A Blanchemaille : Yper fête ses cinq ans

Rentabiliser son trajet pour aller faire ses courses en récupérant la commande drive de son voisin. C'est ce que propose Yper, une entreprise créée il y a cinq ans à Roubaix.

Yper propose des partenariats à des fleuristes. Un moyen de leur faciliter le virage vers le click and collect.
Yper propose des partenariats à des fleuristes. Un moyen de leur faciliter le virage vers le click and collect.

Créer du lien social et redynamiser les petits commerces. L'objectif de Jacques Staquet et Cédric Tumminello, en créant Yper en 2016, fait plus que jamais écho aux problématiques actuelles.

Voilà cinq ans qu'Yper propose un service de livraison de courses en mode collaboratif : lorsqu'un consommateur membre de la communauté (appelé «shopper») va récupérer ses achats en drive, il est invité à consulter l'application pour voir si la commande de l'un de ses voisins est en attente. Il peut ensuite la récupérer et la lui déposer sur son chemin. «La démarche est aussi écologique puisqu'elle divise le nombre de trajets en voiture», mentionne Jacques Staquet.

Si le principe d'origine est plein de bonnes intentions, le cofondateur l'avoue avec le recul : certains shoppers acceptent une mission de livraison, sans qu'ils aient eux-mêmes besoin de faire une course, dans le seul but de se constituer un complément de revenu.

Car chaque livraison implique un supplément de 7 à 9 euros sur le montant des achats. Le shopper récupère en moyenne 5 euros par livraison, mais n'a pas besoin de se déclarer en auto-entrepreneur. «Le but est de 'jouer au livreur' pour arrondir ses fins de mois, pas de devenir un livreur en temps complet comme cela se passe sur certaine plateforme de livraisons de plats à domicile. Le gain du shopper est légalement limité à 3 000 voire 4 000 euros par an. Et contrairement à d'autres plateformes, il n'y a pas de sanction si le shopper est inactif pendant un long laps de temps», précise Jacques Staquet.

Jacques Staquet, cofondateur d'Yper.
Jacques Staquet, cofondateur d'Yper.

Les fondements d'une économie collaborative

Ce fonctionnement lui a été inspiré dès 2014, en observant les débuts de l'économie collaborative. «C'était l'arrivée de Blablacar, d'Uber à Paris, de Airbnb... Je me suis dit qu'il serait intéressant de proposer aux clients de la grande distribution de se livrer entre eux», se rappelle-t-il. A l'époque, la métropole lilloise ne comptait qu'une soixantaine de drives. L'idée était visionnaire puisqu'aujourd'hui, le même territoire en compte plus de 5 000.

En cinq ans, la communauté de shoppers a atteint les 150 000 membres dans 3 000 villes de France. Rien qu'en 2020, 400 000 livraisons ont été effectuées. «Nous avons triplé notre chiffre d'affaires l'année dernière. Le début du premier confinement était compliqué à cause de la mise à l'arrêt des commerces, mais les drives combinés à la livraison ont explosé car les Français n'osaient plus sortir de chez eux.»

Le service n'a pas seulement profité aux grandes surfaces alimentaires. Car depuis 2017, Yper a élargi ses partenariats aux commerçants de proximité tels que des fleuristes ou encore des confiseurs (un partenariat est en cours sur le site du chocolatier Jeff de Bruges). «Avec Yper, nous voulons montrer que la digitalisation n'est plus une option : elle n'est plus réservée qu'à Amazon. Il n'y a plus de séparation entre le commerce et le e-commerce», insiste le cofondateur.

Ce type de partenariat fait partie des différents scénarios d'utilisation de l'offre Yper : «Soit l'option 'j'utilise la livraison par Yper' est proposée par nos partenaires lors de la commande sur le site de l'un de nos partenaires, soit le consommateur inscrit sa commande chez n'importe quelle boutique sur notre site et la requête est envoyée à notre communauté de livreurs», détaille Jacques Staquet.

Le service promet ensuite une livraison effectuée par un shopper situé dans un rayon de 5 km, sous deux heures et sur rendez-vous.

Un désir d'expansion

Le prochain challenge de l'entreprise est de finir son implantation dans toutes les villes de plus de 30 000 habitants et, pourquoi pas, par la suite d'internationaliser l'offre.

En parallèle, Yper a développé Yper Rider dans une quinzaine de villes en France. «C'est une activité de coursier à vélo, où des professionnels font une tournée de livraison de colis en fin de journée, sur un circuit prédéfini», explique Jacques Staquet. DHL est l'un de leurs clients.