A Menton, LR dénonce "l'impuissance de l'Etat" après le rejet de son référendum sur l'immigration
En "colère" après la décision jeudi du Conseil constitutionnel d'invalider son référendum sur l'immigration, Les Républicains se sont rendus vendredi à la frontière franco-italienne, à Menton, pour dénoncer "l'impuissance de l'Etat face à l'immigration", un axe au...
En "colère" après la décision jeudi du Conseil constitutionnel d'invalider son référendum sur l'immigration, Les Républicains se sont rendus vendredi à la frontière franco-italienne, à Menton, pour dénoncer "l'impuissance de l'Etat face à l'immigration", un axe au coeur de la campagne des européennes à droite.
"Nous sommes ici pour voir la conséquence directe de ce refus opposé aux Français de reprendre la maîtrise de leur destin", a affirmé François-Xavier Bellamy, tête de liste LR aux européennes, aux côtés du patron de LR Eric Ciotti, après la visite du poste-frontière de Menton, point de passage de migrants.
"Notre droit rend l'Etat impuissant sur l'immigration illégale", a-t-il déploré, après la décision du Conseil constitutionnel de rejeter le référendum d'initiative partagée (RIP) déposé il y a un mois par la droite, qualifiée de "catastrophique pour le pays" par l'eurodéputé sortant.
Avec une liste qui stagne autour de 8% dans les sondages, la droite est concurrencée par le RN sur le thème de l'immigration. Jordan Bardella qui caracole en tête des sondages à plus de 30% s'était d'ailleurs rendu au même poste de frontière il y a deux mois aux côtés de l'ancien patron de l'agence de l'UE chargée du contrôle des frontières, désormais candidat au scrutin du 9 juin.
Après s'être entretenu avec les policiers pendant près d'une heure, M. Ciotti est allé plus loin encore en dénonçant "avec beaucoup de colère" ce qu'il a présenté comme "un véritable scandale démocratique (...) qui prive les Français de leur capacité de dire s'ils veulent plus ou moins d'immigration".
Présentant les Sages de la Rue Montpensier comme un "petit cénacle aux ordres du gouvernement", il leur a reproché de ne pas avoir mesuré "l'extrême gravité des conséquences (de leur décision) qui vont peser sur le pays", pendant que six migrants étaient raccompagnés derrière lui à la frontière italienne par la police.
Plus tard, lors d'une réunion avec des élus locaux à Nice, M. Ciotti a condamné "une décision qui nourrit la colère", assurant que "ça va mal finir".
"On marche sur la tête"
Aux côtés de l'eurodéputée sortante Nadine Morano et de l'ancien général Chistophe Gomart, numéro 3 de la liste LR, M. Bellamy et M. Ciotti se sont également rendus sur un contrôle de la police aux frontières au péage de la Turbie, entre Menton et Nice.
Une commissaire, dont l'identité n'a pas été révélée, leur a présenté les contrôles effectués au quotidien par ses effectifs, soulignant que "les passeurs prennent 250 euros par personne" et expliquant dans le détail les procédures à suivre par les agents pour les reconduites à la frontière.
"On marche sur la tête", s'est emporté M. Ciotti, persuadé que la police aux frontières fait face "à des procédures complètement abominables", tandis que M. Bellamy a critiqué "un travail des policiers compliqué par la multiplication des recours et les complexités juridiques".
L'eurodéputé sortant a appelé à ce que "les Français et les citoyens européens retrouvent leurs frontières", estimant que des "personnes qui traversent la frontière sont dangereuses" car, selon lui, "exposées à la radicalisation islamiste".
Informé par les syndicats de police "sur l'existence d'un projet de retrait des forces mobiles" présentes à la frontière, M. Ciotti a écrit une lettre au ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin pour s'en enquérir.
"Si cette information devait se confirmer, je ne peux que vous mettre en garde contre une telle décision qui fragiliserait considérablement le dispositif actuel chargé de faire face à un flux migratoire particulièrement important", a-t-il prévenu dans cette missive dont l'AFP a obtenu copie.
Le référendum, invalidé sur le fond et non sur la forme par le Conseil constitutionnel, reprenait partiellement les éléments de LR que cette même instance avait déjà censurés en janvier dans la loi immigration.
Les Sages ont estimé que les mesures proposées par la droite portent une "atteinte disproportionnée" aux droits à la protection sociale des étrangers en situation régulière. Ils avaient déjà essuyé une série de critiques de la droite et de l'extrême droite après leur large censure du projet de loi immigration, en début d'année. LR et RN avaient réclamé une révision de la Constitution.
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