A Vieux-Condé, Agrati fait un tour de vis vers l’électrique

Agrati, leader mondial dans les systèmes de fixation, lauréat France Relance, va investir dans une nouvelle machine sur son site de Vieux-Condé, afin de répondre à la demande du marché des véhicules électriques.

La société italienne Agrati fabrique essentiellement des vis de sécurité comme les vis de roue, de culasse ou encore de bielle. © Agrati
La société italienne Agrati fabrique essentiellement des vis de sécurité comme les vis de roue, de culasse ou encore de bielle. © Agrati

Si tous les indicateurs de la reprise sont au vert dans de nombreux secteurs de l’économie française, l’industrie automobile peine, elle, à retrouver son rythme de croisière. Et si les grands fabricants de véhicules sont en première ligne, c’est l’ensemble de la chaîne qui souffre et notamment les sous-traitants. Rien d’étonnant donc à ce que la société Agrati, spécialisée dans la fabrication de systèmes de fixation pour l’automobile (principalement des vis de sécurité), ait sauté sur l’opportunité donnée par le plan France Relance.

Car il faut aussi préparer l’avenir. Et cet avenir, c’est l’arrivée massive de véhicules électriques dans les prochaines années. Agrati va donc devoir adapter son appareil de production pour produire des vis adaptées aux nouvelles contraintes. «Les véhicules électriques seront plus lourds, détaille Patrick Lelièvre, le directeur du site Agrati situé à Vieux-Condé. Et notamment les batteries ! Nous allons donc passer sur une autre gamme de vis.»

De 80 à 100 pièces par minute

Grâce aux 380 000 euros accordés par France Relance, Agrati va donc investir 800 000 euros dans une nouvelle machine, afin d’augmenter le diamètre de ses vis pour répondre à ce nouveau marché. Les cadences vont aussi augmenter. «Nous étions à 80 pièces minutes sur nos anciennes machines, nous allons passer à 100 avec la nouvelle.»

Si l’investissement est source d’optimisme, il n’en demeure pas moins que la situation du marché a de quoi inquiéter. Avec la pénurie des semi-conducteurs liée à la pandémie, «les constructeurs ne fabriquent plus de voitures donc ils ne commandent plus de vis», résume Patrick Lelièvre. Et les conséquences de cette pénurie sont facilement quantifiables. «Avant la crise, nous produisions 1,3 millions de vis par jour, détaille-t-il. Aujourd’hui, nous sommes 40% en dessous de ce chiffre.» En 2019, le groupe Agrati a enregistré un chiffre d’affaires de 40 M€. En 2020, il a été de 30 M€. «On ne sait pas encore pour 2021, note Patrick Lelièvre. Mais on ne retrouvera pas le chiffre de 2019».

Repenser la chaîne industrielle

Bien évidemment, l’activité du site de Vieux-Condé s’en trouve fortement impactée. «Sur cinq jours par semaine, nous sommes deux jours à l’arrêt», déplore encore Patrick Lelièvre, pour les 200 salariés de son site et les 70 qui composent le pôle logistique. Mais ce n’est pas tout. Agrati prend aussi de plein fouet l’augmentation importante du prix de l’acier. «On était à 650 euros la tonne avant la crise, aujourd’hui on en est presque à 1 000 euros…» note Patrick Lelièvre.

Mais ce n’est pas tout. Patrick Lelièvre espère bien que le Plan de Relance sera assorti d’un changement de façon de travailler de l’ensemble de la chaîne. «L’usine Toyota est située à 15 minutes de chez nous. Or ils ne nous achètent pas de vis...». Et c’est tout de même dommage. Car quitte à produire des véhicules électriques, plus vertueux pour l’environnement, autant s’approvisionner en circuits-courts, en ce qui concerne les accessoires.