À Port-Jérôme, l'agence Ponticelli est un véritable couteau-suisse
Le groupe Ponticelli frères a une riche histoire. Créée en 1921, l'entreprise a ouvert son agence à Port-Jérôme en 1962. Visite à l'occasion de l'événement national «usines ouvertes».

Participer à l'opération nationale «usines ouvertes», début avril, était une évidence pour l'agence Ponticelli Frères basée à Port-Jérôme. Pour l'occasion, elle a ouvert la majorité de ses bâtiments aux visiteurs. Le groupe, fondé en 1921 en région parisienne est alors spécialisé dans le levage. Les grues et autres engins de levage rouges sont d'ailleurs toujours fortement associés à l'entreprise. Mais elle s'est diversifiée au cours des années. Après la Seconde guerre mondiale, avec la reconstruction, Ponticelli s'est ainsi développée dans la chaudronnerie et la tuyauterie.
Aujourd'hui, l'agence de Port-Jérôme, créée en 1962, intervient également en mécanique, usinage, maintenance, dans le nucléaire, et a même un pôle de formation en soudure. «Nous intervenons dans de nombreux secteurs comme la chimie, la pétrochimie, la défense… et nous comptons 450 collaborateurs en Normandie» détaille Pierre Barcelo, directeur régional. Outre Port-Jérôme, le groupe possède des agences normandes au Havre, Grand-Quevilly, Dieppe, Brix, Caen et Porcheville (78) rattachée au territoire.
Des chantiers d'envergure
«En Normandie, le levage représente environ 30% de l'activité, à l'échelle du groupe, c'est 3%», constate Yannick Lenoir, responsable régional levage. Sur la Normandie, l'entreprise compte plus d'une vingtaine de grues allant de 7 à 700 tonnes. Dans ce parc, se trouve une grue à chenilles LR 1600 dont quatre exemplaires existent seulement en France, avec une charge utile de 600 tonnes. Ce mastodonte, dont Ponticelli possède un autre exemplaire, «nécessite 55 semi-remorques pour son déplacement, une semaine de montage et 500 tonnes de contrepoids, l'équivalent de 20 camions» souligne Frédéric Lebaillif, chef de chantier.
Ces engins sont adaptés à des chantiers d'envergure comme la construction de parcs éoliens offshore. Autre exemple, illustrant l'activité de l'agence de Lillebonne : en 2020 elle est mobilisée chez Exxonmobil «pour remettre en place une tuyauterie d’essence de 330 mètres». Neuf grues ont été utilisées de façon simultanée nécessitant une coordination millimétrée. Parmi les chantiers d'envergure, il y a quelques mois, les équipes ont aussi opéré lors de l'arrêt technique majeur de Yara au Havre. «C'était une intervention complexe qui a duré 8 semaines et mobilisé 100 personnes», constate Ludovic Cadinot. Une maintenance qui a concerné 150 équipements et 150 tâches de métallurgie.
De la métallurgie au nucléaire
Qu'il s'agisse d'une opération ponctuelle de maintenance ou d'une intervention lourde sur un site en arrêt pour une modernisation, l'agence doit s'adapter. «Dans notre atelier de métallurgie, des machines anciennes côtoient des machines plus modernes comme notre centre d'usinage 4 axes» remarque Ludovic Cadinot, responsable métallurgie. Une imprimante 3D est également utilisée, notamment pour réaliser des prototypes.
Parmi les secteurs porteurs, le nucléaire figure en bonne place. «Dans ce domaine, nous intervenons lors des arrêts de tranche (où l'on procède à l'ouverture de la cuve du réacteur, ndlr), réalisons la maintenance, participons à des chantiers de construction…» énumère Thierry Acard, conducteur de travaux. Mais l'entreprise veut saisir des opportunités. «Nous souhaitons développer notre savoir-faire dans le levage dans le domaine nucléaire» rebondit Thierry Acard. L'entreprise ne compte pas s'endormir sur ses lauriers. «Notre défi est de nous transformer avec agilité. Par exemple, dans la plasturgie de nouveauté métiers se développent» conclut Pierre Barcelo.
Pour Aletheia Press, Laetitia Brémont
Lazare, le dernier vétéran de la première Guerre mondiale
L'entreprise française est fondée par trois frères originaires d'Italie, Céleste, Bonfils et Lazare Ponticelli. «Lazare était le dernier poilu français» révèle Pierre Barcelo, directeur régional. Décédé le 12 mars 2008 à l'âge de 110 ans, Lazare Ponticelli s'était engagé en France durant la Première guerre mondiale en trichant sur son âge. En mai 1915, il est démobilisé. En effet, il doit rejoindre l'armée de son pays d'origine, l'Italie, qui vient d'entrer en guerre. Ce qu'il refuse ! Des gendarmes devront donc l'escorter. Lors de la Seconde guerre mondiale, Lazare Ponticelli obtient la nationalité française.