Avec 180 millions d'investissement

A Feignies, Menissez mise sur le pain industriel très haut de gamme

Les travaux ont déjà débuté. La boulangerie industrielle Menissez s'agrandit, se dote de nouvelles lignes de production, recrute pour pouvoir produire 100 000 tonnes de pain "premium" supplémentaires d'ici trois ans. 

L'an passé, plus de 170 000 tonnes de pain sont sorties des fours de Menissez. Dans trois ans, il y aura 100 000 tonnes supplémentaires.
L'an passé, plus de 170 000 tonnes de pain sont sorties des fours de Menissez. Dans trois ans, il y aura 100 000 tonnes supplémentaires.

La nuit recouvre déjà Feignies, tout près de Maubeuge, mais la farine continue d’être sortie des sacs, la pâte à être pétrie, les baguettes à cuire. 

La boulangerie industrielle Menissez ne dort jamais. L’an passé, plus de 170 000 tonnes de pains précuits, cuits, surgelés, et de pâtisseries ont été confectionnées au cœur des 100 000 mètres carrés couverts du site. 

«Les Japonais en raffolent», précise Laurent Menissez. Et ils ne sont pas les seuls : 70% de la production est exportée. «On a commencé, en 1992 ou 1993, par en vendre en Belgique, en Allemagne, tout autour de nous.» Les pains de Feignies ont, depuis, conquis toute l’Asie et les Etats-Unis.

70% de la production de Menissez est exportée.
70% de la production de Menissez est exportée.

Les parents de Laurent Menissez ne se doutaient pas, lorsqu’ils cuisaient leur pain au feu de bois dans leur boulangerie artisanale, ouverte en 1965 à Feignies, que leur nom serait un jour connu dans le monde entier. C’est l’arrivée d’Auchan dans la Sambre-Avesnois qui a tout bouleversé.

«On était alors dans les années 1974/1975, raconte le fils. L’enseigne nous a proposé de livrer ses hypermarchés du secteur.» 

Le couple crée alors une première unité de production semi-industrielle dans la petite ville de 7 000 habitants. Le rythme est dense, la réputation des boulangers grandit. 

Seulement Auchan décide quelques années plus tard de produire lui-même ses pains et pâtisseries. La famille rebondit. 

Elle ouvre Délice Food, pour produire du pain frais surgelé pour supermarchés, et Quick Pain, pour les pains précuits surgelés. En 1993, le groupe Unilever rachète l’entièreté de la division surgelée aux Menissez. Ils se recentrent alors sur les pains cuits et précuits, et, une fois la clause de non-concurrence obsolète, recommencent à préparer des produits surgelés et se lancent à l’international.

"On vend la France"

«On vend la France, pointe Laurent Menissez. On a la chance d’avoir un pays qui a une bonne image. Et j’aime exporter : nous avons les produits adaptés pour ça et ça nous rend moins dépendant vis-à-vis de nos distributeurs.» 

Toutes les matières premières viennent de l’Hexagone, le dirigeant y tient. Le levain est fait maison. «On est de plus en plus 'clean label», sans pesticides, bio. On essaie d’être le plus naturel possible dans toute notre gamme.» 

Le pain Menissez est dans la course à l’excellence : «On veut premiumiser nos produits.»

Pendant que le centre de recherche et développement continue à perfectionner et étoffer la gamme, à rapprocher le goût du pain industriel de l’artisanal, Laurent Menissez investit sur le site. Avec 180 millions d’euros en deux temps pour augmenter la capacité de stockage des produits secs et surgelés d’environ 50 000 palettes, la capacité de production de 20 000 m² et ajouter de nouvelles lignes de production aux 35, entièrement automatisées, qui existent déjà, pour produire d’ici trois ans 100 000 tonnes supplémentaires et recruter 150 à 200 personnes de plus.

Chaque année, Menissez forme 350 à 400 personnes aux métiers de la boulangerie.
Chaque année, Menissez forme 350 à 400 personnes aux métiers de la boulangerie..

«On a créé un centre de formation où on accompagne 350 à 400 personnes par an. On les amène au CAP, au BEP, au bac et on leur propose un emploi à la fin. Cela nous coûte, mais ça nous permet de garder plus de 50% d’entre eux avec nous. Ce sont ceux qui veulent rester, ce n’est pas un métier facile.»

Quasiment tous les salariés du site viennent de ce centre de formation ; il n’y en a pas d’autres à proximité. «Ce que nous souhaitons plus que tout, c’est pérenniser l’entreprise dans le val de Sambre, détaille le dirigeant de ce groupe familial qui affichait un chiffre d’affaires compris entre 160 et 200 millions d’euros l’année dernière, pour sa partie industrielle. Nous voulons pour cela augmenter notre productivité, travailler au développement de nouveaux produits, diversifier notre portefeuille. On a quand même une concurrence pas facile