A la rencontre du spécialiste de la plaisance de luxe
Créé par la famille entrepreneuriale Wauquiez dans les années 60 sur la métropole lilloise, ce chantier connait un renouveau depuis 2011, avec la volonté de s’affirmer à l’international sur le marché des voiliers haut-de-gamme.
Voilà une pépite du Nord bien discrète mais qui s’impose sur son marché de niche. En 1965, quand l’entrepreneur Henri Wauquiez se lance dans l’aventure, c’est aussi une question de survie. L’entreprise familiale de tannerie ferme ses portes, emportée par la crise du textile. Henri Wauquiez, passionné de bateau, démarche alors à un constructeur britannique de voiliers, de devenir apporteur d’affaires indépendant. En quelques mois, il réussit la prouesse de lui dénicher une douzaine de clients de la métropole lilloise, alors qu’habituellement, le chantier britannique ne vendait que quatre à cinq bateaux par an. Il est alors proposé à Henri Wauquiez d’installer un chantier de voiliers à Mouvaux. C’est le début de l’aventure. Notre entrepreneur, ingénieur-chimiste, commencera à inventer de nouveaux modèles, en travaillant notamment les composites.
Nouvel actionnariat familial
Avec le temps, vont se succéder de nouveaux actionnaires (dont Beneteau), et le chantier va déménager à Neuville-en-Ferrain. Après des difficultés économiques en 2010, le groupe est repris par un actionnariat familial d’Isères (Experton-Revollier) le 18 janvier 2011. La pari est fait de relancer la construction de voiliers de 9 à 18 m, haut de gamme, performant et hauturier. Très rapidement, le modèle Centurion 57 devient en 2015 le bateau de l’année dans les croisières de luxe. En 2014, l’entreprise rachète le constructeur de voiliers Tofinou de la Rochelle. Le bateau-phare du groupe est aujourd’hui le Pilote Saloon, 42, 48 et 58 pieds.
Les coulisses de fabrication
Les cinquante salariés sont dirigés par Olivier Nicolas, un ancien de Beneteau. Le 12 juin dernier, il ouvrait exceptionnellement les portes du chantier aux clients de BNPParibas Banque Privée qui développe par ailleurs des solutions de financement dédiées à la plaisance. Ce fut l’occasion de découvrir les coulisses de fabrication. La particularité de ce chantier, c’est de regrouper tous les corps de métier, de la fabrication des ponts et coques (par infusion) à l’atelier de l’ébénisterie pour le travail du teck des meubles, l’assemblage de toutes les pièces, jusqu’au test en bassin, avant de transporter le bateau jusqu’au port d’attache du client. Le chantier de Neuville-en-Ferrain fabrique aussi les coques et menuiseries des Tofinous. «Ici, on fait tout, ce qui garantit la qualité que nous souhaitons. Chaque de pièce de bois est travaillée vingt fois plus que chez un autre constructeur. Et en même temps, nous sommes capables de fabriquer un nouveau modèle en seulement une année» précise notre directeur. Premier prix pour un 42 pieds : compter 380 000 euros. Quinze bateaux sont fabriqués en moyenne par an, sur un marché qui compte 12 000 bateaux neufs vendus par an, en France. Olivier Nicolas n’hésite pas à présenter le chantier Wauquiez comme un artisan de la plaisance de luxe.
Objectif : les USA
Est-ce compliqué de fabriquer des voiliers de plaisance en étant installé en métropole lilloise ? « C’est sur que cela n’arrange pas nos affaires. Dans tous les cas, quand on livre le bateau, on le teste préalablement en mer. » rassure Olivier Nicolas, qui peut aussi compter sur leurs bureaux de La Rochelle et Port-Camargue dans le sud pour être au plus proche des besoins des plaisanciers. Aujourd’hui, l’entreprise souhaite diversifier sa clientèle déjà très européenne comme le souligne son directeur : «Nous sommes en train d’attaquer le marché américain. Un bateau est parti là-bas pour y être présenté. Et nous avons exposé lors du dernier salon nautique de Düsseldorf, notre nouveau modèle le Pilote Saloon 42. On est en train de produire le bateau en série alors que l’on vient juste de le présenter. On est victime de notre succès.»