Dossier Experts-comptables
60 000 rebonds Hauts-de-France : «A chaque problème, sa solution»
Chaque année, 60 000 sociétés font faillite hors crise sanitaire, laissant certains entrepreneurs démunis. L’association "60 000 rebonds" propose un accompagnement personnel et professionnel pour préparer l’après. Témoignages dans les Hauts-de-France.
«Un entrepreneur prend des risques, c’est naturel. Parfois, il échoue et cela peut avoir des conséquences assez sévères», résume Claude Bigo, parrain depuis cinq ans au sein de l’association "60 000 rebonds" située dans les Hauts-de-France. A l’absence de revenus et un patrimoine propre engagé s’ajoutent, dans certains cas, des conflits familiaux et une détresse psychologique.
L’association propose donc à des dirigeants de PME ayant déposé le bilan un accompagnement gracieux durant deux années maximum pour passer le cap et rebondir. «Les chefs d’entreprise sont peu protégés, nous répondons à un vrai besoin», souligne le bénévole. Il s’agit également de changer le regard sur l’échec, dévalorisant en France.
130 bénévoles
Dans les Hauts-de-France, les 75 entrepreneurs suivis en moyenne chaque année et les 133 bénévoles se retrouvent régulièrement sur trois antennes : Arras, Dunkerque et Lille, avec une ouverture projetée à Valenciennes cette année. «Nous avons deux mots d’ordre : la bienveillance - nous sommes face à des personnes abîmées - et l’efficacité - nous voulons qu’elles retrouvent rapidement un emploi.»
Pour ce faire, un binôme accompagne l’entrepreneur au cours de rendez-vous individuels et en petit groupe. Un coach, un professionnel certifié, gère le côté personnel. Les aspects professionnels sont abordés par un parrain qui est chef d’entreprise ou cadre dirigeant. Des experts viennent en renfort selon les besoins.
Un dispositif particulièrement efficace pour briser le cercle infernal de l’échec. «Je n’avais plus de revenus pour acheter à manger, j’étais sans voiture. Je suis arrivée trempée (il pleuvait) pour présenter mon dossier à l’association, et je me suis dit que je ne serai même pas retenue», se souvient Hélène, évoluant dans le domaine de l’art depuis une vingtaine d’années.
60 000 entreprises font faillite
C’est un changement de local, moins bien situé, qui fragilise son entreprise jusque-là en bonne santé. Les dettes s’accumulent. «Je ne pensais plus qu’à cela. Même lors d’une vente, je n’étais plus totalement disponible pour le client, résume la chef d’entreprise. Je ressentais un tel dégoût de moi... Mon entourage me fuyait, craignant que je fasse des demandes d’argent.» Au sein de l’association, elle trouve une écoute attentive, «sans jugement», un soutien fort entre entrepreneurs en difficulté, mais aussi une aide concrète comme la réalisation des cartes de visite, des conseils juridiques par exemple. «Avec l’association, chaque problème a sa solution», conclut Hélène qui a repris son envol professionnellement : «Il ne faut pas hésiter une seconde à la contacter.»
Alors que 60 000 entreprises font faillite en moyenne chaque année, la crise sanitaire a rebattu temporairement les cartes avec une baisse de 37% en 2020. En effet, nombre de sociétés fragilisées sont soutenues par des aides temporaires. «Aujourd’hui, nous travaillons en dessous de nos capacités. Nous avons accueilli cinq à six personnes depuis le début de l’année contre une trentaine habituellement. Nous nous préparons à une remontée des demandes dans les mois qui viennent», constate Claude Bigo.
«Notre problématique est de nous faire connaître, note-t-il encore. C’est toujours l’entrepreneur qui fait le choix de nous contacter.» L’association s’appuie donc sur un réseau d’acteurs : tribunaux de commerce, mandateurs judiciaires, experts-comptables… qui ont un rôle primordial pour orienter les personnes en difficulté vers elle.
Cinq bougies
L’association Hauts-de-France fête ses cinq ans au Bazaar St-So à Lille, le 14 octobre prochain. Au programme, des conférences proposant des «regards croisés sur l’échec», entre le monde économique, les entrepreneurs en rebond ou ayant rebondi, et une anthropologue.