À Montmacq, le futur canal grand gabarit se dessine
Le premier coup de pelle avait été donné en octobre 2022. Depuis, le chantier du Canal Seine-Nord Europe prend forme à Montmacq, s'intégrant dans la première phase des travaux. Les piliers des futurs ponts sont posés et le tracé se dessine. Si la première phase des travaux avance et se terminera en 2028 , la deuxième et dernière phase débutera en 2024 jusqu'en 2030.
Le
chantier de 107 km de canal a débuté et les travaux dans l'Oise, la
première étape, ont déjà bien avancé. Dans ce secteur 1, les
enjeux ne sont pas les mêmes. Si de Compiègne à Choisy-au-Bac il
s'agira d'approfondir et d'élargir le canal, de Choisy-au-Bac à
Ribécourt, un nouveau canal sera creusé, pour un autre
élargissement de Cambronne-les-Ribécourt à Passel. À Pimprez et à
Ribécourt, les premiers grands travaux sont terminés : la
réalisation des quais est achevée depuis décembre 2022 le long du
canal, utilisés uniquement pour l'évacuation des matériaux des
travaux par voie fluviale et qui seront exploités in fine en
arrières-quais.
À Montmacq, le Société Canal Seine-Nord Europe recrée un nouveau lit pour l'Oise - le rescindement actuel étant partiel pour la construction des ponts - mais il n'y a pas que le canal et les quais concernés par ce chantier, il y a aussi les ponts. Sur le secteur 1 (18 km), 11 franchissements vont être construits dont sept nouveaux ponts. À Montmacq, deux pont sont en cours de construction, de part et d'autre du futur canal, au niveau de la départementale 66. « Il faut démolir les ponts existants car le canal sera plus large », explique Lyna Pobeda, directrice de territoire Compiégnois-Noyonnais. Dans la continuité, une nouvelle route sera réalisée aux alentours de Pimprez, ainsi qu'un pont, en cours de construction.
Également
à Montmacq, la première conduite du syphon du Ru du Moulinet est
terminée et la dernière s'achèvera dans quelques semaines. Ce dernier, de 260 m de
traversée sous le canal, assurera la connexion entre le bras de
l’Oise dit « de Terre Sainte-Croix » avec l’Oise. Le
déversoir (ou évacuateur de crue) en cours de réalisation (fin
prévue au printemps 2024) permettra le transfert
d’une partie du débit de crue de l’Oise « pour
réduire l’impact des crues entre Montmacq et Compiègne »,
rend compte Pierre-Yves
Delporte, directeur adjoint du secteur 1.
D'autres
chantiers débuteront à la fin de l'année 2023 et en 2024. L'écluse
de Montmacq/ Cambronne-lès-Ribécourt, dont les travaux dureront
quatre ans.
Une biodiversité recréée
La
préservation de la biodiversité n'échappera pas au chantier. La
Société du canal Seine-Nord Europe entend inscrire son futur canal
dans ces problématiques. Du côté de l'environnement, un
écosystème va être totalement recréé dans le but de préserver
la faune et la flore locales. « Nous
allons recréer deux fois plus que l'écosystème impacté,
assure Antoine Lefrancq, responsable des travaux environnementaux.
Et le tracé choisi est celui qui possède le moins d'impact su la
biodiversité. Le secteur un, par exemple, évite de traverser la
forêt de Compiègne. »
Et près de 200 arbres à enjeux identifiés ont été déracinés
avec une méthode d’abatage spécifique sur ce premier secteur.
Le
tracé est minutieusement réfléchi mais sa réalisation modélise
ces objectifs : 11 km (sur 18) de berges seront lagunées (un
système créé en
2010 par Voies navigables de France en guise de mesure compensatoire)
favorisant
ainsi la vie des poissons et des amphibiens. Mais pas seulement. « Un
des grands objectifs est aussi de préserver les gros gibiers »,
note le responsable. Dans ce sens, les berges en pente, dites douces,
caractériseront le canal et des corridors écologiques (comme des
éco-ponts) aideront les animaux à traverser le canal. Autre
opération de sauvegarde réalisée, cette fois pour les
poissons : 850 poissons (neuf espèces) prélevés et relâchés
dans l’Aisne à environ 200 mètres en aval de l’écluse n°7 de
Carandeau sur la commune de Choisy-au-Bac.
Si
les travaux de compensation environnementale ont débuté en 2017,
les premiers déboisements ont été effectués durant les hivers de 2021 et
2022, le prochain et dernier étant prévu à l'hiver 2023 du côté de
Choisy-au-Bac. Au total, pour le secteur 1, les mesures
compensatoires impactent 391 hectares, su la vallée de
l'Oise, la forêt d'Ourscamp/Primprez et la vallée de la Verse? Actuellement, 165
hectares sont en cours d'aménagement.
Une gestion de l'eau maitrisée
Le
futur canal se veut aussi être économe en eau, à l'heure d'une
alerte sécheresse et d'un dérèglement climatique. Ce canal sera
artificiel, car creusé et un peu comme des marches
d’escaliers, il sera constitué de portions d’eau, appelés
biefs, connectés entre eux par des écluses permettant de franchir
les reliefs entre la vallée de l’Oise et la vallée de l’Escaut.
Le bief 1 s'étend sur 8 km, de la future écluse de Montmacq
jusqu'aux berges de Venette, et servira à prélever l'eau pour
alimenter naturellement le canal dans son ensemble. « Parce
que cette portion est naturellement alimentée par l'Oise et l'Aisne
dont le débit est suffisant plus de 90% du temps. Il n'y aura donc
pas de prélèvement dans les nappes phréatiques », précise
Yannick Barbery, ingénieur environnement
hydraulique.
De même,
l'étanchéité de la cuvette se veut très performante, équivalent à
une couche de 40 cm d’argile, et un système de recyclage intégral
de l’eau lors du passage de bateaux aux écluses est prévue, grâce
à des bassins d’épargne et à un système de pompage. Et face au
réchauffement climatique, « une
retenue d’eau de 14 millions m3 est dimensionnée pour faire face
aux périodes de sécheresse importantes et alimenter le Canal en
période de faible débit de la rivière Oise »,
continue-t-il d'expliquer.
Les travaux du secteur 1 dessine
actuellement le futur canal. Un canal qui développera aussi le
tourisme fluvial et fluvestre (sur et autour du canal) avec la
création d'un port de plaisance à Allaines, d’une escale de
plaisance à Saint-Christ-Briost, mais aussi l’ouverture au public
des écluses de Noyon, Allaines et Oisy-le-Verger.