À Limoges, les fleurs remplacées par des légumes distribués aux habitants
"Vous en voulez encore ?" Nadine Rivet, adjointe au maire de Limoges, est de corvée de patates. Elle s'active aux côtés des employés des espaces verts à distribuer des pommes...
"Vous en voulez encore ?" Nadine Rivet, adjointe au maire de Limoges, est de corvée de patates. Elle s'active aux côtés des employés des espaces verts à distribuer des pommes de terre, gratuitement, à la population.
Salifou, 27 ans, la remercie. Ce jeune homme sans emploi, en survêtement et bonnet gris, remplit son sac à dos d'Anaïs, la variété proposée sur le parvis de la bibliothèque, l'un des lieux de l'opération organisée mercredi et jeudi par la municipalité.
"Je n'ai pas beaucoup d'argent. C'est toujours mieux pour moi que de dépenser des euros au supermarché", confie-t-il.
Au total, 7,5 tonnes de tubercules cultivés dans des champs voisins sont offertes durant deux jours aux habitants de Limoges qui s'est muée en "ville nourricière", promesse de campagne du maire Émile-Roger Lombertie (ex-LR), réélu en 2020.
Une première distribution avait eu lieu il y a un an et d'autres ont suivi en juin et septembre, rencontrant un vif succès. Les Limougeauds ont pu se fournir en courges, poireaux, potimarrons, céleris, persil, fenouil, salades et autres carottes au fil des récoltes et saisons.
Et ils ne sont plus étonnés de voir les massifs de fleurs être remplacés par des plantations de légumes dans la ville, jusque sur le parterre de la mairie, car c'est en partie grâce à ce choix "radical" de la municipalité que se remplissent leurs paniers.
"À la place des fleurissements, qui sont beaux mais qui coûtent cher, on invite les gens à manger des légumes", avait résumé la mairie au lancement de l'opération.
En 2023, 20 tonnes de fruits et de légumes ont été distribuées dans le cadre de cette politique de "ville nourricière" qui vise aussi à cultiver 15 hectares en régie pour fournir à terme les écoles, crèches et Ehpad de la ville, ainsi qu'à développer les jardins familiaux.
"Cela permet d'aider les citoyens qui n'ont que peu de moyens et en cette période de hausse des prix, c'est important", ajoute Nadine Rivet aujourd'hui.
Quelques kilos chacun
Joseph, 60 ans, ancien salarié de l'équipementier automobile Valéo en préretraite, s'approvisionnait pour la première fois cette semaine, avec un cabas rempli de 3 à 4 kilos de pommes de terre.
"Qu'est-ce qui est gratuit aujourd'hui? Plus rien. Alors forcément, nous adhérons à cette initiative. Il faut se débrouiller comme on peut, à l'économie. Et à l'heure actuelle, un centime reste un centime", souligne-t-il.
Évelyne, elle, était déjà venue en septembre, lors de la précédente distribution; elle avait dû faire la queue pendant une heure sur 150 mètres avant d'accéder aux étals. Prudente, elle est venue plus tôt cette fois: "Il y a moins de monde, on peut facilement garnir son panier."
"Je vis seule depuis 21 ans, j'ai un loyer à payer, une petite retraite et comme tout le monde, ce n'est pas facile tous les jours au niveau financier. Pour moi, ça devient de plus en plus dur alors forcément, cette distribution gratuite de pommes de terre à l'approche de Noël, on apprécie. J'ai des petits-enfants que je veux gâter, je regarde chaque dépense", dit-elle.
Les habitants ont pu repartir avec chacun quelques kilos. "Elles sont un peu moches, elles ont été touchées par le taupin (insecte dont la larve parasite le tubercule, NDLR) mais il suffit de les curer un peu, rassurait l'adjointe au maire. Elles sont excellentes, croyez-moi. Bio et cultivées localement".
Au passage, Limoges a perdu son label "Ville fleurie". Et l'assume.
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