phréatiques, et soulignent que l'actuelle route nationale est loin d'être saturée.

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