La Maison 1889, dernière-née du groupe

À Caudry, Bracq étire et façonne sa dentelle

Une jeune marque est née il y a peu à Caudry. La Maison 1889, dernière-née du groupe dentellier Jean Bracq (né en 1889), termine sa première année après le lancement de son site en ligne en décembre 2021. Le challenge ? S’introduire dans le marché du particulier avec un produit bien spécifique estampillé 100% dentelle Leavers tissée en France.

«On sent bien que les gens veulent consommer local et utile. La dentelle donne du sens à ce qu’on achète» souligne Jeremy Dessaint.
«On sent bien que les gens veulent consommer local et utile. La dentelle donne du sens à ce qu’on achète» souligne Jeremy Dessaint.

C’est un vieux débat dans le monde de la dentelle. Traditionnellement producteurs et vendeurs de dentelles à des clients confectionneurs de lingerie-corseterie, de robes et de prêt-à-porter, les fabricants-tisseurs se sont toujours interdits d’aller sur le marché des particuliers en leur proposant des collections de produits finis. S’il y eut quelques exceptions, notamment à Calais (l’atelier-boutique Noyon qui a fermé), la vente directe de pièces et de prêt-à-porter semble un horizon intéressant pour les dentelliers dont les volumes de production n’ont cessé de baisser depuis vingt ans.

Chez le groupe Jean Bracq, à Caudry, on ne déroge pas à la tradition audacieuse d’innover. Première entreprise à s’équiper de commandes numériques pour ses métiers Leavers, l’entreprise a créé une filiale l’an dernier, La Maison 1889, dont l’objet est de répondre à une demande particulière : «On avait déjà eu une boutique mais elle a fermé au début des années 1990» raconte Jeremy Dessaint, responsable de la structure. «En 2016, on a ouvert un atelier-dentelle à côté de notre site de production. On a vu arriver de nombreux jeunes créateurs, parfois étudiants, qui venaient chercher des pièces de dentelle pour leur prototype. Ensuite, ils venaient prendre commande». Comment élargir l’accès aux dentelles s'interrogent alors les dirigeants de Bracq.

Des pièces à la coupe et des articles de choix

Pour vendre des pièces (de 5 mètres a minima), le dentellier doit disposer de stock de produits teintés, découpés et emballés. Une nouvelle logistique s’installe alors et une première collection d’articles arrive : une vingtaine de produits allant du caraco, au top, à la blouse, aux jupes, et aux robes. «Notre collection Les essentiels est 100% made in France. Tissée et teintée à Caudry et brodée à Lyon. Idem pour la maille et les jacquards. On a travaillé avec un créateur de Roubaix et lancé la production à partir de ses modèles. Quatre à cinq modèles par taille» poursuit Jeremy Dessaint.

La Maison 1889 se positionne en haute-moyenne gamme : plus cher qu’un Camaïeu mais moins cher qu’un Chanel. Vendues en boutique à Caudry, la collection et les pièces sont également disponibles dans un corner commercial au Touquet, au Musée de la Dentelle de Caudry et en ligne sur le site internet lancé fin 2021. «On a bénéficié aussi d’une ouverture de magasin de quelques mois dans le centre-ville de Caudry» ajoute Jeremy Dessaint. De quoi repartir à la conquête des clients et retisser un lien qui s’est distendu ces dernières années. «On sent bien que les gens veulent consommer moins, mais mieux. Local et utile. La dentelle donne du sens à ce qu’on achète. On doit évoluer si on veut toujours être là demain. Produire plus vite, être multi-compétent et en constante évolution».

Une partie de la collection 2021 de la Maison 1889. © Maison 1889