55 M€ pour que Lille prenne de la hauteur

La mairie et la Mel ont posé le 6 octobre la première pierre du projet Swam, qui devrait voir le jour en 2018. Un vaste ensemble de bureaux, de commerces, un hôtel-restaurant, qui fera face à Euralille, et qui devrait devenir le trait d’union entre le centre-ville et le quartier d’affaires.

Pour l’instant broussailleux terrain vague dissimulé par des palissades, la parcelle située en face d’Euralille, le long de l’avenue Le Corbusier, entre la Maison européenne des sciences humaines et la passerelle vers la gare Lille-Europe, devrait bientôt être l’épicentre d’une nouvelle vie lilloise. Des travaux imminents, coup d’envoi de l’ambitieux programme Euralille3000, «le plus grand projet urbain en France après Lyon Part-Dieu» selon le président de la Mel. Un projet qui prévoit, sur 25 ans, une densification du quartier d’affaires lillois, premier centre d’affaires au nord de Paris et troisième en France, qui fête ses vingt-cinq ans. Étendu sur 600 000 m², dont 300 000 m² de bureaux, abritant 12 000 emplois et 3 000 habitants, il devrait voir sa surface largement augmenter dans les prochaines années, promet la Mel.

«Aujourd’hui, nous ne posons pas uniquement la première pierre de Swam, mais celle d’Euralille3000, a souligné Damien Castelain, le président de la Mel, lors d’une conférence de presse. À terme, c’est 140 000 m² de bureaux supplémentaires, 7 000 emplois et 2 500 habitants en plus qui devraient trouver leur place à Euralille. Le projet Swam donne le coup d’envoi de la transformation de l’environnement et du cadre de vie à Lille, avec une nouvelle articulation entre les anciens et les nouveaux quartiers, et la métamorphose annoncée d’Euralille et d’EuroFlandres. Bientôt, seront également lancés les travaux du projet Ekla et ses 14 000 m² de bureaux, et le projet sur la parcelle 10.6 (derrière Euralille et le casino, ndlr), qui abritera 30 000 m² de bureaux. Autant de nouveaux bâtiments qui vont venir se conjuguer, avec le temps, au ‘Metropolitan Square’, le nouveau siège de la Mel, et le futur palais de justice, qui, à terme, donneront son nouveau visage à Euralille.» 

Vues inédites sur Lille. Plusieurs fois retardé depuis l’attribution du marché à Nacarat et Mama Shelter en 2013, Swam sera donc, malgré tout, le premier-né des différents projets prévus sur Euralille. Les travaux devraient commencer dès à présent, pour une livraison prévue fin 2018. Les métropolitains pourront alors découvrir les espaces qui, sur près de 12 000 m², dérouleront 2 000 m² de surface commerciale, 3 400 m² de bureaux, ainsi qu’un bar, un restaurant gastronomique, à la carte signée par Guy Savoye, et un hôtel Mama Shelter, dont la haute silhouette s’inscrira désormais dans la skyline lilloise. Le projet, qui coûtera en tout 55 M€, a été dessiné par l’agence de Alzua+ et est porté par le promoteur Nacarat. Le futur complexe épousera les contours de l’ancienne forteresse Vauban et surplombera le parc Henri-Matisse. Il proposera plusieurs niveaux de promenade et de terrasses pour offrir un point de vue neuf sur Lille, notamment depuis un restaurant panoramique et un roof top, ces bars en terrasse élevée que tout le monde s’arrache mais dont Lille n’est pas encore dotée. «Nous voulons proposer aux Lillois, aux métropolitains et aux touristes un nouveau lieu emblématique, qui leur permettra de prendre de la hauteur et de profiter de vues inédites sur Lille, explique Nacarat. Euralille a besoin de devenir un quartier plus vivant, et le Mama Shelter, première âme de ce projet, entouré de commerces et de restaurants, viendra proposer une offre nouvelle dans la Métropole. Une offre complémentaire, et non pas concurrente, du centre commercial existant.»

Euralille, nouveau quartier nocturne ? Avec le projet Swam, c’est en effet une nouvelle façon de vivre le quartier d’Euralille qui est promise aux Lillois. La présence de bars et de restaurants devrait permettre aux habitants de la Métropole de s’approprier le quartier, aujourd’hui déserté le soir, de jour comme de nuit. Locomotive du projet, l’hôtel Mama Shelter doit y ouvrir sur 4 700 m², qui comprendront 112 chambres, 5 salles de réunion, un bar-restaurant au niveau de la promenade et un bar panoramique au 8e étage. La chaîne d’hôtels branchés, qui compte déjà quatre établissements en France, un à Los Angeles et un autre à Rio de Janeiro, promet d’assurer l’animation dans ce quartier, pourtant à l’écart des hauts lieux de la vie nocturne lilloise.

«Un Mama Shelter, c’est un lieu de vie avant d’être un hôtel, assure Serge Trigano, le fondateur de la chaîne. Je dis d’ailleurs souvent que c’est un bar avec des chambres au-dessus. On se pose dans des villes qu’on aime, et la raison pour laquelle ça a marché partout où l’on s’est installé, c’est que ce sont des lieux qui sont destinés aux habitants avant d’être là pour les touristes. Les habitants se les approprient, viennent y faire la fête. En plus, l’hôtel donnera sur le parc : nous qui avons souvent des problèmes avec les voisins qui trouvent que l’on fait trop de bruit, à Lille nous n’aurons pas de problèmes de voisinage ! Il y aura d’ailleurs une scène, avec des concerts, des DJ sets, et un rooftop, unique à Lille. Un Mama Shelter, ce n’est pas un lieu luxueux, mais un lieu populaire, où l’on peut aussi bien manger une pizza qu’un repas plus gastronomique. On nous a dit que Lille était une ville trop petite pour nous, mais je ne suis pas du tout inquiet sur le risque que l’on prend.»

Une preuve de confiance dans le dynamisme de la capitale des Flandres, attractive aussi bien pour les entreprises que pour les touristes, assurent la Ville et la Mel, qui ont vu les limites de l’offre hôtelière lilloise lors de l’Euro 2016 où, certains soirs, les hôtels étaient complets jusqu’en Belgique et jusqu’à Douai. «La Métropole a vocation à accueillir toujours davantage de grands événements sportifs et culturels, mais aussi des congrès. Ce qui implique d’être en mesure de proposer un accueil touristique de qualité“, a souligné Damien Castelain.