A Etaples, Valeo mise sur ses technologies d’avenir

Alors que la crise liée au Coronavirus frappe de plein fouet la filière automobile, l’équipementier Valeo croit résolument en un avenir meilleur. L’entreprise compte notamment sur son site d’Etaples-sur-Mer qui a misé, dès 2015, sur l’électrification des véhicules, avec un important effort de recherche et développement.

A Etaples-sur-Mer, l’alterno-démarreur 48 V de Valéo est développé depuis 2015, et produit depuis 2018. (© Valéo)
A Etaples-sur-Mer, l’alterno-démarreur 48 V de Valéo est développé depuis 2015, et produit depuis 2018. (© Valéo)

 

Résolument optimiste, Alberto Santos est le directeur des sites Valeo d’Etaples-sur-Mer et d’Abbeville. Alors que la filière automobile, comme d’autres secteurs, encaisse de plein fouet l’impact de la crise sanitaire, la certitude de lendemains meilleurs reste de mise. Pour Valeo, cette certitude repose sur la confiance qu’a le groupe en sa stratégie de recherche et développement mise en place dès 2012, et sur le pari du développement de véhicules à motorisation hybride ou électrique. «Nous sommes positionnés sur ce créneau des véhicules propres et de la diminution des émissions de CO2 depuis 2012, précise Alberto Santos. Nous sommes un petit peu en avance par rapport à la demande.»

«Notre stratégie était la bonne»

Au cœur de ce projet, figure le nouvel alterno-démarreur de 48 V développé par le groupe et dont la production a démarré en 2018 sur le double site d’Etaples-Abbeville. Cet alterno-démarreur intègre de nouvelles fonctions : la récupération de l’énergie lors du freinage, laquelle est stockée dans la batterie au lithium-ion de 48 V ; l’assistance de couple, qui permet de soutenir le moteur lors des phases d’accélération ; et un convertisseur de courant 12-48 V, qui permet d’alimenter le réseau électrique du véhicule. Ces nouvelles fonctions présentent de grands avantages en matière de réduction des émissions de CO2 et d’économie de carburant.

«Cette innovation nous tire vers le haut !, se félicité Alberto Santos. Certains constructeurs ont commencé plus tôt que d’autres, mais aujourd’hui tous sont entrés cette démarche de l’hybridation ou de l’électrification. Cela démontre que notre stratégie était la bonne.»  La preuve ? Il suffit de regarder le carnet de commandes de l’entreprise : il est monté à 1,2 milliard d’euros avant la crise sanitaire.

Le développement de l’alterno-démarreur 48 V a nécessité le développement d’une partie software et l’intégration de nouvelles compétences au sein de l’entreprise. © Valeo

Un marché en plein essor

Les clients sont donc bien là. Et si l’activité a très fortement ralenti lors du confinement, aujourd’hui elle est repartie à pleine vitesse. «Nous sommes aujourd’hui à 80% du volume produit avant la crise», poursuit le directeur de Valéo Etaples-Abbeville. Avant la crise sanitaire, le site d’Etaples équipait 40% des véhicules européens avec ses systèmes électriques, soit 8 millions d’alternateurs. Selon Alberto Santos, il devrait conserver ces parts de marché justement grâce à l’avantage concurrentiel pris avec l’alternateur 48 V. Le succès rencontré par le produit permet de poursuivre cette dynamique positive en donnant de nouveaux moyens à la R&D… Aussi, le groupe Valeo ne compte pas se reposer sur ses lauriers : un effort d’investissement important reste au programme. «Chaque année nous investissons 25 à 30 millions d’euros sur le site.» Des fonds destinés à moderniser les équipements, mais aussi à assurer la poursuite des travaux de recherche et développement. «Nous avons déjà créé un bâtiment supplémentaire, et nous embauchons aussi afin d’intégrer de nouvelles compétences dans l’entreprise», notamment pour gérer la partie software de l’alterno-démarreur 48 V. Depuis 2013, ce sont 450 personnes qui ont été embauchées sur le site d’Etaples, dont 240 en 2018-2019 avec le lancement de la production du 48 V. Sur un site qui, en pleine capacité, emploie 1 700 à 1 800 personnes, cela compte.

L’automatisation des lignes de production reste un enjeu important pour réduire le coût de production au regard de l’investissement déployé en R&D. © Valeo

Optimiser les coûts pour rester concurrentiel

Surtout, Valeo poursuit ses efforts dans l’optimisation des coûts, entre autres par l’automatisation de ses chaînes de production. Cet effort est d’autant plus essentiel que la recherche et développement compte pour 6 à 7% du coût de production total… «C’est la bataille tous les jours sur le marché, rappelle le directeur de Valeo Etaples-Abbeville. Alors nous devons continuer à optimiser nos coûts de production, la qualité de nos produits et, en parallèle, continuer à innover. On a tous ces savoir-faire en interne, avec un produit très recherché. Cela nous met dans une dynamique positive.»

Il n’en reste pas moins que le marché reste sous le choc de la crise sanitaire, à l’impact mondial. «Nous sommes optimistes, mais aussi réalistes, pondère Alberto Santos. Nous avons vu qu’en Chine et en Asie, le marché est désormais assaini. On pense qu’en Europe, la tendance devrait être la même. Mais nous n’avons pas de boule de cristal…»

 


Un plan de soutien orienté sur la croissance verte

La stratégie du groupe Valeo de miser sur l’hybridation et l’électrification des moteurs a été confortée par le plan de relance de la filière. Rien d’étonnant d’ailleurs à ce que ce plan ait été présenté par Emmanuel Macron, justement à Etaples.

De g. à dr. : Alberto Santos, directeur du site d’Etaples, Emmanuel Macron et Jacques Aschenbroich, PDG de Valeo, lors de la visite du président de la République le 26 mai dernier. © Valeo

Doté de 1,5 milliard d’euros, il fait des véhicules propres, et notamment hybrides et électriques, un socle pour l’avenir de la filière en France. A travers une prime à l’achat et une à la conversion, mais aussi à travers le déploiement de moyens financiers conséquents autour de la modernisation des outils (800 M€) et de la recherche et développement. Un fonds de 150 millions d’euros sera ainsi débloqué dès 2020, «afin de faire de la France l’un des pays les plus avancés dans les technologies du véhicule propre», précise-t-on au ministère de la Transition écologique. De quoi ravir Jacques Aschenbroich, PDG de Valeo : «En favorisant la transition écologique de la mobilité, ce plan combine une stimulation de la demande et de l’offre, et s’appuie sur les forces industrielles et d’innovation présentes sur le territoire national. Ce plan de relance souligne le positionnement stratégique de Valeo, leader mondial de l’électrification de la mobilité aussi bien que de l’assistance à la conduite, et acteur industriel de référence solidement ancré sur le territoire.