À l'Afpa de Thionville-Yutz, Charlotte Merle, mécanicienne auto, casse les codes

Les idées reçues ont toujours eu la dent dure, et cela est notamment vrai pour le monde du travail ou l'orientation. Aussi, de prime abord, les imaginaires collectifs auraient plus souvent tendance à s’imaginer une esthéticienne au féminin et un maçon au masculin. Les dénominations mêmes de ces professions sont genrées : qui a déjà entendu couramment parler d’un esthéticien ou d’une maçonne ? Pourtant, ces mots existent bel et bien, et mériteraient sans nul doute d’être employés plus souvent. Les mentalités évoluent, les stéréotypes sont malmenés et les femmes sont de plus en plus encouragées à faire des choix de carrières audacieux pour exercer le métier qu’elles souhaitent faire. Ainsi, liste non exhaustive, le monde professionnel voit frapper à sa porte des charpentières, des menuisières, des sapeuses pompières, des mécaniciennes, des ingénieures. Un faisceau d’études quant à cette dernière catégorie prophétise que le nombre de femmes ingénieures sera équivalent au nombre d’hommes... en 2075.

Franchir le Rubicon...

Alors que la France s’est fixé l’objectif un tiers de métiers mixtes en 2025, le marché du travail national se distingue par une répartition des métiers qui demeure très sexuée et une faible proportion de métiers mixtes qui atteint à peine 12 %. Les horizons professionnels des femmes restent limités : tous secteurs confondus, 50 % d’entre elles se retrouvent dans seulement douze familles professionnelle. 85 % des femmes optent pour une formation dans le tertiaire pour exercer des emplois qui restent essentiellement concentrés dans des métiers du service, dans l’administration, la santé, le social, l’éducation, et l’aide à la personne… Dans le cadre de sa mission de service public, l’Afpa se mobilise pour faire progresser l’égalité et la mixité des métiers en formant plus de femmes dans les professions où elles sont sous-représentées. L’opérateur public de la formation professionnelle aide ses stagiaires à sauter le pas pour faire des choix de formation dans des métiers dits masculins. En leur ouvrant de nouveaux horizons sur des secteurs comme l’industrie, l’informatique, le bâtiment, le transport ou la logistique, l’Afpa leur permet d’opter pour des métiers souvent en pénurie de main-d’œuvre et dans lesquels elles démontrent autant de compétences que les hommes pour faire carrière.

L'exemple méritant de Charlotte Merle

Qui a dit que les voitures étaient seulement une histoire de garçons ? Le mécanicien peut bel et bien être une mécanicienne, qui aura pour mission d’expertiser, entretenir et réparer des véhicules en tous genres. C’est le cas de Charlotte Merle. À 28 ans, elle est technicienne électromécanicienne automobile. Après un BAC STG puis un BTS assistante de manager, elle a travaillé en usine en tant que préparatrice de commande et sur une chaîne de production. Lassée de sept années d’un travail qu’elle jugeait alimentaire, elle a démissionné, vendu sa maison, changé de région pour se lancer dans une formation en mécanique automobile. Charlotte Merle est passionnée de voiture et de mécanique depuis son plus jeune âge. Elle roule sur circuit avec une ancienne voiture de course rénovée avec son mari et collectionne et restaure les voitures des années 1990/2000. Pour aller encore plus loin dans sa passion, elle se forme depuis janvier 2024 au métier de technicienne électromécanicienne automobile au centre Afpa de Thionville Yutz. Lauréate régionale du Trophée «Passionn’Elle» qui récompense une femme ayant construit son projet de longue date, malgré tous les obstacles.