A Tourcoing, Cédric Hamel prend les rênes de Corri Servais

Suite au départ en retraite de Bruno Servais, Cédric Hamel prend la présidence de Corri Servais, une entreprise familiale spécialisée dans la robinetterie industrielle. Rencontre avec le repreneur.


Cédric Hamel, nouveau dirigeant de Corri Servais.
Cédric Hamel, nouveau dirigeant de Corri Servais.

C'est une entrée dans une nouvelle ère pour Corri Servais. Après 35 ans à la tête de cette entreprise, Bruno Servais cède la place à Cédric Hamel.

Le nouveau dirigeant a bien conscience de l'ampleur de l'héritage. Les locaux qu'il foule sont classés «historiques» et ont appartenu à trois générations de la famille Servais. «Cent ans de savoir-faire», résume-t-il.

C'est pour faire perdurer l'esprit familial de la PME de 26 salariés que Cédric Hamel a été choisi. «Bruno Servais voulait céder l'entreprise à un entrepreneur capable de perpétuer ses valeurs familiales. Il ne voulait pas que cette identité soit perdue par le biais d'un rapprochement de groupes», raconte-t-il.

Lui a été séduit par l'approche artisanale du métier. La société COnstruit et Répare de la Robinetterie Industrielle (d'où le nom «Corri», ndlr.), avec une expertise en haute pression et haute température. «J'ai toujours été passionné par la transformation de matière. Ici, on fabrique ce que l'on vend. L'usinage, la soudure et l'assemblage de nos vannes sont faits sur place. Il y a un vrai savoir-faire et l'accent est mis sur la traçabilité de la marchandise. En quelque sorte, c'est une marque haut de gamme, avec les mêmes codes que l'industrie du luxe.»

Illustration du savoir-faire de Corri Servais.

«Un retour aux sources»

Car le luxe est le secteur dont Cédric Hamel est issu. Après avoir grandi à Tourcoing et étudié à la Skema à Lille, le nouveau dirigeant a travaillé dans l'industrie du ciment pendant trois ans, puis dans l'industrie du luxe pendant une vingtaine d'années : «J'ai travaillé au développement de marques en tant que directeur d'opérations, notamment pour le groupe LVMH. Après avoir beaucoup voyagé, en rentrant en France, j'ai voulu me rapprocher de l'environnement des PME

Son dernier contrat l'avait ainsi placé à la tête de Clergerie, l'une des dernières marques de chaussures à avoir sa propre usine en France.

Au rênes de Corri Servais depuis mars dernier, l'ambition de Cédric Hamel pour les dix prochaines années est de développer la relation clients. «L'objectif est d'aller chercher de nouveaux clients, en France mais aussi en Europe, pour passer de 6 à 9M€ de chiffre d'affaires d'ici cinq ans», annonce-t-il. Actuellement, 90% de ce CA est effectué en France grâce à la sollicitation de grands groupes tels que Total, Engie ou encore Roquette, et divers bureaux d'engineering. «Nous avons des forces à faire valoir : la qualité et la durée de vie de nos produits, mais aussi notre réactivité. Notre délai de livraison est de 6 à 8 semaines en moyenne, contre 20 à 24 semaines chez nos concurrents.»

L'innovation sera également un sujet. «Toute la finesse est d'allier innovation et héritage de savoir-faire. Le but sera toujours d'être plus qualitatif, plus efficace, et d'assurer la sécurité des employés.» Ce qui passera notamment par la formation. «Il faudra par ailleurs assurer la continuité de l'entreprise : beaucoup de nos collaborateurs vont prochainement partir à la retraite, la transmission va être un vrai enjeu», complète Cédric Hamel.

Ce rôle de transmission a déjà lieu en ce moment : Bruno Servais restera au côté du repreneur pendant trois mois pour s'assurer que la passation se déroule sans encombre.