A la découverte de la reliure pendant les journées européennes des métiers d’art
Du 6 au 11 avril, se déroulent les journées européennes des métiers d’art. Les récentes mesures sanitaires renforcées sur tout le territoire ont eu raison des manifestations locales prévues pour l’occasion. Les animations virtuelles sont maintenues. Pour autant, les artisans d’art poursuivent leur travail. Visite de l'atelier "Les reliures d'Elvi".
« Mon grand-père faisait de la reliure en loisir pendant sa retraite, il m’a montré et j’ai voulu essayer » se souvient Elvina Fonquernie. Après avoir entamé des études classiques, elle a préféré choisir une carrière où elle travaillerait de ses mains. Elle opte alors pour un CAP de relieur en 2010 avant de poursuivre par un brevet des métiers d’art au lycée Tolbiac à Paris puis par un diplôme des métiers d’art à l’école Estienne à Paris. « Après y avoir goûté, je n’ai pas pu m’arrêter » sourit la trentenaire. Séduite tant par l’aspect créatif du métier que par la minutie nécessaire à la réalisation des tâches, elle apprécie également la dimension apaisante voir méditative de son métier.
Après avoir travaillé deux ans à Arras, elle décide de revenir aux sources en installant son atelier à Besançon, les Reliures d’Elvi. Avec leur obligation de conserver les documents, les collectivités font appel à ses services pour relier les délibérations, leur état-civil et la sollicitent pour restaurer les archives anciennes. « C’est émouvant de travailler sur d’anciens documents, parfois la seule trace de ceux qui sont passés par une commune. On trouve des trésors dans les archives des municipalités, parfois avec juste une croix en signature. »
Une valeur sentimentale
A côté des collectivités, Elvina Fonquernie répond aux attentes des particuliers. Un livre d’enfance fatigué à force de lecture qu’il faut restaurer, un livre d’or pour un évènement, un album photos, un carnet à dessin, un cadeau personnalisé… « J’aime bien quand les clients me donnent un challenge à relever et que l’on trouve la solution pour y arriver. »
Elvina Fonquernie reconnait pourtant que sa clientèle de bibliophiles est vieillissante, mais elle ne manque pas d’idées pour séduire la jeune génération. « On peut imaginer un exemplaire de Harry Potter relié à la façon d’un grimoire ou d’autres formes qui répondraient au genre de la fantasy par exemple. » Plus que les projets qu’on pourrait lui proposer, ce sont surtout les clients qui marquent la relieure. « Je garde par exemple en tête cette dame venue me voir avec la thèse de son grand-père, dédicacée à son père. La reliure permet de conserver un héritage familial, un témoignage précieux du passé. »
Traverser le temps
Bien que le numérique ait bouleversé les habitudes, Elvina Fonquernie sait que le livre n’en perd pas pour autant sa valeur. « Il y a un attachement au support, au plaisir de le tenir en main, de le ranger dans une bibliothèque. » L’exemple de la disquette rappelle que les évolutions des supports ne garantissent pas que, d’ici plusieurs décennies, les outils numériques d’aujourd’hui seront toujours accessibles. De plus, une simple panne d’électricité peut mettre à défaut tout le système numérique lui-même.
Le livre apparaît alors comme la solution pour conserver des informations à long terme. Et pour que l’ensemble ne manque pas d’élégance, Elvina Fonquernie réalise aussi les dorures. Pour faire connaître son métier et l’intérêt de la reliure au plus grand nombre, elle ouvre les portes de son atelier à l’occasion des journées européennes des métiers d’art du 6 au 11 avril.
Pour Aletheia Press, Nadège Hubert