52 mesures pour vivre à + 4 degrés C

Pour s'adapter à l'augmentation de la température, il faudra tout changer ! Le ministère de l'Environnement a présenté un plan de 52 mesures très éclectiques qui concernent notamment les collectivités et PME. La question du financement reste posée.

(c) Adobe Stock
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Il ne s'agit plus d'éviter, mais de prendre acte et de s'adapter. Le 10 mars, Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique a rendu public un troisième « Plan national d'adaptation au changement climatique ». Doté d'une cinquantaine de mesures, il vise à préparer le territoire, les organisations et la société- sous toutes ses facettes- afin qu'ils soient en mesure d'affronter une température qui aura augmenté de 4 degrés C d'ici 2100 et déjà, de 2,7 degrés, d'ici 2050. A cette date par exemple, 50% des forêts seront soumises au risque incendie, contre 30% en 2024. Mais les effets écologiques du réchauffement climatique en France sont déjà désastreux. L'érosion côtière concerne 20 % des littoraux, soit 5 000 km de côtes. Entre fin 2023 et début 2024, dans les seuls Hauts-de-France, 313 communes ont été déclarées en état de catastrophe naturelle...

Les conséquences sont aussi économiques. La France pourrait perdre jusqu’à 10 % de son PIB au cours des 50 prochaines années, si la température mondiale augmente de +2°C, selon le ministère. Le coût des sinistres climatiques pourrait doubler au cours des 30 prochaines années, atteignant 143 milliards d’euros cumulés sur la période 2020-2050. Visant à répondre à ce phénomène qui impacte tous les aspects de la société et du territoire, le plan est composé de mesures très éclectiques. Cela va du renforcement des protections pour les travailleurs exposés aux canicules à l'évolution des règles de rénovation des logements, en passant par une protection de sites patrimoniaux comme la Tour Eiffel. Dans ses modalités, le plan suit une logique de territorialisation des actions. Une « mission adaptation » accompagnera une centaine d’ intercommunalités dans leur démarche. Un « référent adaptation » sera nommé dans chaque préfecture. Un guichet unique d'ingénierie de l'adaptation sera mis à disposition des collectivités locales.

Tableau de bord climatique pour les PME

Parmi les objectifs du plan figure le fait d' « assurer la résilience économique et la souveraineté alimentaire, économique et énergétique » du pays. Tout un volet de mesures concerne les acteurs du monde économique. Nombre de ces mesures visent à accompagner la nécessaire transition des entreprises, PME comprises. Par exemple, dès la fin de l'année, chaque dirigeant d'entreprise accédera à des outils et des analyses concernant les risques d’aléas climatiques (précipitations, tempêtes...) qui concernent sa société, via son « Espace dirigeant », espace numérique de la Banque de France dédié aux entreprises. En fonction de la situation, il pourra être dirigé vers une structure adéquate, afin d'élaborer un plan d'action. Le plan du gouvernement entend aussi s'appuyer sur les filières. Leur implication devrait permettre la réalisation de guides d'évaluation des risques sur les sites physiques ( glissements de terrain, inondations...) et de proposition de solutions d’adaptation.

Reste à savoir quels seront les moyens disponibles pour la réalisation de ce plan, qui ne comporte pas de mesures contraignantes. Sur le plan financier, il en prévoit plusieurs comme le renforcement du fonds Barnier, créé en 1995 pour aider les collectivités, petites entreprises et particuliers à financer les travaux nécessaires pour réduire leur vulnérabilité aux catastrophes naturelles, porté à 300 millions d'euros (+75 millions par rapport à 2024). Et 260 millions d'euros issus du Fonds vert pour la transition des territoires seront fléchés vers l'adaptation au changement climatique. Mais plusieurs objectifs fixés par le plan, comme la couverture de la totalité du territoire avec le service Vigicrues à horizon 2030, ne disposent pas, pour l'instant, de budget alloué. « Il faut mettre beaucoup plus d'argent que ce qui est prévu, il faudrait un mur d'investissement », a commenté sur Franceinfo Nicolas Richard, vice-président de France Nature Environnement.