À Caudry, l’État lance un mini-plan d’urgence

Chute de la production, fermeture d'ateliers... Alors que le secteur de la dentelle connaît une grave crise depuis une décennie, le préfet des Hauts-de-France Michel Lalande a passé la journée du 23 janvier au chevet des dentelliers de Caudry. Entre rencontres et visites, il a annoncé un plan d’urgence.

« Pierre Noiret, directeur industriel de Sophie Hallette, fait visiter les services de raccommodage et de visitage des ateliers Melayers à Caudry ». Crédits : MR Aletheia Press
« Pierre Noiret, directeur industriel de Sophie Hallette, fait visiter les services de raccommodage et de visitage des ateliers Melayers à Caudry ». Crédits : MR Aletheia Press

«Rien n’est catastrophique», a voulu rassurer Romain Lescroart à l’issue de la visite du préfet de région à Caudry. Suite à l’annonce d’un plan «d’urgence» de 2,1 millions d’euros (dédié au chômage partiel qui sévit à Caudry), le président de la Fédération française des dentelles et broderies, dirigeant du plus gros dentellier de France, a indiqué après une réunion en mairie de Caudry : «On avait sollicité les pouvoirs publics il y a plusieurs mois (…). Aujourd’hui, on a vraiment le sentiment d’avoir été entendus, écoutés et compris.»

Après le naufrage de la plupart des dentelliers de Calais cette dernière décennie, Caudry est devenu le plus grand centre de production de dentelle Leavers en Europe, mais connaît depuis deux ans une baisse de commandes qui mène plusieurs fabricants devant le tribunal de commerce… Une situation à laquelle Michel Lalande a voulu répondre avec des « reports de charges sociales et patronales en lien avec les services fiscaux. Nous sommes là pour vous aider à faire face à vos problèmes de trésorerie». La Région et l’Agglomération cambrésienne participeront à ce plan d’urgence, mais aucun chiffre n’a été communiqué. Il concerne la filière entière, dont Calais, où cinq fabricants résistent : Darquer, Storme, Boot, Riechers & Marescot, Codentel.

Holesco porte-étendard de la filière ?

À Caudry, il en reste à peine plus avec Laude, Beauvillain-Davoine, Méry, Bracq, Solstiss et, le principal, le groupe Holesco (260 salariés et 20 millions de CA fin 2019). Répartis sur sept sites hier, le groupe constitué par la famille Lescroat depuis 40 ans recentre ses activités depuis quelques années. Après le rachat de Codentel en 2016 à Calais, Holesco rapatrie métiers et collections dans son nouveau bâtiment sis zone industrielle de Caudry. Dans les bâtiments de la Ramette, plus d’une centaine de métiers (dont les deux tiers ne sont pas montés) sont répartis en îlots. Si le métier Leavers reste lent par nature, l’organisation de la nouvelle usine doit aider à faire face lorsque les commandes arrivent. Le groupe Holesco orchestre donc ses déménagements, mais a aussi recréé une filiale mécanique afin d’assurer un niveau de maintenance élevé au vu de l’âge des métiers (entre 70 et 120 ans). Une réorganisation qui tend à vouloir être un exemple pour la filière tout entière. À ce titre, la question de la teinturerie (qui a été abordée lors de la réunion en mairie de Caudry) reste épineuse : toutes les productions cumulées de Calais et de Caudry sont à peine suffisantes pour les capacités d’une teinturerie. Holesco et Solstiss disposent chacun de leur teinturerie. Selon les dentelliers de Caudry, il y a 1 500 personnes qui travaillent dans la filière aujourd’hui.