Décarbonation d’ArcelorMittal
À Dunkerque, le temps venu de la concertation continue
Pour atteindre ses objectifs de neutralité carbone à l’horizon 2050, ArcelorMittal n’a pas d’autre choix que de changer complètement son process de fabrication de l’acier. Un chantier énorme à 1,4 milliard d’euros dont la concertation continue, qui fait suite à la concertation préalable, vient de commencer sur le territoire.
Sous l’égide de la Commission nationale du débat public, la concertation continue sur le projet de production d’acier à basse émission de CO2 sur le site de Dunkerque d’ArcelorMittal vient de commencer. Elle doit durer jusqu’en janvier 2024 et donnera lieu à de nombreux débats et rencontres avec les habitants du territoire. Multiplication des concertations en raison du nombre d’implantations industrielles annoncées ? Manque d’intérêt pour un projet, aussi énorme soit-il, qui concerne une usine avec laquelle les habitants du territoire cohabitent depuis déjà 60 ans ? Les rendez-vous avec le public, lors de la concertation préalable qui s’est tenue entre novembre et février dernier n’ont pas passionné les foules, de l’aveu même du sidérurgiste. «Un regret», pour Thibaut Maugenest, en charge de la concertation préalable chez ArcelorMittal, «au vu du temps et du budget consacré. C’est un projet qui concerne, certes un site existant, mais qui se chiffre à 1,4 milliard d’euros d’investissement, ce qui en fait le plus important, et de très loin, depuis l’implantation du site». Les visites de l’usine ont toutefois, elles, connu un vrai succès. D’autres sont donc d’ores et déjà programmées d’ici la fin de cette année.
Le projet porté par ArcelorMittal vise à réduire les émissions de CO2 de 35 % à l’horizon 2030 et à atteindre la neutralité carbone en 2050. Cette décarbonation annoncée est loin d’être un détail quand on sait que le territoire dunkerquois pèse 21 % du total des émissions industrielles de CO2 en France et que le site d’ArcelorMittal en est le principal contributeur. Actuellement, une tonne d’acier produite conduit à l’émission de 1,8 tonne de CO2.
Pour atteindre cet objectif, le sidérurgiste n’a pas d’autre choix que de changer complétement sa façon de fabriquer l’acier. «Actuellement, nous utilisons du charbon comme réducteur de minerai dans nos hauts-fourneaux pour fabriquer de la fonte, à partir de laquelle l’acier est produit. Et cela depuis toujours. C’est ce procédé qui est fortement émetteur de CO2», résume Thibaut Maugenest.
Mise en service en 2026
Avec le nouveau procédé dit «par réduction directe» que le sidérurgiste va mettre en place, le minerai sera réduit grâce au gaz naturel (puis, à terme, à un mix gaz-hydrogène), avant d’être placé dans des fours électriques d’où sortira de l’acier liquide par fusion. Cette production d’acier à basse émission de CO2 nécessite un gros renforcement de l’alimentation électrique mais aussi en gaz naturel. C’est pour cette raison que RTE (Réseau de Transport de l’Electricité) et GRT Gaz (chargé de la gestion des infrastructures gazières) sont co-maîtres d’ouvrage du projet avec ArcelorMittal.
La mise en service de cette nouvelle unité de production de l’acier est prévue pour 2026. À cette date, un seul haut-fourneau sur les trois devrait être en fonctionnement mais en capacité très réduite. Sur les 7 millions de tonnes d’acier produites par ArcelorMittal chaque année, 4 devrait l’être par la nouvelle filière dès sa mise en service. Au fil du temps, la proportion d’acier produit par la nouvelle filière augmentera petit-à-petit, pour finir par être la seule utilisée à l’horizon 2050.
Tout savoir sur la concertation continue : concertation-amf-decarbonation.fr