Économie circulaire
À Amiens, le Repair café donne une seconde vie à ses appareils en panne pour limiter les déchets
Réparer ses objets pour ne pas les jeter. C’est le principe du Repair café. À Amiens, et dans la métropole, il en existe cinq, coordonnés par l’association En savoir plus, et animés par des bénévoles. Les Repair café prennent de l’ampleur, par souci économique et environnemental.
Il n’est même pas encore 16 heures que déjà Francine et Pierre attendent dans le hall de la cafétéria de l’Apradis, rue des deux ponts à Amiens. C’est ici qu’a lieu chaque dernier mercredi du mois le Repair café. « Je suis venue avec mon hachoir à pâté qui a une dizaine d’années, mais il ne marche plus », lance la septuagénaire. Avec son mari, ils ont fait 30 kilomètres de route depuis Beauval, exprès pour le faire réparer. Le hachoir passera sous les mains d’un bénévole réparateur, il le démonte, et le diagnostic tombe : impossible de le réparer. « Ce n’est pas grave, sourit Francine. Maintenant, je connais l’endroit et je reviendrai apporter mon ordinateur, qui fait de drôles de bruit. C’est gratuit donc cela vaut le coup ! »
Le Repair café, un concept né il y a une quinzaine d’années à Amsterdam, attire de plus en plus de monde. Créé en 2018, à l’initiative de bénévoles de l’association En savoir Plus, celui d’Amiens a pris de l’ampleur, pour désormais se tenir dans trois lieux différents. « Depuis 2018, on compte plus de 1 700 visiteurs, 2,6 tonnes de déchets évités, presque 800 objets réparés, et 370 diagnostiqués, c’est-à-dire que la personne peut acheter la pièce défectueuse par exemple », détaille Jihane Miladi, chargée de communication pour l’association. Deux nouveaux Repair café se sont créés récemment à Marcelcave et à Moreuil. « Nous avons beaucoup de demandes de collectivités, pour les accompagner dans la création de Repair », s’enthousiasme-t-elle.
Tout est réparable ou presque !
Une cinquantaine de bénévoles se relaient pour réparer tous types d’objets : petit électroménager, petite mécanique, informatique, couture, petite menuiserie. « Le plus compliqué souvent, c’est de démonter l’appareil, explique Pierre, retraité de l’informatique, et bricoleur né. Le pire, ce sont les cafetières à dosette, ou les aspirateurs, les fabricants font exprès de les rendre très difficilement démontable. Il faut de la patience, et quand on y arrive, la panne se trouve rapidement. Et parfois quand on a des difficultés, on demande aux collègues bénévoles, chacun vient avec ses compétences, et on trouve souvent le problème. »
Le réparateur voit passer sous ses mains expertes beaucoup de fours à micro-onde, des télés, grille-pain, sèche-cheveux. Autant d’objets que les gens veulent, au premier réflexe, jeter quand ils ne marchent plus, « alors qu’ils sont tout à fait réparables, note Jihane Miladi, avant d'ajouter : « On voit aussi beaucoup d’objets qui sont mal entretenus ou mal utilisés, l’eau calcaire qui s’infiltre dans le baby cook par exemple etc. C’est donc aussi cela notre rôle : expliquer comment les entretenir pour qu’ils durent le plus longtemps possible. »
Raisons environnementales et économiques
À ses débuts, les visiteurs du Repair café venaient par souci environnemental, pour ne pas jeter. Aujourd’hui, il reste encore la moitié des participants, l’autre vient pour des raisons économiques. Et ils y découvrent souvent une autre dimension. Car les bénévoles sensibilisent également sur l’obsolescence programmée, sur l’impact des déchets et l’importance du tri, « toutes les petites pièces en caoutchouc, les circuits électroniques, le cuivre, si l’on jette dans la poubelle noire, c’est enfoui dans un centre à Amiens, beaucoup ne le savent pas », précise la chargée de communication d’En savoir Plus. Les Repair café permettent aussi de renforcer le lien social, car les visiteurs peuvent apprendre à réparer avec le bénévole. « C’est la deuxième fois que je viens, raconte Marion. La première, j’ai ramené deux lecteurs de cassettes, j’ai passé un très bon moment avec les réparateurs, qui ont pris le temps de me montrer comment les démonter etc. Car toute seule, je n’aurais pas osé. »