A La Longueville, Lorban TP va recycler les boues
Déjà dotée de deux lignes de recyclage, la société de travaux publics Lorban, installée à La Longeville, va investir 5,2 millions d’euros dans une troisième unité. Cette fois, il n’est plus question de recycler des gravats mais de boue. Explications.
Depuis 1972, la société Lorban TP (350 salariés) exerce de nombreuses activités dans le secteur des travaux publics, comme le terrassement, l’assainissement, la construction de voirie, la déconstruction d’immeubles et d’ouvrages de génie civil, le désamiantage et enfin la construction de réseaux d’eau potable. «Notre activité génère d’importants gisements de matériaux, explique Philippe Lorban, le PDG. Et cela va, par exemple, des produits d’excavation et de déconstruction jusqu’à l’argile, en passant par le béton.»
Augmentation du prix de la chaux
Depuis plusieurs années, la société nordiste (35 millions de CA) traite parallèlement des quantités importantes de gravats dans les deux lignes de recyclage de son centre de regroupement, de tri et de valorisation des déchets à La Longeville (59), le siège de l’entreprise. Mais les équipes de Lorban TP extraient aussi d’importantes quantités d’argile, notamment lorsqu’elles réalisent des travaux d’installation de conduits d’eau potable ou encore d’assainissement.
Alors, prochainement, la société va étoffer ses capacités de recyclage. Elle va aussi traiter les grosses quantités de terre qu’elle est obligée de stocker et qu’elle ne souhaite pas déposer dans une décharge. «Jusqu’à présent, nous les traitions à la chaux», détaille Philippe Lorban. Et ce, pour une raison très simple : la terre entreposée en extérieur est très vite saturée d’eau et se transforme en boue ; or, la chaux a l’avantage d’assécher le matériau… «Mais le prix de la chaux a explosé ses derniers mois», explique Philippe Lorban.
Produire ensuite du "béton vert"...
Lorban TP s’est donc lancée dans l’installation d’une troisième ligne de recyclage, qui ne traitera que les matériaux issus de l’extraction. «En fait, on va laver l’argile, résume Philippe Lorban. On va enlever les 20 à 25% de limon et on va récupérer le reste, qui est minéral.» C’est-à-dire le sable et les cailloux. «Ces matériaux propres, on pourra ensuite les réutiliser dans ce qu’on appelle du béton vert.»
Pour mener à bien cette opération, Philippe Lorban s’est rendu dans la banlieue de Londres pour visiter une usine du même type, née des engagements des organisateurs des JO de 2008 qui s’étaient engagés auprès du CIO à n’utiliser que des matériaux dits propres. «Nous commençons déjà à recevoir les machines», explique Philippe Lorban.
«Tout sera assemblé en avril. Ensuite, nous avons beaucoup d’analyses, d’études et d’essais à faire. Mais je pense que fin 2022, nous serons capable de traiter 1 000 tonnes par jour sur 200 jours par an.» Soit 200 000 tonnes par an. Ce projet de 5,2 millions d’euros a été financé à hauteur de 20% par des fonds Feder, via la Région Hauts-de-France.