8-Mars: les militantes identitaires Némésis défilent en petit comité, à l'écart du cortège principal
Une cinquantaine de femmes du groupe Némésis, proche de l'extrême droite, a défilé samedi loin derrière la manifestation parisienne du 8-Mars, les associations féministes ayant écarté du cortège principal ces militantes identitaires aux idées...

Une cinquantaine de femmes du groupe Némésis, proche de l'extrême droite, a défilé samedi loin derrière la manifestation parisienne du 8-Mars, les associations féministes ayant écarté du cortège principal ces militantes identitaires aux idées jugées incompatible avec la cause des femmes.
Pour éviter les tensions, les forces de l'ordre ont fait attendre le petit groupe, composé principalement de femmes, dans une rue voisine de la place de la République, d'où s'est élancé vers 15H00 le cortège parisien hostile à leur présence, a constaté une journaliste de l'AFP.
Elles ont été autorisées à commencer à défiler vers 17H30, entourées de CRS, plusieurs centaines de mètres derrière le cortège principal. Brandissant des pancartes "Libérez-nous de l'immigration", les manifestantes, le bas du visage recouvert pour certaines de foulards de soie, scandaient notamment "violeurs français en prison, violeurs étrangers dans l'avion", ou "gauchistes, complices".
A leur passage, des passants les ont huées, d'autres leur faisant des doigts d'honneur, les traitant de "fachos". Une petite dizaine de militants antifascistes s'est ensuite placée devant leur cortège pour brandir face à elles des pancartes comme "fascistes, racistes, jamais féministes".
En janvier, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau avait salué le "combat" d'Alice Cordier, 27 ans, cofondatrice du groupuscule, disant en être "très proche", avant de rétropédaler.
Samedi, rebelote sur X, il a assuré le collectif de son soutien, sans citer son nom, accusant les organisatrices des principales manifestations prévues en France pour le 8-Mars du "pire des sectarismes" et d'user de méthodes "néototalitaires".
Pour cette journée internationale des droits des femmes, Némésis, qui se revendique féministe, avait pour mots d'ordre "la fin de l'immigration de masse", "l'application des OQTF" (obligation de quitter le territoire français) et "la mise en place de mesures efficaces contre l'insécurité".
En tête du mini-cortège, comparé aux dizaines de milliers de manifestants en France, Sarah Knafo notamment, du mouvement zemmouriste Reconquête!. "La cause des femmes françaises nous appartient autant qu'à elles", les organisatrices de la manifestation, avait soutenu l'eurodéputée auprès de l'AFP vendredi.
Des militantes des droits des femmes n'étaient pas du même avis. "Elles n'ont rien à faire dans cette manifestation", avait dénoncé Marie Moreau (pseudonyme), de l'organisation féministe Nous Toutes.
C'est un "collectif identitaire, raciste, xénophobe qui stigmatise les migrants comme étant les responsables des violences sexistes et sexuelles dans la société", a critiqué Myriam Lebkiri, de la CGT, accusant Némésis de "bordéliser (les) manifestations".
Ce groupuscule auto-baptisé "collectif" et revendiquant 300 militantes, emprunte son nom à la déesse grecque de la vengeance et lance depuis novembre 2019 des actions coups de poing, notamment dans les cortèges féministes.
Sur ses réseaux sociaux - environ 46.000 followers sur Instagram, 94.000 sur X -, l'association répertorie des affaires de violences sexuelles, insistant souvent sur la nationalité étrangère des suspects. Autre caisse de résonance: des médias comme Radio Courtoisie, CNews ou Europe 1, où intervient sa directrice, Alice Cordier (nom d'emprunt).
Pas de percée
Pour le politologue Jean-Yves Camus, ce "mouvement identitaire" suit une orientation politique opposée à la plupart des associations féministes, "de gauche et même très souvent de gauche radicale".
Mais ce spécialiste de l'extrême droite ne constate "pas de percée" du groupe. "Le noyau dur est encore moins nombreux" que les 300 militantes revendiquées, complète Magali Della Sudda, directrice de recherche au CNRS, pointant une "visibilité sur les réseaux sociaux et dans les médias inversement proportionnelle à leur capacité d'action dans la rue".
Fin septembre, à l'appel de ce mouvement, environ 500 personnes s'étaient réunies à Paris après le meurtre de Philippine, une étudiante de 19 ans. Le suspect est un Marocain de 22 ans déjà condamné pour viol, en instance d'expulsion.
L'extrême droite met en avant la part des mis en cause étrangers dans les violences sexuelles, qui s'est établie à près de 40% dans l'agglomération parisienne, selon le bilan de la délinquance 2024 de la préfecture de police. Au niveau national, selon des statistiques portant sur les violences sexuelles élucidées, 13% des mis en cause étaient de nationalité étrangère en 2023, d'après le ministère de l'Intérieur.
La mouvance identitaire omet de rappeler que les violences sexuelles sont très majoritairement commises dans un cadre familial ou amical: en France, 61% des victimes de ces actes ont déclaré connaître leur agresseur, d'après des chiffres officiels de 2022.
36ZC396