A Sandouville, Bruno Le Maire détaille sa feuille de route pour la réindustrialisation
Continuer à baisser les impôts de production, trouver du foncier et développer de nouvelles filières: Bruno Le Maire, en déplacement en compagnie d'Edouard Philippe à l'usine Renault de Sandouville, a déroulé sa...
Continuer à baisser les impôts de production, trouver du foncier et développer de nouvelles filières: Bruno Le Maire, en déplacement en compagnie d'Edouard Philippe à l'usine Renault de Sandouville, a déroulé sa feuille de route pour réindustrialier la France.
"C'est bon pour la planète de produire en France. Un produit fabriqué en France, c'est deux fois moins d'émissions de gaz à effet de serre qu'aux Etats-Unis et quatre fois moins qu'en Chine", a souligné le ministre de l'Economie et des Finances, qui accompagnait le directeur général de Renault Luca de Meo pour des annonces d'investissement.
L'usine de Sandouville va produire les futurs FlexEvan à horizon 2026, des fourgons électriques nouvelle génération qui fourniront la co-entreprise Flexis, créée par Renault, Volvo et l'armateur CMA CGM et pensée pour les livraisons du "dernier kilomètre".
L'annonce s'est accompagnée d'une promesse de 550 embauches en quatre ans et 330 millions d'euros d'investissement pour ce site de production historique du groupe automobile, où travaillent déjà 1.850 personnes et 600 intérimaires.
Renault et Volvo envisagent d'ailleurs d'investir chacun 300 millions d'euros ces trois prochaines années dans Flexis, qui sera basée en France.
Remise en cause du ZAN
"L'e-commerce explose et ça rend encore plus indispensable la nécessité de réduire l'impact environnemental de ces véhicules en ville", a souligné le directeur général du constructeur français.
Le développement annoncé à Sandouville est le fruit "des baisses d'impôts de production", a affirmé Bruno Le Maire. "Nous continuerons de baisser les impôts de production en France", a-t-il ajouté, alors que le gouvernement est à la recherche d'économies pour réduire le déficit public qui a atteint 5,5% du PIB en 2023, soit 15,8 milliards d'euros de plus qu'attendu.
Pour le ministre, il est urgent de créer de "nouvelles filières industrielles" dans les batteries mais aussi dans l'intelligence artificielle, les pompes à chaleur et le photovoltaïque. Les batteries pour le FlexEvan seront d'ailleurs fournies par Verkor et son usine de Dunkerque, qui a un partenariat avec Renault.
L'ex-Premier ministre Edouard Philippe et Bruno Le Maire ont tous deux alerté sur la nécessité de trouver des terrains pour faciliter l'implantation d'industries en France. "Nous devons nous interroger sur la mise en oeuvre du ZAN", la loi "zéro artificialisation nette" de juillet 2023, qui consiste à limiter l'extension de l'artificialisation des sols, a estimé le ministre.
Celle-ci exclut déjà les projets industriels verts du ZAN. "Demandons-nous si nous ne devons pas faire de même pour tous les projets industriels qui respectent les normes environnementales les plus strictes", a interrogé le ministre.
"Il n'y a pas d'usine sans terrain", a ajouté M. Le Maire qui estime à 22.000 hectares la surface nécessaire pour construire des usines d'ici 2030. Il a d'ailleurs promis l'aménagement de 1.500 hectares sur les ports du Havre, de Dunkerque et de Marseille pour favoriser l'implantation d'usines.
Energie abondante
"Aujourd'hui, disposer d'un foncier utilisable pour installer une usine, c'est compliqué", a abondé Edouard Philippe.
"Il serait absurde alors qu'il y a des projets pour des usines qui participent à la transition écologique qu'il n'y ait pas de place pour les installer", a souligné le maire du Havre.
Edouard Philippe a également identifié deux autres écueils pour l'accélération de la réindustrialisation: la formation et le coût de l'énergie.
"Si nous voulons réindustrialiser le pays, nous devons former des femmes et des hommes à ces nouveaux métiers", a-t-il souhaité, et "ça passe par un effort de mobilisation de la ressource humaine exceptionnelle".
Autre nécessité: "avoir accès à une énergie abondante, si possible peu chère", a formulé l'ancien locataire de Matignon, sans détailler la manière d'y arriver.
Toujours opposé à une augmentation des impôts pour combler le déficit public, Bruno Le Maire a aussi encouragé l'actionnariat salarié. Et "si on est pour l'actionnariat salarié, on n'est pas pour augmenter l'imposition des dividendes", a-t-il dit, alors que certaines voix dans la majorité ont invité à envisager une hausse de leur taxation.
Actuellement, ces revenus sont soumis à un prélèvement forfaitaire unique plafonné à 30%.
"La stabilité et la visibilité fiscales sont un gage de confiance", a souligné M. Le Maire. "Ne touchons pas aux impôts", a-t-il répété.
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