À Yainville, la maison Christofle, spécialiste des arts de la table, en pleine relance
En perte de vitesse depuis les années 2000, la maison Christofle, dirigée par Emilie Metge depuis deux ans, est aujourd'hui en pleine relance, portée par un regain d'intérêt pour les arts de la table depuis la pandémie.
Dans le pays de Caux, la maison Christofle est une institution. Le seul site de production de ce fleuron du luxe français spécialiste des arts de la table est installé à Yainville, au bord de la Départementale 982, depuis les années 1970. « Christofle a été créé en 1830 à Paris,
puis l'entreprise a eu une usine à Saint-Denis avant de s'installer en
Normandie », présente Caroline Radenac, responsable patrimoine
de l'entreprise. Au sein du site 12 000 m2, les salariés de l'orfèvrerie donne vie aux couverts, plateaux et autres objets des arts de la table qui font la renommée de Christofle, propriété de la famille Chalhoub depuis 2012.
Une renommée due à Charles Christofle, fondateur de la marque et bijoutier de formation, qui obtient un brevet d'argenture électrolytique. « Pour un couvert, cent mains travaillent et il y a cinquante étapes environ », entre la mise en forme avec des matrices, la ciselure, le nettoyage, l'argenture et les finitions, assure Caroline Radenac. En parallèle de la production en série, neuf orfèvres travaillent en haute orfèvrerie pour la réalisation de pièces uniques. « Parmi eux, il y a deux Meilleurs ouvriers de France », s'enthousiasme Caroline Radenac.
Un nouvel élan
Un « savoir-faire ancestral de la main » et made in France mis en avant par la nouvelle présidente de l'entreprise depuis deux ans, Emilie Metge. La dirigeante a insufflé un nouvel élan à cette maison en perte de vitesse depuis les années 2000. « Nous nous sommes reposés sur nos lauriers pendant quelques années », constate Angélique Loquin, responsable du site et directrice des ressources humaines depuis sept ans. « Il y a eu un désamour des arts de la table », explique Emilie Metge.
Mais depuis la crise sanitaire, la donne a changé pour Christofle. « Il y a eu un regain d’intérêt pour les arts de la table parce que les gens sont restés chez eux, ont pris soin de leur intérieur, on était au bon endroit au bon moment », s'accordent à dire Angélique Loquin et Emilie Metge. Une situation favorable confortée par une nouvelle stratégie mise en place par la nouvelle dirigeante avec des investissements à hauteur de « 10% de notre chiffre d'affaires » à la fois pour recruter et moderniser les outils industriels.
Une "école Christofle"
« En janvier 2020, il y avait 150 salariés, aujourd'hui nous comptons 205 salariés et 55 intérimaires », affirme Angélique Loquin. Et les résultats sont déjà là. « Nous avons une augmentation de notre chiffre d'affaires de 52% en deux ans », affirme Emilie Metge.
En 2023, les embauches vont continuer, assure la dirigeante qui mise sur le compagnonnage. « Nous avons fait appel à des salariés à la retraite pour former nos jeunes afin de transmettre le savoir-faire », raconte la responsable du site normand, qui parle d'une "école Christofle". Concrètement, il s'agit de formation en interne des intérimaires afin qu'ils soient recruter en CDI. « L'objectif est que les salariés soient heureux, qu'ils aient cette fierté d'appartenance », confie Emilie Metge, qui garde le même mantra que le fondateur de la marque Charles Christofle : « Une seule qualité, la meilleure ! »
La maison Christofle adhère à l'Ecosystème Cléon 4.0
La Chambre de commerce et d’industrie Rouen Métropole a mis en place et anime avec de grandes entreprises locales l'Ecosystème Cléon 4.0. Ce réseau a pour but de nouer
des relations de proximité entre les donneurs d’ordres, les industriels et les sous-traitants
locaux. La maison Christofle a signé une convention de partenariat officialisant son entrée dans cet écosystème. Pour ce fleuron de l’industrie normande, les objectifs sont clairs : s'ancrer davantage dans le territoire et développer des synergies notamment autour de la formation et de la transmission du savoir-faire.