À Bordeaux, des silos de 35 mètres à gravir, symbole d'une escalade plus urbaine
Progressant de prise en prise à plus de 30 mètres de haut, les grimpeurs ont désormais un nouveau terrain de jeu aussi vertigineux qu'atypique sur d'anciens silos à grain réhabilités en...
Progressant de prise en prise à plus de 30 mètres de haut, les grimpeurs ont désormais un nouveau terrain de jeu aussi vertigineux qu'atypique sur d'anciens silos à grain réhabilités en murs d'escalade, avec vue imprenable sur Bordeaux.
Alors que les épreuves olympiques d'escalade battent leur plein cette semaine aux JO-2024 à Paris, Thibaud Sanguinet, 25 ans, est venu goûter au grand frisson près des quais de la Garonne.
"Ça fait bizarre la hauteur quand on se retourne une fois arrivé en haut. C'est impressionnant", sourit-il, les deux mains agrippées à une corde pour assurer son amie en pleine ascension.
Situé aux Bassins à Flot, quartier emblématique du passé industriel bordelais, ce nouveau complexe de grimpe urbaine nommé VertiGina, ouvert début juillet, est doté de 23 voies dont certaines culminent à 33 m, réparties sur ces silos de 35 m de haut de l'ancienne usine d'huile Lesieur.
"Ça change un peu de cadre, ce n'est pas la falaise, mais ce n'est pas de la salle non plus, c'est chouette!", témoigne pour sa part Mathilde, une trentenaire habituée de la pratique, accompagnée de ses deux neveux.
Avec des voies de plusieurs niveaux de difficulté, allant "de 4A à 7C+", le complexe "est axé pour que tout le monde puisse essayer", explique Mathieu Lemonnier, 27 ans, moniteur d'escalade au sein du réseau de complexes sportifs UCPA, qui assure la sécurité des grimpeurs au pied des silos.
Spots atypiques
"Le spot est super", s'enthousiasme Mélodie Peyregne, 35 ans et grimpeuse depuis peu. "Ça rend utile quelque chose qui ne l'était plus finalement, et ça rend beau quelque chose qui pourrait être laid."
Ce projet, fruit de la collaboration entre l'hôtel Renaissance (groupe Hively Hospitality), l'UCPA et le groupe de BTP Legendre, a vu le jour "par chance", raconte Cédric Decaudin, directeur général de l'hôtel qui gère VertiGina.
L'idée lui est venue en voyant "des alpinistes" descendre en rappel du haut des silos, alors qu'ils nettoyaient des graffitis.
"Je me suis rendu compte qu'il y avait quand même un sacré potentiel", relate celui qui a voulu créer un "concept", avec un terrain de pétanque ou encore "une plage intérieure". La séance plein tarif coûte 25 euros, hors location des chaussons.
VertiGina est un exemple de spot atypique parmi d'autres: à Paris, dans le VIIIe arrondissement, l'enseigne Climbing District s'est installée en 2022 dans une chapelle du XIXe siècle. À Tarbes, l'ancien arsenal a été réhabilité en complexe sportif, avec notamment un mur d'escalade.
"Quand une opportunité se présente, on sait la saisir (...), on est très flexible", explique à l'AFP Alain Carrière, président de la Fédération française de montagne et d'escalade (FFME).
En 2024, la fédération compte 119.989 adhérents, contre 55.000 vingt ans plus tôt, mais ce sont les salles privées et leurs pratiquants pas forcément licenciés qui symbolisent l'essor de la pratique, selon les experts du secteur.
Vivre une expérience
La France compte aujourd'hui environ "200 salles privés marchandes", dont "40 en plus sur les deux dernières années", détaille Virgile Caillet, directeur général de l'organisation professionnelle Union Sport et Cycle.
"On n'a plus besoin de faire trois heures de route, quand on est à Paris, pour aller sur une falaise. On fait 10 minutes de vélo", remarque Alain Carrière.
Pour Virgile Caillet, les salles d'escalade sont devenues des "lieux de vie" dans lesquels "on grimpe" mais "on vient aussi vivre une expérience". "Le fait d'être dans des espaces atypiques, ça renforce encore cette dimension", estime-t-il.
Les chiffres du deuxième trimestre 2024, en termes de fréquentation et de chiffre d'affaires, traduisent toutefois "une forme de maturité du marché", nuance le spécialiste, qui pointe "la capacité d'investissement des enseignes" comme facteur limitant.
"L'escalade se développe dans des lieux où il y a une population suffisamment importante. Malheureusement, il y a un certain nombre de villes moyennes en région qui ne disposent pas de ce genre d'équipement", conclut-il.
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