À Auneuil, ils cultivent la terre... et leur bonheur
Jennifer et Abdel André Reghioui disposent de moins de 3000 m2 de surface maraîchère. C'est suffisant pour les faire vivre.
Vivre en cultivant moins de 3 000 m² de jardin, c'est possible. C'est en tout l'expérience que mènent Jennifer et Abdel André Reghioui depuis 2015. Lui, mécanicien ; elle, assistante direction... Ils ont voulu changer de vie il y a quelques années. « Nous vivions en proche banlieue parisienne. Avec l'arrivée des enfants et face à la dégradation de notre environnement, nous avons voulu reprendre le contrôle de nos vies », résume Jennifer Reghioui. Installés à Auneuil dans un pavillon, ils entreprennent alors d'exploiter le demi-hectare de terrain.
Abdel André Reghioui est issu d’une famille d'agriculteurs algériens. Travailler la terre, ça le connaît. Il se lance, sans aides ni accompagnement, La Terre en Héritage, une exploitation maraîchère en permaculture. « Le parcours d'installation classique ne nous correspondait pas du tout, raconte encore Jennifer Reghioui. Et tout le monde nous a certifié que nous n'arriverions pas à en vivre. »
Sept ans plus tard, pourtant, La Terre en Héritage existe toujours. Elle a même été enrichie depuis 2018 d'une seconde structure : « ma petite ferme » gérée par Jennifer Reghioui, et qui valorise les produits de la ferme en plats cuisinés. « Nous avons préféré faire une deuxième société, pour plus de simplicité », poursuit-elle.
Gérer la marge avec la vente directe
Aujourd'hui, si tous les investissements ne sont pas achevés, Abdel et Jennifer Reghioui disposent d'un outil de production performant, avec cinq serres. Tous leurs produits sont vendus en direct, principalement (7 %) sur le marché de Méru qu'ils fréquentent trois fois par semaine. Un marché sur lequel ils ont trouvé une clientèle attentive à leur démarche, et fidèle. « Nous avons beaucoup de personnes âgées, qui ne peuvent plus faire leur jardin, mais qui savent reconnaître de bons produits », sourit Abdel André Reghioui. Le reste de la production et la majorité des plats cuisinés sont vendus en paniers ou sur place à travers une table d'hôte. Le couple a même installé une petite caravane cet été pour de l'accueil à la ferme.
Ils ne le cachent pas : leur fortune n'est pas faite. Mais la vente en direct permet une bonne gestion de la marge, et leur permet de répondre à leurs objectifs de vie de confort. « Il faut accepter la vie qui va avec, commente Abdel André. C'est pour ça que démarrer jeune sur un projet comme celui-là, c'est mieux. » « Si on cherche à devenir riche en argent, ou en temps, ce n'est pas ça qu'il faut faire, sourit Jennifer. Mais nous avons trouvé une richesse différente. »