Aéronautique
À Pinon, Duperrier Industrie mise sur l’industrie 4.0
Le secteur de l’aéronautique ne cesse de traverser les courants d’air froid : après la crise liée à la Covid-19, c’est maintenant la hausse des prix des matières premières qui incombe le secteur. Alors l’entreprise Duperrier Industrie, basée à Pinon dans l'Aisne tente de s’organiser au mieux face aux secousses. Pour cela, elle s’appuie sur ses investissements et son industrie 4.0.
À Pinon, Duperrier Industrie, spécialisée dans l’usinage de pièces métalliques de métaux durs de type titan TA6V servant à l’assemblage des moteurs et des systèmes d’échappement d’avions neufs, n’a pas échappé aux conséquences liées à la pandémie de Covid-19. Ainsi, l’entreprise est passée de 2,6 à 1,2 million de chiffre d’affaires, en un an.
« La crise a été terrible pour nous, car nous sommes à 80% sous-traitant pour l’aéronautique. Avec des avions cloués au sol, le travail manquait. Nous avons donc perdu 50% de notre chiffre d’affaires », introduit, avec une pointe d’amertume, Pierre Colvez, responsable technique chez Duperrier Industrie. Mais la société a également perdu de la main d’œuvre, passant ainsi de 17 à 11 salariés. « Aujourd’hui, nous sortons peu à peu la tête de l’eau. Les commandes ont repris subitement, il faut les honorer », ajoute Pierre Colvez.
800 000 euros d’investissements
Et pour cela, l’entreprise compte sur les investissements qu’elle a réalisés il y a trois ans. « En 2019, nous avons doublé la surface de production pour y installer des lignes automatisées. Des lignes qui aujourd’hui sont essentielles », ajoute le responsable technique. Au total, 800 000 euros ont été investis pour l’installation d’une ligne robotisée de fraisage et pour l’installation d’un tour bi-broche préconfiguré pour fonctionner avec un robot polyarticulé.
Une installation 4.0 qui présente de nombreux avantages. « Cela nous permet de dégager du temps pour les séries récurrentes et ainsi garder du travail à forte valeur ajoutée pour les salariés. Un autre avantage, c’est que les lignes automatisées ne s’arrêtent jamais, elles travaillent même quand les hommes ne sont pas là, donc nous pouvons les faire tourner la nuit », ajoute le responsable technique. L’entreprise économise ainsi du temps, de l’argent, mais pallie aussi le manque de main d’œuvre dont souffre le secteur.
Nouvelle difficulté : le coût des matières premières
La crise de la Covid-19 s’estompe peu à peu, mais c’est une tout autre problématique qui vient à présent assombrir le secteur de l’aéronautique : la hausse des prix des matières premières.
« Il faut savoir que le prix de certains alliages a doublé quand d’autres ont pris 300% de plus », précise le responsable technique. Des prix qui fluctuent au jour le jour. « Il y a certains prix chez les fournisseurs qui ne sont valables qu’une seule journée. La fluctuation est énorme. Il y a un an ou deux, les prix des alliages étaient fixés au mois, maintenant, ils le sont à la journée », constate Pierre Colvez. Les devis deviennent ainsi difficiles à établir, impactant la compétitivité.
« La difficulté, c’est que, même pour une série récurrente, nous ne pouvons plus tenir les prix », précise Pierre Colvez. Une pénurie qui ne devrait pas s‘arranger rapidement. Le secteur de l’aéronautique va devoir redoubler d’efforts pour déployer ses ailes et survoler toutes ces difficultés.