A Nice, dernier hommage émouvant à une famille décimée dans un incendie criminel

Sept portraits surplombant autant de cercueils, et des fleurs blanches: un dernier hommage émouvant a été rendu samedi à Nice à la famille décimée dans l'incendie criminel de son immeuble, lié vraisemblablement à un conflit...

Cérémonie en mémoire des sept victimes, dont trois enfants, ayant péri dans un incendie criminel, le 27 juillet 2024 à Nice © Valery HACHE
Cérémonie en mémoire des sept victimes, dont trois enfants, ayant péri dans un incendie criminel, le 27 juillet 2024 à Nice © Valery HACHE

Sept portraits surplombant autant de cercueils, et des fleurs blanches: un dernier hommage émouvant a été rendu samedi à Nice à la famille décimée dans l'incendie criminel de son immeuble, lié vraisemblablement à un conflit pour trafic de stupéfiants auquel elle était étrangère.

Plus de 1.500 personnes, parmi lesquels de nombreux membres de la communauté comorienne française dont faisaient partie les victimes, ont afflué dans l'après-midi pour assister à cette cérémonie organisée par la ville de Nice au palais Nikaïa pour dire adieu aux sept personnes mortes mi-juillet - dont trois enfants.

Dans cette salle de spectacle plongée dans le noir pour l'occasion, seuls quelques projecteurs éclairaient les sept cercueils alignés, non loin des portraits des victimes posés, chacun, devant une grande gerbe de fleurs blanches, sur un chevalet.

Plusieurs personnes se sont succédé au micro pour rendre un dernier hommage aux sept victimes: les parents, trois enfants âgés de 5, 7 et 10 ans, ainsi qu’un adolescent et une jeune femme.

Dans la salle, beaucoup étaient coiffés d'un kofia, couvre-chef traditionnel des hommes comoriens de confession musulmane lors des cérémonies religieuses.

De nombreux Comoriens ont afflué en cars depuis plusieurs villes de France, dont Marseille où résident un grand nombre de ressortissants de ce petit archipel de l'océan Indien. Etaient aussi présents des habitants du quartier populaire des Moulins, où les faits se sont produits, ainsi que d'autres Niçois touchés par ce drame.

Les proches ont évoqué avec émotion la mémoire de ces "merveilleuses personnes" qui composaient cette famille "attachante et aimante", en demandant que "la justice soit sévère" avec les personnes à l'origine de l'incendie meurtrier.

Comme un soleil

"Je travaillais avec le papa sur le même chantier de Monaco et, depuis l’incendie, on vit mal, très mal. Un incendie criminel comme ça, en pleine nuit, c’est choquant", a témoigné auprès de l’AFP Saïd Mahmoud, 52 ans, un habitant de Nice venu assister à l'hommage.

"Le petit garçon de sept ans était dans mon école et quand il entrait en classe, c'était comme un soleil, il aidait tout le monde, c’était une famille très bien. La grande soeur voulait être médecin ou infirmière pour aider les gens, elle aussi", a confié, très émue, Félicité Galéa, 63 ans, institutrice à l’école Flore-1, située non loin du quartier défavorisé des Moulins.

Dans une allocution, le maire de Nice Christian Estrosi (Horizons, droite) a fait part de sa "révolte" et de sa "colère" devant ces victimes "assassinées sauvagement", "victimes du narcoterrorisme". 

"Ce drame touche de plein fouet les Comoriens de Nice mais bien au-delà, tous les Niçois ont le coeur brisé", a-t-il dit, regrettant au passage le peu d’émotions suscité, selon lui, au plan national, par "la mort de sept innocents".

Le 18 juillet, dix personnes d’une même famille dormant dans un appartement du septième étage d’un immeuble de ce quartier de l’ouest de la ville touché par le trafic de drogue avaient été réveillés en pleine nuit par un violent incendie, allumé volontairement à plusieurs niveaux inférieurs du bâtiment. Sept d’entre elles n’ont pas survécu. 

Seuls trois jeunes hommes, dont l’un blessé gravement et encore hospitalisé, ont échappé aux flammes.

La justice a déjà placé en détention provisoire trois des cinq suspects de cet incendie criminel et recherche activement les deux autres. Elle les soupçonne d’avoir voulu s’en prendre à un résident de l'immeuble où vivaient les victimes pour prendre le contrôle d’un point de deal voisin, les membres de cette famille comorienne apparaissant comme les victimes collatérales du règlement de comptes.

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