50 M€ d’investissement et un centre de recherche mondial

 

Placé en redressement judiciaire en mars par le tribunal de commerce de Valenciennes, le groupe Valdunes GHH et ses deux sites de Trith-Saint-Léger et Leffrinckoucke sont rachetés par le Chinois MA Steel qui reprend les 487 salariés. Valdunes avait investi 5 M€ en 2011, 2012 et 2013. Son CA était de 86 M€, mais sa chute s’accélérait ces derniers mois : -20%. Sa filiale belge de Seraing-Liège, Valdunes Belux SA, n’a pas non plus réussi la percée espérée sur le marché allemand faute d’investissements conséquents du propriétaire, un fonds de pensions. Bref, il fallait réagir et vite. Valdunes c’est la Rolls-Royce de la roue, produisant aussi des axes essieux montés et des triangles de freins. Son export se fait dans 70 pays, basé sur une qualité sans égale et une grande réactivité dans la maintenance.

 Place aujourd’hui donc à MG Valdunes, qui va bénéficier de plusieurs apports d’importance. D’abord une première injection de 50 M€ jusque fin 2015 et une augmentation très significative de la production de roues, en particulier pour les charges lourdes nécessaires au marché d’Amérique latine. MA Steel hérite des débouchés internationaux de Valdunes tout en ouvrant celui du TGV chinois. Valdunes est en effet un pionnier en la matière, c’est avec ses roues que le record mondial de vitesse a été battu : 574, 8 km/h. Le repreneur chinois cantonné aux trains classiques voit son horizon s’élargir vers la grande vitesse. Il est déjà leader dans la production de roues, réalisant un CA de 9 Mds€ en 2012, sidérurgiste coté en Bourse comme quatre autres en Chine, disposant de 41 220 salariés. MG Valdunes, toujours dirigé par Jérôme Duchange, et MA Steel Europe produisent 10 000 roues sur une capacité de production totale estimée à 700 000 par an. Il y a donc de la marge et l’investisseur chinois, non content de placer la barre de production assez haut d’entrée de jeu, veut aussi travailler l’ingénierie en créant un grand centre de recherche de taille mondiale dans le Nord.

Survenant au moment où l’autre équipementier ferroviaire régional, Alstom, semble enfin connaître son nouveau patron, cette reprise relance ce que beaucoup d’élus souhaitaient, l’activation et le renforcement d’une vraie filière ferroviaire de taille européenne, compétitive, entraînant la montée en puissance des nombreuses PME régionales n’ayant hélas pas la taille d’ETI concurrentielles avec l’Allemagne. Un comité régional du ferroviaire vient d’être créé par le préfet de région pour réfléchir à cette filière. Faute jusque-là de restructuration significative de ladite filière, la commande d’Alstom et de Bombardier passe à l’Est, mettant en péril les sous-traitants régionaux, alors que Valenciennes est Pôle européen du rail avec, notamment, l’installation récente de l’institut de recherche technologique Railenium…