A Lille, Bruno Le Maire assure le service après-vente
Le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, est venu détailler, à Lille, les modalités du plan de relance à 100 milliards d’euros du Gouvernement.
Un plan de relance, c’est bien. En connaître le mode d’emploi, c’est mieux. Vendredi 4 septembre, Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie et des Finances, en déplacement dans les Hauts-de-France, a battu le fer tant qu’il était chaud, soit tout juste vingt-quatre heures après l’annonce du Premier ministre, Jean Castex. «Nous n’avons pas le temps d’attendre», a-t-il expliqué aux principaux acteurs économiques de la région à l’occasion d’une table ronde organisée à la préfecture du Nord. «Ce qui est en jeu, c’est le chômage et donc l’inquiétude des Français.» Face à l’urgence et l’inquiétude grandissante dans bon nombre d’entreprises nordistes, le message du ministre a été clair : «Si vous manquez d’argent, on vous l’apporte. Et pas sous forme de prêt, mais sous forme de subvention, ce qui est inédit.»
«Premier arrivé, premier servi !»
Mais les entrepreneurs doivent désormais faire le job, c’est-à-dire déposer rapidement leurs projets s’ils veulent bénéficier de cette manne providentielle. «Ce qui compte, c’est que le projet soit immédiatement disponible, qu’il crée des emplois, a précisé Bruno Le Maire. Un très beau projet mais qui attendra encore douze mois, ça ne m’intéresse pas.» La simplicité des démarches a aussi été mise en avant par le ministre de l’Economie : «Plus c’est simple, plus ça marche. Donc on évite la multiplication des critères. Et je dis aux entreprises : si votre projet est conforme à nos objectifs de transition écologique, il sera retenu.» Le dispositif gouvernemental ne sera toutefois pas extensible : «Ce sera la loi du premier arrivé, premier servi ! Pour ceux qui arrivent trop tard, l’enveloppe sera peut-être épuisée…»
Le groupe Lesaffre va créer 400 emplois
Parmi les entreprises qui vont bénéficier de ce plan, le groupe Lesaffre, une des plus grosses entreprises nordistes. C’est d’ailleurs par une visite à son siège de Marcq-en-Barœul que le ministre de l’Economie a débuté sa journée dans les Hauts-de-France. «Notre pays a un certain nombre de boulets de compétitivité dont tout le monde est en train de prendre conscience», lui a lancé Antoine Baule, le directeur général du groupe Lesaffre. «Dans ce plan, le Gouvernement s’est attaqué aux impôts de production, s’est-il réjoui ensuite. Ce sont des impôts qu’on paie dès qu’on s’installe, avant même d’avoir généré le premier sou de chiffre d’affaires. Ce qui est en train de se passer, c’est qu’on réalise que la compétitivité d’une entreprise crée des emplois et donc du pouvoir d’achat.» Grâce à cette baisse des impôts de production, le géant mondial de la levure devrait créer dans la région, et notamment à Denain, des unités de production pour deux produits fabriqués jusqu’ici en Chine. Ce plan de relance offrira aussi directement de l’argent à des entreprises désireuses de relocaliser en France une partie de leur production.
Accompagner les artisans
Si ce plan de relance est bien accueilli par l’ensemble des acteurs nordistes, Laurent Rigaud, le vice-président de la chambre des métiers et de l’artisanat des Hauts-de-France, s’interroge tout de même sur sa mise en œuvre, mais aussi et surtout sur les bénéficiaires. «Les artisans espèrent que ces milliards ne vont pas passer au-dessus de leurs têtes, a expliqué le boucher de Wambrechies au ministre, lors de la table ronde. Ils veulent les voir tomber dans l’entreprise. Chez nous, il n’y a pas de directeur financier ou de directeur des ressources humaines qui vont faire le boulot. C’est l’artisan qui doit le faire. Or l’artisan, quand il démarre le matin, il a les mains dans le béton ou dans la farine. Donc il faut l’accompagner.»
«Des maisons de la relance»
Justement, Bruno Le Maire a demandé aux services de l’Etat d’être extrêmement réactifs, se faisant même le porte-parole du monde économique, afin d’activer la mise en œuvre de ce plan de relance. Le ministre veut éviter que les procédures soient trop complexes et avec de multiples interlocuteurs, comme il l’a répété à plusieurs reprises. «Les chefs d’entreprise demandent de ne pas être obligés de se rendre dans quarante bureaux, à la Banque publique d’investissement (BPI), aux Urssaf, à la Région… a-t-il détaillé. Ils veulent un endroit unique pour savoir ce dont ils peuvent bénéficier. Donc, je propose que l’on puisse rassembler dans un même lieu les services de l’Etat, la Direccte, les chambres de commerce. Le digital, c’est bien, mais en période de crise on a plus que jamais besoin de contacts humains. Je propose donc la création rapide de ‘maisons de la relance’, des lieux physiques où les chefs d’entreprise pourront être aidés sur le champ.»
Un plan de relance qui doit profiter à tous
Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Michel Lalande, le préfet du Nord, était assis à la gauche du ministre lors de cette table ronde. «Je demande aux préfets de repérer toutes les entreprises qui ont besoin d’être soutenues dans des projets prêts à partir, a expliqué le ministre. Je décaisserai tout de suite et directement, sans passer par les autres ministères.» Enfin, Bruno Le Maire a affirmé ne vouloir laisser personne sur le bord de la route de la reprise. «Toutes les mesures que l’on prend vont aussi profiter aux PME, a-t-il affirmé. Lorsque l’on maintient le chômage partiel, ça profite aux cafés, hôtels et restaurants.» Sans limites ? «Les banques devront évaluer la capacité des entreprises à poursuivre leur activité», a toutefois nuancé Bruno Le Maire. Celles qui sont en grande difficulté, voire même en procédure collective, en profiteront-elles ? «Nous examinerons les dossiers au cas par cas. L’entreprise devra apporter la preuve qu’elle peut se redresser à long terme.» La visite ministérielle à Lille s’est conclue par une volée de belles intentions : «Nous voulons que le plan de relance profite à tous les Français sans exception. Car, au bout de la chaîne, ce sont les ouvriers sur les chantiers qui vont profiter de ce plan de relance.» Dont acte !