Nouvelle unité de production du groupe régional Agriopale
À Isques, le développement du biogaz
Le groupe régional Agriopale a inauguré une nouvelle unité de production de biogaz à Isques. Sise à Cucq, elle enchaîne depuis sa création en 1999 les ouvertures de mini-usines de méthanisation dans la région et se tourne vers l’ensemble du pays.
Dans le creux d’une parcelle en bord de départementale, le site d’Isques est presque camouflé. Trois dômes apparaissent derrière un bâtiment où sont stockées les matières de la société Landacres énergie, filiale du groupe. «Il s’agit de biogaz. L’origine est organique, pas fossile», précise rapidement Christophe Evrard, responsable du pôle compostage et méthanisation du groupe qui emploie une trentaine de salariés sur petite dizaine de sites (dont la moitié dans le Pas-de-Calais). Lancé au printemps 2019, le projet se concrétise en septembre 2021 avec la mise en production. Au-dessus d’une boîte métallique de 6 m³, un signal affiche une lumière verte, signe que le biogaz est bien déversé dans le réseau géré par l’énergéticien GRDF.
Le cycle de production est à l’image d’une myriade de convives invités à dégrader des matières et à générer ainsi du méthane. «On met les bactéries dans les meilleures conditions possibles. La fermentation se fait dans des fosses de 700 m³ maintenues à 40 degrés et avec un PH compris entre 7 et 8. Dans ces cuves, on a aussi 3 agitateurs dont l’un a la forme d’un paddle qui crée une forme de courant. Il tourne moins vite pour éviter la formation de strates. Les matières vont ensuite dans le digesteur pour un cycle de 40 jours, puis dans un post-digesteur pour un même cycle. Tout au long du process, on alimente les digesteurs avec des matières en continu», explique le cadre.
L’équivalent de 3 500 foyers alimentés
Quant aux fosses, «elles sont enterrées et isolées pour réduire toute déperdition de chaleur. Le dénivelé du terrain nous a aidé, ainsi que pour l’intégration dans le paysage». À proximité, un générateur d’oxygène permet son adjonction marginale (autour de 0,25%) au gaz produit, meilleur moyen de fixer le souffre généré par les bactéries. Au bout des canalisations, un conteneur rempli de capteurs et d'autres instruments de mesure teste le gaz toutes les 5 minutes.
«On doit avoir tout le temps 97% de CH4 (méthane, ndlr) à 3,5 bars de pression.» Mais quelle est la bonne formule pour produire le gaz ? «On change la recette régulièrement. Ça dépend de ce que vous amenez comme matières. Ici, on a des pelures de pommes de terre qui nous viennent de McCain dans le bassin minier par exemple, des huiles… Mais rien de cultivé ne vient ici», répond Christophe Evrard. L’ensemble du projet représente un investissement de 6 millions d’euros, dont 10% à peine proviennent de fonds européens Feder via la Région au titre de quelques innovations. «La méthanisation n’est plus financée autant qu’avant», regrette-t-il.
Vers un nouveau site à Dunkerque
Le site traite 10 000 tonnes de matières par an et produit en continu 200 m³ de biogaz. De quoi assurer tous les besoins énergétiques de 3 500 foyers (chauffage, eau chaude et cuisine). Au bout du process, les reliquats du cycle (le digestat final) retournent aux champs : un contrat d’épandage prévoit la dispersion chez les agriculteurs partenaires, parfois actionnaires du groupe. Si l’épandage reste une charge pour le groupe, il s’inscrit dans un cycle territorial qui donne confiance à ses promoteurs. Le groupe continue de se développer avec un nouveau site en cours à Dunkerque et l’ouverture d’une antenne dans le Rhône.