A Bénifontaine, la brasserie Castelain passe la crise
La brasserie Castelain avait lancé, il y a 35 ans maintenant, sa première bière bio*. Aujourd’hui, la PME du Pas-de-Calais, installée à Bénifontaine, cherche à raccourcir ses circuits pour coller à son territoire et aux nouvelles habitudes de consommation. Rencontre avec son dirigeant, Nicolas Castelain.
Chez Castelain, l’histoire du bio a commencé avec la Jade, au milieu des années 80. «On s’est lancé à l’époque dans la responsabilité sociale et environnementale sans le savoir», sourit Nicolas Castelain, représentant de la troisième génération de l’entreprise familiale.
Cette bière blanche à 4,5 degrés était alors précurseur : «25 ans après son lancement, ça a vraiment pris.» Le brasseur a compris que le créneau était porteur au vu de la demande, et finalement, tendance : «Depuis 10 ans, on observe une accélération de ce type de produit qui s’est d’abord bien vendu à l’export, notamment dans les pays anglo-saxons. Mais notre rêve, c’est de trouver du bio local.»
Du houblon bio local
La crise sanitaire a montré que les consommateurs se tournent de plus en plus vers les circuits courts (27% de déclarants), d’après une étude de Just Eat (anciennement Allo Resto) et de l’Ifop d’octobre dernier.
La question de la souveraineté alimentaire intéresse donc forcément les entreprises familiales. Mais le marché des bières demeure un secteur où les niches peuvent devenir des standards de consommation. Castelain l’a bien compris. Au centre de la problématique, le houblon : «Nous sommes prêt à mettre le pied à l’étrier de producteurs en Hauts-de-France. On travaille déjà avec les houblonnières bio de la Noye, en Picardie», précise Nicolas Castelain. Côté céréales, la difficulté est moindre, notamment avec l’orge.
A Aire-sur-la-Lys, la brasserie se fournit en céréales bio depuis 18 mois. La bière se décline de plus en plus en nouveaux produits - Jade bio sans alcool, sans gluten, blanche - et ose même des goûts audacieux comme la version framboise-thé vert.
«Les gens consomment moins mais mieux. Le rapport à l’alcool change également...»
Malgré la crise sanitaire, l’année 2020 ne fut pas catastrophique. La brasserie sortait de quatre années de très forte augmentation d’activité avant 2019.
Bientôt centenaire
Avec 15 millions d’euros de chiffre d’affaires et une trentaine de salariés, l’entreprise investit tous les ans entre 7 et 15% de son chiffre d’affaires. L’an dernier, ce fut de nouveaux silos, une cartonneuse et un compresseur, ces deux derniers équipements étant moins gourmands en consommation énergétique et matière première.
Parmi les 2 000 brasseurs établis en France (chiffre en hausse continue depuis une décennie), Castelain a une surface d’activité modeste (100 000 hectolitres par an) et un produit phare : la Ch'ti, qui représentait 40% des ventes en 2019.
En 2026, la PME fêtera son centenaire : après avoir commencé comme distributeurs, les Castelain se sont peu à peu dirigés vers la brasserie au XXe siècle. Désormais, ils visent à se projeter comme acteur central d’une filière à construire.
*L'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération