A l'Assemblée, nouvel échec d'une motion de censure LFI, dans l'indifférence d'un samedi après-midi

L'hémicycle de l'Assemblée nationale sonnait creux, samedi, pour le rejet de la motion de censure de La France insoumise contre le 15e 49.3 déclenché par Elisabeth Borne en un an, ce qui vaut adoption en...

La Première ministre Elisabeth Borne à l'Assemblée nationale, le 31 octobre 2023 à Paris © EMMANUEL DUNAND
La Première ministre Elisabeth Borne à l'Assemblée nationale, le 31 octobre 2023 à Paris © EMMANUEL DUNAND

L'hémicycle de l'Assemblée nationale sonnait creux, samedi, pour le rejet de la motion de censure de La France insoumise contre le 15e 49.3 déclenché par Elisabeth Borne en un an, ce qui vaut adoption en première lecture du budget de la Sécurité sociale.

Sans surprise, l'Assemblée a rejeté la motion de LFI, qui n'a recueilli que 89 voix, très loin des 289 nécessaires pour faire chuter le gouvernement.

Sur les 23 débats de censure subis par la Première ministre Élisabeth Borne depuis son accession à Matignon, un seul, pour l'heure, a donné des sueurs froides à l'exécutif: après le 49.3 déclenché sur la réforme des retraites. L'ancienne préfète était alors passée à neuf voix d'être renversée, ce qui aurait constitué une première depuis 1962.

Autre ambiance, samedi. "Non mais il ne fallait pas venir, monsieur le député", plaisante à son arrivée la Première ministre avec le député communiste Jean-Paul Lecoq, un des rares signataires non-LFI de la motion.

"La foule était immense, les ministres étaient presque plus nombreux que les députés", ironise un membre du gouvernement. Presque exact en début de séance: 18 parlementaires avaient pris place dans l'hémicycle. Et 15 ministres entouraient Mme Borne, requis par la solidarité gouvernementale.

Parmi eux, le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti, qui comparaîtra à partir de lundi devant la Cour de justice de la République. Mais aussi Marc Fesneau, Christophe Béchu ou encore Agnès Pannier-Runacher, qui déploient leurs dossiers.

Gabriel Attal se penche sous son pupitre pour vapoter. La Première ministre, elle, ne se cache pas. Flanquée de son directeur de cabinet, Jean-Denis Combrexelle, elle peaufine son discours.

La présidente de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet, est absente. La vice-présidente MoDem Élodie Jacquier-Laforge la remplace. La motion est défendue par le député insoumis de la Haute-Vienne Damien Maudet. "A 26 ans, je ne m'imaginais pas passer un après-midi quasiment en tête à tête avec la Première ministre et avec ses conseillers", entame-t-il. Les ministres apprécient.

Réflexes conditionnels

Unique député de son groupe présent en séance, l'orateur Les Républicains (LR) Yannick Neuder étrille le gouvernement mais refuse de voter la motion, car "Jean-Luc Mélenchon Premier ministre, c'est non".

Également seul, le député Horizons Frédéric Valletoux évoque le médecin russe Ivan Pavlov et les "réflexes conditionnels" des Insoumis avec leurs motions de censures systématiques. A gauche, "vous avez perdu trente signataires en une semaine", relève-t-il.

Le socialiste Jérôme Guedj explique être "tombé dans le PLFSS quand (il) étai(t) petit". L'écologiste Sandrine Rousseau accuse Elisabeth Borne de "jouer avec des allumettes" et de mépriser l'Assemblée.

Le communiste Stéphane Peu démonte l'argument des 250 amendements repris, prérogative gouvernementale, dans le texte soumis au 49.3. "Comme si en opérant votre choix en solitaire, vous faisiez œuvre de compromis et d’ouverture".

Pour le groupe présidentiel Renaissance, la députée Stéphanie Rist n'use que six minutes sur les 50 auxquelles elle avait droit, signe du suspense tout relatif de cette séance. D'emblée, la Première ministre avertit également: "Je ne serai pas longue cet après-midi".

"J'ai une simple question à poser aux députés censeurs: que diriez-vous aux Français ? Si votre initiative réussissait et que ce PLFSS était rejeté, que leur diriez-vous ? Que diriez-vous à nos concitoyens, à nos soignants, que vous priveriez d'une hausse des dépenses de santé de huit milliards d'euros ?", lance-t-elle.

Les sièges Insoumis se sont quelque peu remplis et la Première ministre est chahutée. Après 1h25 de débat et 20 minutes de suspension pour le vote, la motion est rejetée. Prochain rendez-vous inévitable sur la partie dépense du budget, sans doute la semaine prochaine, avec un nouveau 49.3 attendu.

Et pour le texte immigration ? "Je souhaite au maximum qu'on puisse voter des textes sans avoir à recourir au 49.3", a répondu vendredi Élisabeth Borne. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin le déconseille et répète qu'il n'en a pas eu besoin jusqu'ici. "A votre avis, ça s'adresse à qui ?", interroge faussement un de ses collègues.

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